le vieux monde qui n'en finit pas

29 mai 2023

Des nouvelles du prince de Ligne

princedeligne

« Il y a des enfants sérieux : c’est la plus mauvaise espèce. Il y en a qui n’ont jamais ri, qui n’ont aucun goût, aucun plaisir dans le monde ; ils blâment celui des autres ; ils empêchent d’en prendre ; ils n’admirent rien, ils rabaissent tout. Je sais mieux qu’eux que rien n’est parfait, et que le bon est rare. Mais du moins je le cherche. Si j’en trouve un peu chez un homme, ou dans un livre, je suis content. » Charles-Joseph de Ligne (1735-1814), in Mes écarts, 1990, Bruxelles, Labor, "Espace Nord" n°58.

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Manchette 11

« Samuel Farakhan avait une calme aversion pour la musique de jazz et pour le cinéma. Lorsqu’il en parlait, il comparait l’une et l’autre choses aux médiocres marchandises en matière plastique que la mode et l’industrie de masse lançaient sur les foules américaines, et qui commençaient de se répandre en Europe occidentale. Le goût de Lajos pour le Coca-Cola, les westerns et Charlie Parker le navrait, de même que l’appétit d’Ivy pour la même musique et le même cinéma, et pour les romans américains hard boiled. Samuel Farakhan tenait que l’américanisation du monde était une descente dans l’imbécillité et la barbarie, à peine moins redoutable que les totalitarismes nazi et stalinien. Il écouta avec un peu d’étonnement choqué Lajos et Ivy qui parlaient avec animation, Ivy commentant les deux disques offerts [A Night at Birdland with the Art Blakey Quintet, vol. 1-2, Blue Note, 1954], situant les influences du pianiste Horace Silver, disant l’asthme par la faute de quoi Lou Donaldson ne s’éloignait pas de son médecin new-yorkais et était inconnu en Europe, parlant enfin du "génie" à propos du trompettiste de 25 ans Clifford Brown. [...] C’était le 1er janvier 1956, il était 22h15 ou un peu plus, Ivy ne pouvait pas savoir que Clifford Brown se tuera dans un accident d’automobile en compagnie du pianiste Richie Powell, frère de Bud, le 27 juin prochain. » La princesse du sang, 1996, Rivages, « Thriller », inachevé, préfacé par Doug Headline.

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manchette 11

 

27 mai 2023

Siné / Sternberg / Minuit

Retrouvé dans mes souvenirs ce livre de l'immense Jacques Sternberg,
dont la couverture s'orne d'un chouette dessin de Siné.
Publication par les éditions de Minuit en 1958 (en pleine guerre d'Algérie).
L'employé remportera le Grand Prix de l'humour noir en 1961. Ce qui ne nous rajeunit pas.

siné sternberg minuit

Verbatim Minuit : « Cet ouvrage s’adresse d’abord aux employés d’assurances, aux dactylos nymphomanes et aux emballeurs, et tout particulièrement à ceux d’entre eux qui disposent d’un bon passage à niveau dans leur corridor. Il constitue une utile contribution à la connaissance de notre temps, précisant sur quelques points mal connus l’influence exercée par les institutions commerciales dans des domaines restés jusqu’à présent en friche, tels l’amour fou, les voyages d’agrément, les dîners en famille et les sautes de temps.
Il montre ensuite qu’au milieu d’une existence parsemée d’embûches d’autant plus redoutables qu’elles se dissimulent sous l’aspect d’une monotonie sournoisement quotidienne, l’employé moderne garde toujours présente à l’esprit une vue profonde de ses devoirs, tant à l’égard de sa famille que de ses collègues, de son président-directeur général, de la clientèle de l’établissement, bref, de la société : société dont la marche vers le progrès ne se ralentit pas et qui ne saurait tolérer de voir les assassins en liberté, les notes de gaz impayées et les brodeuses sur fiches en perpétuel congé de grossesse, la seconde déclinaison faire irruption dans le domaine de la chimie administrative, le salguèse s’acapter en dérèsant des soptes d’aramides – de voir en somme un salarié de rien du tout se permettre d’arriver au bureau à dix heures passées. »

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« Human come first »

lema dewilde

Ray Lema et Laurent De Wilde,

pour un samedi ensoleillé.

Musée des Confluences, Lyon. Février 2021. Extrait de l'album Wheels .

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26 mai 2023

Manchette 10

« Mon projet Kulturkampf prend lentement forme. Je suis parti du Prisonnier de Zenda et du mythe "Posadas" des cinéphiles en cherchant délibérément à mêler ces deux trucs complètement hétérogènes. J’aboutis à la structure suivante: un type est engagé pour servir de sosie à un grand homme, un milliardaire; il est mis à son insu dans une situation dangereuse – une situation de chèvre pour appâter le tigre – et subit du coup un tort irréparable (par exemple la femme qu’il aime est tuée); voulant se venger de son commanditaire-patron, il enquête pour découvrir ce que le milliardaire aime le plus au monde, et il s’agit d’incunables cinématographiques (les bobines disparues des Rapaces, les pornos de Joan Crawford, etc.) dissimulés dans une cinémathèque-bunker, dans une forêt vierge (j’envisage la jungle de la province d’Uva, au Sri-Lanka, puisque je connais un peu le pays); notre héros s’attaque à cela. » Journal, 9 septembre 1981. Trois versions de ce roman inachevé [rebaptisé Iris] ont été publiées dans le hors-série spécial Manchette de Polar, 1997, avant d’être rééditées dans Romans noirs, 2005, Gallimard, "Quarto".

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Manchette Polar hs

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24 mai 2023

Kenneth Anger 1927-2023

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Kenneth Anger est mort.

L'homme de Hollywood Babylon et de quelques classiques
du cinéma expérimental sulfureux américain avait 96 ans.

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Hotties Reading 783

Briton_Rivière_Compulsory_Education

Briton Rivière, Compulsory Education, 1887

[merci à Jacques Kermabon, depuis Sydney]

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23 mai 2023

L'anniversaire du jour

Le solénodon (« dent creuse »),  100 millions d’années.

Exemple rare de mammifère venimeux.
Vit [Vivait] exclusivement à Cuba et Hispanolia.

solenodon

[Clin d'oeil à Sylvie, qui aime les animaux étonnants]

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Manchette 09

« Si jamais vous essayez de me flanquer un gnon, dit le métis, je vous colle un fumitsuki, un mae-tobi-geri, un hittsui-geri dans les couilles, et ensuite je vous casse vraiment la gueule et je vous arrache les deux oreilles. [...] De plus, dit-il, la situation est différente de ce que vous imaginez. Je vous conjure de patienter. (Terrier le regarda en fronçant les sourcils.) Assieds-toi, pauvre con, conclut Sammy Chen d’une voix forte. »

« Et parfois il arrive ceci: c’est l’hiver et il fait nuit; arrivant directement de l’Arctique, un vent glacé s’est engouffré dans la mer d’Irlande, a balayé Liverpool, filé à travers la plaine du Cheshire où les chats couchent les oreilles en l’entendant hurler et passer; ce vent glacé a traversé l’Angleterre et franchi le Pas-de-Calais, il a survolé des plaines grises et vient frapper directement les vitres du petit logement de Martin Terrier, mais ces vitres ne vibrent pas et ce vent est sans force. Ces nuits-là Terrier dort en silence. Dans son sommeil il vient de prendre la position du tireur couché. » La position du tireur couché, 1981, Gallimard. [Au cinéma: Le choc, Robin Davis, 1982. The Gunman, Pierre Morel, 2015]

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position tireur

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le choc

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21 mai 2023

Romance Without Finance

Grimes-Tiny

Tiny Grimes quintet, Romance Without Finance.
Enregistré à New York en septembre 1944 pour Savoy.

Tiny Grimes (voc & guitar), Clyde Hart (piano), Charlie Parker (alto sax),
Jimmy Butts (bass), Harold West (drums)

 

Romance without finance is a nuisance
Baby, you know I need me some gold
Romance without finance just don’t make sense
Mama, mama, please give up that gold
You so great and you so fine
You ain’t go no money you can’t be mine
It ain’t no joke to be stone broke
Baby, you know I’d lie when I say
Romance without finance is a nuisance
Please please baby give me sold gold

Romance without finance is a nuisance
Oh baby, I must have me sold gold
Romance without finance just don’t make sense
Oh baby, mama, mama, give up that gold
You so great and you so fine
You ain’t got no money you can’t be mine
It ain’t no joke to be stone broke
Baby, you know I’d like when I say
Romance without finance is a nuisance

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Manchette 08

« Ma fonction est de donner en spectacle aux cadres diverses choses, notamment l’insatisfaction et les réactions violentes à l’insatisfaction, telles que ces réactions s’expriment chez les impatients et les arriérés (le jeune braqueur, le fou, le terroriste, etc.). Il faudrait être une tête de linotte pour conclure, du fait que des catégories marxistes, situationnistes et autres me servent dans mon interprétation du monde et apparaissent dans mes livres, que ceux-ci ont une fonction révolutionnaire. [...] Les ribambelles de catégories plus ou moins dépareillées qui apparaissent dans mes livres ne constituent pas une pensée révolutionnaire, pas plus là que lorsqu’elles apparaissent dans France-Soir, Le Monde, ou un livre d’Attali. L’extrémisme de mes opinions ne change rien à l’affaire. Je ne suis pas assez négatif, donc je ne le suis pas du tout, et je ne travaille pas assez quoique je travaille beaucoup. » Journal, samedi 30 avril 1977. Après la fin de l’écriture de Fatale, Gallimard, 1977. [La réédition dans « La Noire », 1996, est accompagnée d’une préface de Jean Échenoz.]

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fatale2

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20 mai 2023

Stéphane Oiry illustre Alasdair Gray

Le Monde se dessale un peu, et c'est bon pour le moral. Stéphane Oiry, que je salue, fait un clin d'oeil cette semaine aux pulps et aux couvertures des années cinquante. Son dessin illustre le compte rendu, par l'excellent François Angelier, de Janine 1982, roman de l'Ecossais Alasdair Gray. Traduction de Claro, publiée dans la collection que celui-ci a créée au Cherche Midi, "Vice caché". On le lira bientôt.

stephane oiry

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« Life is a Movie », avec le trio de Laurent de Wilde

Après l'accident de moto que l'on sait et les mois d'hôpital qui ont suivi, Laurent de Wilde a repris du poil de la bête (et des cheveux blancs). Témoin l'album formidable qu'il a concocté avec la complicité de Jérôme Regard et Donald Kontomanou (basse et batterie, respectivement). C'est Gazebo qui produit. Enregistré à Amiens en septembre dernier. La vie est comme un film, c'est lui qui vous le dit dans cette annonce émouvante. J'en profite pour recommander au chaland, pour la énième fois, sa biographie critique de Monk - un des meilleurs livres sur la musique qui me soient passés sous les yeux.

monk

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19 mai 2023

Manchette 07

« Le caporal Raguse n’était plus militaire depuis longtemps et d’ailleurs n’avait jamais été caporal. C’était tout juste s’il avait fait la guerre. Trop jeune lors du premier conflit mondial, il était déjà presque trop vieux pour le second. Il avait acquis quelques capacités d’infirmier et de muletier en attendant pendant six mois une improbable attaque italienne. Il n’avait fait le coup de feu que pendant l’occupation allemande, et encore, pas souvent contre des hommes. La chambre chaulée où il logea Gerfaut, après l’être allé chercher avec un mulet, s’ornait bizarrement d’un portrait de Staline et d’un autre de Louis Pasteur (ce dernier étant en réalité une photographie de Sacha Guitry interprétant le rôle de Pasteur au cinéma). Gerfaut y resta étendu une semaine. Il y lut l’almanach Vermot, La vie des fourmis de Maeterlinck et l’étonnante autobiographie d’un certain père Bourbaki, missionnaire et aviateur. L’imagination de Gerfaut fut frappée spécialement par les pages où le curé sanguinaire, entre deux tueries d’Alboches, essaie de résoudre le problème que lui pose son fanion. Ce fanion, tricolore et orné du Sacré-Cœur de Jésus, se déchire tout le temps à cause de la vitesse, accroché qu’il est dans les haubans de l’aéroplane du ratichon-guerrier. Le mica fournira une heureuse solution. Le reste du livre, plein de nègres lépreux, est fastidieux. » Le petit bleu de la côte ouest, 1976, Gallimard. [Au cinéma : Trois hommes à abattre, Jacques Deray, 1980]

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manchette petite bleu cote ouest

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manchette 7 trois hommes

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18 mai 2023

Helmut Berger 1944-2023

helmutberger

Icône de l'univers viscontien
[à la mort du maître en 1976, il se décrivit comme un "veuf de trente-deux ans"]
et wildien [Ci-dessous, dans Il dio chiamato Dorian*],
réputé le plus joli garçon du monde,
l'acteur autrichien vient de mourir à Salzbourg.
Il aurait eu soixante-dix-neuf ans la semaine prochaine.

[* On jugera une fois de plus de l'élégance des distributeurs français baptisant Le dépravé
ce film de Massimo Dallamano ("Le dieu nommé Dorian").]

HELMUT BERGER SHIRTLESS 5

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17 mai 2023

Manchette 06

« Dans ce merdier, a-t-il dit calmement, il ne manquait plus qu’un Breton. »

« J’ai regardé la vieille dame assise en face de moi de l’autre côté du bureau et je lui ai adressé un second sourire d’excuse. [...] Manifestement elle n’était pas assise à l’aise dans le fauteuil en skaï; elle aurait préféré une chaise; elle était du genre à s’asseoir au bord d’une chaise et se pencher en avant, en posant ses coudes pointus sur le plateau du bureau, en poussant son museau pointu en avant pour longuement causer, longuement discuter, elle devait faire perdre un temps fou aux employés des postes et de la Sécurité sociale, tout le temps à expliquer et discuter et demander des explications, voilà son genre. Dans le fauteuil de skaï elle était mal à l’aise parce qu’elle n’arrivait pas à rester perchée au bord, sur ses fesses pointues, elle glissait tout le temps vers le fond. Au demeurant, ce n’était pas ce que j’appelle une vieille dame, mais tout de même. »

« Encens, brûle-parfum, bûchers aromatiques, sauna, bains sulfureux. Indubitablement, la Communauté des Skoptsys Réformés schlingue comme il n’est pas permis. Ajoutons l’acétone, l’anhydride acétique, l’acide chlorhydrique et l’acide tartrique, et nous nous trouvons en présence d’un cas de pollution caractérisée. Je serais curieuse de voir leur note d’eau, mais bien sûr avec tous ces bains, c’est parfaitement camouflé. [...] Cher Haymann, les produits dont je parle permettent, selon un processus ardu et dangereux, de transformer la morphine-base en héroïne. » Que d’os, 1976, Gallimard. [Au cinéma : Pour la peau d’un flic, Alain Delon, 1981]

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Manqhette que d'os

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Agnes Goodsir The Chinese Skirt 1933

Agnes-Noyes Goodsir, The Chinese skirt, 1933

[merci à Jacques Kermabon, depuis Sydney]

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16 mai 2023

Une rétrospective Jean-Denis Bonan au Nova

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On m’invite, bien que la distance m'interdise d'y assister, à annoncer la rétrospective des films de Jean-Denis Bonan, événement d'importance qui se déroulera le week-end prochain (20-21 mai 2023) au cinéma Nova, 3 rue d'Arenberg, à Bruxelles. Le maître d’œuvre en est Patrick Leboutte qui animera chacune des séances, en présence du cinéaste – voire d’un invité qui viendra déclamer des poèmes de Bonan. Car l’homme est aussi poète. On lira ci-dessous le portrait que Leboutte dresse du cinéaste, puis la liste des films proposés. Pour tout renseignement, vous cliquerez ICI.

« Né à Tunis en 1942, cinéaste prolifique, poète et plasticien, ne cherchez pas le nom de Jean-Denis Bonan dans les Histoires du cinéma, il ne s’y trouve pas, si ce n’est au titre de fondateur en 1973 du groupe Cinélutte, important collectif de cinéastes militants et authentique chaînon manquant entre le cinéma direct des années soixante et l’avènement d’un cinéma documentaire d’auteurs au début des années quatre-vingt. Auparavant, il avait déjà cofondé l’ARC (Atelier de recherche cinématographique) à qui l’on doit la plus grande partie des images tournées au cœur des événements de mai 68 à Paris. De l’amont comme de l’aval du cinéma "engagé" de Bonan, nous ne connaissions rien, jusqu’à ce que Luna Park Films (Francis Lecomte), éditeur et distributeur de films indépendants, n’exhume et ne restaure ses œuvres d’avant le joli Mai, littéralement sorties des limbes où les avaient enfouies l’Histoire officielle. Adepte du croisement des genres cinématographiques et de l’art du collage, Bonan y réalisa dans une liberté époustouflante, au mépris des règles académiques, plusieurs fictions étranges vouées à une obscurité quasi absolue depuis plus de cinquante ans. Mêlant distanciation ironique et audaces surréalistes (il y a du Louis Feuillade en lui), ses films subirent une censure immédiate ou essuyèrent le refus des distributeurs de l’époque, en dépit du soutien d’Anatole Dauman, l’un des producteurs de la Nouvelle Vague dont Jean-Denis Bonan fut peut-être le frangin le plus fidèle. Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, il poursuivit son parcours à la télévision, avec la même inventivité. Désormais retraité, mais nullement rangé des barricades, à près de 81 ans, il continue de bricoler des films comme on jardine, ensemençant un cinéma du possible, même sans un sou vaillant. » Patrick Leboutte.

La vie brève de Monsieur Meucieu, 1962 / Un crime d’amour, 1965 / Tristesse des anthropophages, 1966 / L’école des fous, 1967 /  Mathieu fou, 1967 / Le bel émoi de mai, 1968 / La femme bourreau, 1968 / Un simple exemple [Collectif Cinélutte], 1975 / Carthage Édouard Glissant, 2006 / De la résistance des digues (de Yvan Petit) [carte blanche à Bonan] / Bleu Pâlebourg, 2019

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Jean Rollin, Jean-Denis Bonan et leur Chevrolet, 1967

Jean Rollin et Jean-Denis Bonan, 1967

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15 mai 2023

Grandiose Papa Schulz

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14 mai 2023

Manchette 05

« Le petit truand, copain de Griselda, dont Gérard Sergent m’avait touché un mot la veille, habitait un bel immeuble en pierre de taille du côté de la place Péreire. Tandis qu’un ascenseur étonnamment lent m’emportait vers les combles, je me suis dit que le vice paie, même si le père Eddy ne pouvait s’offrir qu’une ancienne chambre de bonne transformée en "studio". Je sais que c’était un studio, et même un élégant studio, parce que la porte n’était pas fermée et, comme on ne répondait pas aux coups de sonnette, j’ai poussé le battant et j’ai vu la pièce, le lit éventré, la table de chevet renversée, les tiroirs retournés, le sol couvert de papiers et de vêtements, et Alfonsino mort sur la moquette. »

« Il s’est jeté sur moi et j’ai pressé la détente en criant de dégoût. Le P35 s’est enrayé. J’ai découvert plus tard que la première douille n’avait pas été éjectée. Une histoire de rouille. Gérard Sergent a rebondi contre moi. Il est tombé en arrière et moi sur les genoux. Il ricanait. J’ai vu le manche du couteau à découper qui dépassait entre mes côtes, et j’ai senti l’acier à l’intérieur de mon corps. Sale Juif, m’a dit Gérard Sergent, ce qui était absurde car je suis de l’Allier. » Morgue pleine, 1973, Gallimard [retitré plus tard Polar, pour coller au film qu’en tira Jacques Bral, 1984]

Manchette 5 morguepleine

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polabral

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