Wes Anderson / Roald Dahl
Sur invitation de la maison Netflix,
Wes Anderson signe quatre adaptations (courtes) de Roald Dahl. Fichtre.
The Wonderful Story of Henry Sugar,
The Swan,
The Rat Catcher,
Poison.
Nantes (car il y en a deux), par Jacques Réda
[Il y a presque douze ans, Didier (de Bruxelles) me faisait parvenir ce texte magnifique de Réda. Je le repose ici. Dégustons.]
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Nantes (car il y en a deux)
Trop longtemps j'ai tardé à visiter la ville de Nantes. Pour être précis, 777 mois depuis le jour de ma naissance, et ce chiffre d'allure apocalyptique ne laisse pas de m'impressionner. Il introduit de l'ésotérisme où j'en soupçonnais peu. Pour la plupart des gens de mon âge (à présent, donc, 904 mois), Nantes a d'abord été La Mecque de cette religion: le petit-beurre, et spécialement le petit-beurre LU. On n'ignorait pas tout à fait que cette marque, bien propre à fasciner les précoces lecteurs de majuscules que sont beaucoup d'enfants, n'était autre que le monogramme de deux grandes familles coalisées pour la cause du biscuit. LU s'imposait comme le diminutif du fils unique (au lieu de grandir, prodige, il se multipliait) engendré par l'union d'une Mlle Lefèvre et d'un M. Utile (ou le contraire, peut-être). LU ne pouvait que devenir ainsi l'ami préféré, dans ce domaine d'importance, de tous les Jojo, Toto, Coco, Dédé, Lili, Mimi, Lolo et autres innombrables Lulu qui ont assuré sa fortune et celle de l'industrie alimentaire nantaise du même coup. Par gourmandise, on entamait d'abord les quatre coins légèrement saillants, plus grillés et savoureux encore du petit-beurre. On appelait cela "croquer l'oreille à LU". Peut-être, dans cette innocente volupté, passait-il quelque chose du plaisir qu'avait éprouvé M. Lefèvre en mâchant le lobe de Mlle Utile (ou l'inverse).
Pour revenir au cœur du sujet, c'est-à-dire la ville de Nantes, je veux me défendre d'une accusation possible d'indifférence ou, pire, d'hostilité. C'est bien parce que j'ai rêvé d'elle autant qu'à des ports encore plus célèbres où je n'étais pas allé non plus, et où je n'irai jamais sans doute (Valparaiso, Hong-Kong, New-York, Constantinople), que l'effort de m'y rendre m'a paru longtemps superflu. Nourrissant ma représentation au hasard des lectures, des albums touristiques dont il faut, au jugé, compenser les lacunes, replacer les images de détail (d'échelles variables et souvent décevantes ou trop flatteuses) dans un ensemble de proportions et de climats cohérents, j'avais fini par édifier une ville assez précise, par endroits aussi assez floue pour que cette élaboration me parût ressembler à un souvenir. Mais précision et exactitude sont des notions un peu distinctes, si bien que sur le motif je n'ai presque rien reconnu. Durant ce séjour de trente-deux heures bien sûr insuffisantes (où j'inclus les heures de sommeil qui, loin d'être passives, mettent le visiteur en état d'osmose inconsciente mais profonde avec le milieu), une désorientation complète, surprenante de ma part (je me repère d'habitude très vite, avec une grande sûreté), m'entretint dans le malaise de ne jamais comprendre sur quelle rive au juste je me trouvais ni dans quel sens coulait le fleuve. Je l'avais d'ailleurs conçu plus large et plus majestueux, comme le veut le mot estuaire qui lui-même s'évase, s'ouvre par son hiatus intérieur vers l'infini. Sur le caractère portuaire de Nantes, je suis revenu de toutes mes illusions. Autre chose: j'avais situé en hauteur, chacune sur un escarpement abrupt et se faisant face de part et d'autre de la Loire, deux des principales curiosités: le Jardin des Plantes et le Château. Cette façon de voir continue de me paraître excellente, très supérieure à la réalité. Le jardin s'étend en effet platement à côté de la gare et, non loin de lui, sur la même rive, le château, parce qu'on a comblé toute une partie du fleuve, gît en contrebas d'un boulevard qui l'en sépare, comme s'il était au rebut. Le long de cette plate-forme circulent des tramways, mode de transport urbain qui fait honneur aux municipalités qui le choisissent, et confère aux villes qu'il dessert une touche particulière de charme et de confort. Mieux vaudrait pourtant que ceux de Nantes arborent comme autrefois le jaune et le rouge universellement recommandables pour les tramways. Je ne dis pas que d'autres teintes ne conviennent jamais. Mais c'est une question de ton des plus délicates (un vert épinard peut s'imposer dans certains cas) et que ne résout pas l'adoption systématique d'un gris métallisé frigide qui prive la machine d'un de ses pouvoirs d'émotion.
Comme on l'imagine, j'ai plus d'une fois descendu ou grimpé les marches du fameux passage Pommeraye. Je le voyais plus obscur. Peut-être l'était-il quand André Breton le découvrit. Trop de lumières nuisent à la magie, et celles qui le saturent à présent, qui font étinceler ses ors, ses stucs, ses glaces et ses marbres, le restituent à des origines plus Offenbach ou Meyerbeer que prématurément surréalistes. Comme ses homologues parisiens souvent moins fastueux, il se laisse coloniser par un négoce d'artisanat industriel clinquant et que menace le raz de marée universel de la fringue, avec ses déferlantes soyeuses et versicolores de sous-vêtements féminins. On y cherche les derniers témoins de l'activité spécifiques des passages, vouée à une sorte d'éternelle persistance sur le déclin: cannes, pipes, médailles, timbres, bouquins, gravures, dentelles, parfois de tristes "farces et attrapes" ou de vieux bonbons. Puis de ces vitrines à l'abandon où quelques pièces – diplômes évasifs, affiches jaunies, bibelots poussiéreux – évoquent des commerces mal définissables qui ont périclité mais se maintiennent au seuil du coma: mutuelle sans adhérents, agences d'assurances ou de voyages sans clientèle. Ces anachroniques disparaissent et tout un magnétisme se perd. Dans le passage Pommeraye remis à neuf où se bousculent les vagues de la vie, j'ai dû réinventer ce qu'il fut quand (de même que le petit-beurre né du mariage Lefèvre-Utile) une première étincelle surréaliste y jaillit de la rencontre, dans la pénombre, d'un de ses lampadophores impubères, un peu mièvres mais gracieux, et du mannequin sans bras ni tête d'une marchande de corsets.
Je l'avoue: au coruscant décor d'opérette du passage, j'ai préféré la sérénité quasi conventuelle du cours Cambronne entre ses maisons coites où semblent n'habiter que de vieilles demoiselles de roman. On y écoute un brouillard doré froisser à l'aube les feuilles d'octobre; le soir, de lourds voilages flotter aux fenêtres des façades sans portes. La cathédrale contient le tombeau d'un autre général nantais: Christophe, Louis, Léon Jachault de la Moricière, vainqueur d'Abd El-Kader dans le moment où le passage Pommeraye s'ouvrait. Par la suite, commandant en chef de l'armée pontificale, Lamoricière n'a pas que ces titres de gloire à son actif. C'est lui qui mit au point un ingénieux système d'évacuation rapide pour le pantalon des zouaves, que transformait en outre étanche et ralentisseuse de la marche le franchissement à gué des oueds. L'inscription latine du monument ne porte pas mention de cette trouvaille (restée connue sous le nom de "trou de Lamoricière") qui soulagea l'effort du combattant. (Où sont les zouaves ? Ils avaient déjà perdu leur pantalon lorsqu'à Nantes, ou presque – à Saint-Nazaire – débarquèrent les premiers contingents de l'armée américaine en 1917, et parmi eux sans doute un caporal pianiste-artilleur qui célébra les échos du printemps, les eaux murmurantes, et rivalisa avec ce général pour le nombre et la magnificence des prénoms).*
Mes autres souvenirs de Nantes, bien à regret (car mes amitiés les éclairent), j'en écarte une partie à cause d'une limitation que j'enfreindrais avec une nouvelle page. Une autre partie a déjà fui, comme si ma mémoire disposait elle aussi d'une sorte de trou Lamoricière, où le trop-plein des impressions s'échapperait aussitôt. Ainsi puis-je allégé courir au devant des nouvelles, ou me reposer sur la constance de mes fabulations. Pour moi le château de François II se dresse donc toujours au sommet de son promontoire, face au Jardin des Plantes où règne un séquoia géant. Entre eux, dans un sens ou dans l'autre, glisse ce flot qui, un peu plus loin, oublie qu'il a traversé Roanne, Nevers, Gien, Orléans, Blois, Tours, Saumur, Nantes même et
Dans l'océan sans mémoire
Va se perdre corps et biens
Malgré ce doux nom de Loire
Qui dans nos cœurs le retient.
Jacques Réda, Europes, Fata Morgana, 2005.
* Il s'agit de William Henry Joseph Bonaparte Bertholoff dit Willie « The Lion » Smith (1897-1973).
Il ne faut pas avoir peur des suçons
« Avoir des punaises de lit chez soi, ce n’est pas grave en soi, car on s’en sort bien si c’est pris à temps. C’est surtout l’aspect psychologique qui est important. Avoir des insectes dans son lit qui vont vous sucer le sang, ça fait peur. Mais sinon, les punaises de lit ne transmettent pas d’agents pathogènes. » Professeur Jean-Michel Berenger, 29/9/2023
La chasse au cendrier est ouverte
Un grand merci à Iza Zi [même si l'on ne se connaît pas].
Double ban pour "La fiancée du poète"
Nous apprenons à l’instant qu’à Toulouse, où vient de s’achever le 12e festival du film grolandais, les membres du jury (qu’on appelle ici le CON-sulat), en l'espèce Noël Godin, Nine Antico et Patrick Bouchitey, ont décerné leur Amphore d’or au film de Yolande Moreau, La fiancée du poète.
Et puisqu’il n’est de festival sans prix du public... Sachez que le bon peuple grolandais a voté en masse pour Yolande Moreau, qui reçoit donc l’Amphore du peuple.
Magnifique, isn't she ?
Georgette, photographiée par René, 1922
Georgette, croquée par René, 1934
Breillat / Joudet
[« Vingt ans, de Léo Ferré, ne vient pas expliciter trop de choses (dans L’été dernier) ? »]
« Non, on n’est jamais trop explicite avec le néo-maccarthysme ambiant. Ça ferme la bouche à ceux qui diront: "Oui mais il est jeune, elle n’aurait jamais dû céder, elle est coupable !" Saïd [le producteur du film] suggérait que je mette de la musique afin de rendre Léa [Drucker] moins dure. Mais je ne mets jamais de musique, j’appelle ça de la sauce. Quand je tourne, je suis tellement scotchée derrière mon combo, je veux que l’image soit tellement dense qu’elle frôle l’implosion – autrement c’est de la merde. [...] Par contre, depuis Lost Highway, j’utlise souvent des infrabasses. La chanson de Ferré, c’est de Léa et de nous tous que ça parle: "Avec les ans tout est foutu, et en cherchant son cœur d’enfant, on dit qu’on a toujours vingt ans..." Samuel [Kircher], lui, vit sa première et magnifique histoire d’amour. Bien sûr qu’il sera brisé, mais il s’en remettra. Ce n’est pas très grave et le premier amour de ce garçon ne dure pas cent ans. C’est comme Delphine [Zentout] dans 36 fillette, elle rit au nez du spectateur. »
Extrait d’un dialogue délicieusement roboratif entre une critique qui en connaît un rayon, et la meilleure cinéaste/scénariste française de l’après-Pialat/Lynch – dont les personnes de goût se réjouissent d’avoir enfin des nouvelles fraîches. (Son dernier film en date et le premier depuis dix ans, L’été dernier, est sorti mercredi.)
Je ne crois qu’en moi est le fruit, dit Murielle Joudet, « d’une trentaine d’heures d’entretiens avec Catherine Breillat. Parfois je me dis que j’aurais dû faire un livre de cinq cents pages, que ce n’est pas suffisant comme place pour elle, deux cent trente petites pages. » C’est vrai, on regrette que l’éditeur n’ait pas voulu desserrer un peu plus largement les cordons de la bourse. Voilà en tout cas un livre, formidable, qui fera date.
Cela dit, une hypothèse: peut-on dire que les livres de cinéma les plus excitants, aujourd’hui, sont constitués d’entretiens au long cours, tel ce Breillat/Joudet... ou des livres d’historiens ?
[Dans la brûlante actualité de l’automne, je pense par exemple à L’affaire Bernard Natan, Les années sombres du cinéma français, de Dominique Missika, Denoël, et à Menjant Garotes (En mangeant des oursins) de Luis Bunuel, de Jordi Xifra, Yellow Now, « Côté Films » ...]
Non ?
Lectures pour tous : Jacques Bauchot
« J’avais la pétoche d’aller en Afrique, j’avais toujours eu une sorte d’aversion pour ce continent, la peur des insectes, des maladies, et je devais y aller sans vaccin et je savais que l’anagramme d’insecte était inceste. Ça ne changeait rien, la piqûre de la mère et celle de la mouche tsé-tsé faisaient des dégâts mortels. J’ai bu le whisky en marchant, me remémorant la liste mortelle: moustiques divers, anophèles plus particulièrement, scorpions, blattes grosses comme des côtes de bœuf... Le paludisme, la tuberculose, la polio, la maladie du sommeil – parasitose à transmission vectorielle. La bilharziose, et puis la diphtérie, la fièvre Q, la peste pulmonaire, les fièvres hémorragiques, l’aspergillose, une bonne grippe, une salmonellose banale, la giardiase, l’ascaridiose, la shigellose, la trichinose, la dracunculose, la... j’en oubliais plus de vingt, sans parler des maladies sexuelles, des serpents, zébus et compagnie. C’était simple: pas se laver, pas manger, porter une moustiquaire... » La fête des mères, Jacques Bauchot, Carnets Nord 2015 [Richard Morgiève, Joëlle Losfeld Éditions 2023].
« Amoureux des contours de son corsage »
Qu’est devenue depuis
La Madelon jolie
Des années seize
A-t-elle toujours les yeux
Étonnés d’être si bleus
La taille à l'aise
A-t-elle toujours ce geste
De la main un peu leste
Pour dire sois sage
À ses amis d’un jour
Amoureux des contours
De son corsage.
Dans quel village est-elle
Loin de sa clientèle
Dans quelle contrée ?
Sous le ciel de quelle ville
Vit-elle encore agile
Ou retirée ?
Est-elle passée près d’moi
Dans la rue quelques fois
Mon cœur en tremble
A-t-elle dans sa famille
Qui sait ? Une jolie fille
Qui lui ressemble ?
En voyant hier soir au ciné
Une histoire de ce temps suranné
Je m’disais qu’à notre âge atomique
Il est triste qu’cette époque d’vienne comique
Et j’allais au hasard dans les rues
Retrouvant des images disparues
D’mon enfance d’la jeunesse de mon père
De ma mère et aussi de la guerre.
Ils sont restés fidèles
Comme au temps où près d’elle
Ils venaient boire
À la santé d’la France
À l’oubli d’la souffrance
À la victoire
Vision de ces images
Qui furent celles d’un bel âge
Et qui s’effacent
Le feu sur un toit d’chaume
Et l’empereur Guillaume
Comme le temps passe.
Hotties Reading 799
Le tsundoku (積ん読?), ou « syndrome de la pile à lire », est le fait d’accumuler, sous forme de piles, des livres qui ne sont jamais lus. Le terme vient de l'argot japonais de l'ère Meiji (1868-1912). Il s'agit d'un mot-valise, issu de 積んでおく (tsunde-oku, qui désigne les empilements de choses mises de côté pour une utilisation ultérieure) et de 読書 (dokusho, lecture). Il est également utilisé pour désigner les livres prêts à être lus alors qu'ils sont sur une étagère. [Wikipédia]
Les yeux de la momie
« La version restaurée de Die Augen der Mumie Ma [Les yeux de la momie, 1918], fantaisie égyptienne de Lubitsch, devait être montrée à la Berlinale 2024. Présentation annulée au motif que le personnage de Radu, interprété par Emil Jannings en blackface (ou plutôt en brownface), risque de choquer certaines sensibilités. » [Jean-Loup Bourget, Positif 751, septembre 2023]
Le livre du mois d'octobre
Jument violette
Jument caressée par le premier rayon violet, au lever du soleil. Canton d'Allaire, 9 septembre.
Cinéma (musique, littérature...) et questions identitaires
« On ne compte plus, depuis le début de l’été – et ça ne s’arrête pas –, une tendance à parasiter les œuvres d’art, à les "sociologiser", à les instrumentaliser, à en faire des débats sociétaux ou polémiques. Leur ambition première, qui est de créer un alliage sensible entre un récit et une forme, s’en trouve éclipsée. Mais il est si rentable, à notre époque, de contourner le sujet esthétique...
« Cela a commencé avec Barbie, sur les écrans depuis juillet. Film féministe ou pas ? Le nombre de chroniques publiées sur le sujet dans le monde entier est effarant, rédigées à 90 % par des femmes – les hommes semblent disqualifiés, comme l’est Ken dans le monde de la poupée.
« Que la question ait simplement pu exister dit l’aveuglement. Car l’essentiel est ailleurs. La firme Mattel, deuxième fabricant de jouets au monde, ayant besoin de relancer les ventes (en berne) de sa Barbie et de redresser son cours de Bourse, a eu l’idée du film, en voulait une lecture résolument féministe (pas gagné) afin d’actualiser la poupée et de séduire le public le plus large, a choisi une cinéaste, Greta Gerwig, qui se qualifie d’"ultraféministe", a modifié plusieurs points du scénario, placé des produits à l’écran, est venue à quatre reprises sur le tournage...
« Bravo, l’artiste. Le film est un triomphe, les ventes de Mattel ont explosé. On relira ici l’essai prémonitoire de Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, Race et sciences sociales (Agone, 2021), qui montre comment les questions identitaires sont une aubaine pour les entreprises mondialisées, qui y voient le moyen d’acheter la paix sociale en interne, de gagner des parts de marché en externe, et de faire oublier les questions sociales en général. [...] » Michel Guerrin, Le Monde 9/9/2023.
Charles Gayle 1939-2023
Charles Gayle est mort avant-hier, à l'âge de 84 ans.
"Charles was a legend, in a way," William Parker told JazzTimes in 2019, reflecting upon Touchin' on Trane, his 1993 album with Gayle and drummer Rashied Ali. "Musically he has this energy — an electric, acoustic, organic energy coming out of his horn. And everybody who heard it said you could hear all the history of the saxophone in there: Sonny Rollins, Albert Ayler, Coltrane. But it was Charles." Gayle was a man of faith, sometimes confrontationally so. He'd give apocalyptic sermons onstage as his band breathed musical fire. Gospel music was as much of a touchstone as Coltrane. Many of his song and album titles came from or were inspired by the Bible: Repent, Consecration, Ancient of Days, Christ Everlasting. But ultimately, Gayle came to a place of peace in both faith and life. "It's been so beautiful," he told The Village Voice in 2012. "I'm past the word of happiness. I don't know that word too much 'cause it's happenstance, but it's certainly peace. I don't use the radio, I don't listen to music or have sound. I could just sit." [Copyright 2023 NPR. To see more, visit https://www.npr.org.]