FDJ 214 : Mikio Naruse
Kimi no wakarete [Après notre séparation], 1933
Sumiko Mizukubo, Akio Isono, Mitsuko Yoshikawa
Sittings Ducks
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23 juin 2022. En moins de vingt-quatre heures, cet aréopage de croque-morts réactionnaires nommés à vie a décrété la victoire des Pro-Life sur les Pro-Choice et sanctifié les délires maniaques des fétichistes des armes à feu, pour tous et sans restrictions. Un bel été s'annonce pour les Américains, décidément.
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Bologne 2022
Bologne. La trente-sixième édition de Il Cinema Ritrovato* ouvrira ses portes demain midi.
[* Le festival qui s'adresse à tous ceux pour qui aller au cinéma
est encore et toujours une belle aventure.]
Vous saurez tout et le reste en zyeutant ICI
Pas de Code à Stockholm
Superbe affiche suédoise de Bolero (Wesley Ruggles et Mitchell Leisen, 1934),
signée Moje Aslund.
La filiale locale de Paramount se foutait visiblement du Code.
Lectures pour tous : Roberto Bolaño
« Ensemble, montés sur la Benelli qu’à l’époque j’avais fini par maîtriser, nous essayâmes de visiter tous les bains de Mexico, guidés par une ardeur absolue qui était un mélange d’amour et de jeu. Jamais nous n’y parvînmes. Bien au contraire, à mesure que nous avancions s’ouvrait autour de nous l’abîme, la grande scénographie noire des bains publics. De même que le visage caché d’autres villes réside dans les théâtres, les parcs, les quais, les plages, les labyrinthes, les églises, les bordels, les bars, les cinémas bon marché, les immeubles anciens et même les supermarchés, le visage caché de Mexico se trouvait dans son immense réseau de bains publics, légaux, semi-légaux et clandestins. » Roberto Bolaño, L’esprit de la science-fiction, 1984, l’Olivier/Points [2020], traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu.
Claude Diouri
L'homme du Styx, de l'Actor's Studio, de toutes les bagarres
pour le cinéma indépendant et
contre les paresseux bureaucrates de la culture, est mort.
Il fut notre ami et notre voisin.
Salut, Claude.
Coquelicots en Somme
« À l’improviste le mois de juin s’étala dans le temps, comme un champ de coquelicots », écrivait Neruda. Le poète chilien n’avait pas prévu le massacre dû au dérèglement du temps et aux assauts du glysophate meurtrier. Pour les champs de coquelicots, on peut toujours courir. Restent les bords de fossés et quelques jardins abrités. Pour ces images, merci aux amis Sylvaine et Jean-Pierre [El Garcia, dont hier encore c'était l'anniversaire], dans la Somme.
Scarface censuré par les nazis
Les nazis, dit-on, supportaient mal la violence des personnages de Hawks
The Hollywood Reporter, 27/11/1934 ~ Merci à Tom Samuels
Nicolas, chien d'expérience [Queneau, Kosma, Gréco]
"Poème de Raymond Queneau et musique de Joseph Kosma. Acre morale de la fable de Queneau qui affirme la communauté de destin entre les humains et ce chien supplicié en laboratoire (dont il était parvenu à s'enfuir, selon un fait-divers de l'époque). Enregistrement live radio le 12/04/1953 dans l'émission ''La Joie de vivre'' diffusée un mois plus tard. Chanson éditée en 2003 dans l'intégrale "L'Éternel Féminin'' de Juliette Gréco (volume 20, inédits INA)." Merci à Richard Deux-Quarante, de YouTube. Et aussi à Eric Dussert, pour sa recension de Queneau et ses vies de chien, de Dominique Charnay, éditions des Grands Champs [Le matricule des anges, mai 2022]
Nicolas, tu as fui de l'hôpital
On t'a dit qu't'avais pas mal
Tu n'étais qu'un animal
Nicolas, tu n'savais pas
Nicolas, on a dit qu't'étais phtisique
Lépreux, Coréen, colérique
Tu étais énigmatique
Nicolas, on n'savait pas
Nicolas, tout le monde t'a fait la chasse
On t'a r'trouvé rue de Bellechasse
Où il fallait pas qu'tu allasses
Nicolas, tu n'savais pas
Nicolas, tu avais un rein dans le cou
Une aorte avec des trous
Des coupures un peu partout
Nicolas, tu n'savais pas
Nicolas, tu étais vraiment un homme
C'est ainsi que tous nous sommes
Le pancréas dans la gomme
L'estomac dedans le rhum
Un peu de cerveau dans le cœur
Le poumon au bout des doigts
L'intestin au bout du nez
Une oreille dans le foie
C'est ainsi que tous nous sommes
Nicolas, des comme toi
On le sait pas.
L'auteur inconnu et le sénateur centriste
Examen subversif
M. Francis Palmero (sénateur UCDP, Alpes-Maritimes) a contesté, hier, le choix « d’un texte subversif d’un auteur inconnu », proposé aux 340 candidats d’un Brevet d’études professionnelles de micro-mécanique. Ce sujet d’examen, a expliqué M. Palmero, était un texte de Raoul Vaneigem sur « ceux qu’on assassine lentement dans les chambres de torture mécanisées du travail ». M. Jacques Pelletier, secrétaire d’État à l’Éducation, lui a indiqué que ce sujet d’examen ne lui paraissait pas avoir été choisi « dans une intention provocatrice, mais par inadvertance » et a ajouté que le regroupement du service des examens des trois académies de la région parisienne devrait exclure le renouvellement de pareils faits. En espérant, probablement, un retour aux « après-midi familiales à la campagne », lesquelles ne sont que rarement subversives. [Ouest-France, 22/04/1978. Mille mercis à Léa © archives Glaz]
On aura reconnu un extrait [modifié] du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (« Déchéance du travail », p.51), Gallimard, 1967. « Ceux qu'on assassine lentement dans les abattoirs mécanisés du travail, les voici qui discutent, chantent, boivent, dansent, baisent, tiennent la rue, prennent les armes, inventent une poésie nouvelle. » Vous parlez d’un auteur inconnu !
Le temps béni du "Pre-Code"
Un photogramme de Ready for Love ("Prête à l'amour") de Marion Gering (1934).
Sous les sangles, une jeune actrice anglaise nommé Ida Lupino.
A peine dix-sept ans lors du tournage.
En outre, la sortie du film dut être différée de quelques mois, Lupino ayant chopé la polio.
Mais que font toutes ces rombières visiblement peu sympathiques ?
Et que fait M. Hays, bondiou ?
[ci-dessous : Lupino, publicité pour le même film]
Le corps, c'est la réalité / L'esprit, c'est le corps
« Si vous êtes assis dans la même pièce que votre chien, vous êtes dans le même espace mais dans une réalité différente. Votre réalité est créée par la vue, l’ouïe, l’odorat, etc., mais votre animal de compagnie voit différemment, sent autrement, il ne saisit pas les choses de la même manière que vous. Les araignées vivent dans le même monde que le nôtre, mais leur perception de la réalité n’a rien à voir avec ce que nous éprouvons. Donc, ce qui est vrai pour nous, ce qui existe, c’est la projection de notre corps, ni plus ni moins. » David Cronenberg, propos recueillis par Baptiste Roux (« Mes films sont des invitations à partager mon voyage »), Positif n°736, juin 2022.
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Kristen Stewart, Léa Seydoux, Crimes of the Future, 2022
A Strange Loop
Les électeurs (de la 75e édition des Tony Awards) en ont décidé ainsi.
A Strange Loop, de Michael R. Jackson,
mis en en scène par Stephen Brackett et chorégraphié par Raja Feather Kelly,
s'est vu décerner hier soir le Tony du meilleur musical.
"A big, black and queer-ass American Broadway show."
Clovis Trouille, par Alain Joguet
Voici le documentaire sur (et avec) le peintre « anarcho-surréaliste » Clovis Trouille (1971, version longue 22') d’Alain Joguet, produit par le Service de la recherche de l’ORTF. [Merci JiPé]
« A travers souvenirs et réflexions, Clovis Trouille évoque quelques-unes de ses œuvres maîtresses et aborde ainsi les grands thèmes qui traversent toute sa peinture: l’horreur de la guerre (cette "infamie" qui le traumatisa à jamais en 14-18), la dérision des honneurs et de la patrie, l’anticléricalisme forcené ("les curés vivent grassement en accaparant les richesses artistiques"), le culte de l’érotisme et de la beauté du corps féminin qui sont la vie même, la fascination mortuaire (dérisoire quand il peint son propre enterrement et son propre caveau, ou tragique quand il évoque dans une toile la mort de sa petite fille à l’âge de treize ans). Le peintre parle aussi de ses débuts dans le maquillage des mannequins de vitrine, de la magie surprenante des collages, des merveilles de la photographie, de ses rencontres avec les membres du groupe surréaliste que ses premiers tableaux étonnèrent. S’il reconnaît qu’André Breton est un des grands poètes du siècle, Clovis Trouille n’en déclare pas moins que les surréalistes sont "des faux révolutionnaires petits-bourgeois, des pseudo-poèetes qui exploitent l’imbécilité de leurs contemporains". À 83 ans, Clovis Trouille tient avant tout à rester un peintre libre; il continue à rêver à l’Eldorado – "ce pays où toutes les femmes sont belles, où il n’y a pas de curés ni de service militaire... où l’on peut vivre heureux". »`
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