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le vieux monde qui n'en finit pas
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16 octobre 2024

Bruxelles/Matonge-Yaoundé, le monde comme il va

Urgence-urgence
Ce matin Sabine Amiyeme a été extraite du centre fermé de Holsbeek près de Leuven pour être expulsée par le vol Brussels Air Lines à destination de Yaoundé.
Cela fait 13 ans que Sabine a reconstruit sa vie en Belgique après être passée par une situation de semi-esclavage au Liban. Elle a été arrêtée brutalement le 2 octobre dans son salon de coiffure.
La résistance de Sabine a permis d’empêcher son expulsion aujourd’hui. Elle est rentrée au centre fermé de Holsbeek mais sa vie dépend de l’office des étrangers qui peut, à tout moment, tenter une nouvelle expulsion. Rien ne l’attend au Cameroun. Sa vie est ici, parmi nous.
Personne n’est un simple numéro parmi des milliers de personnes qui connaissent le destin tragique des « sans-papiers » dans notre pays. Sabine est une vie, un visage que vous pouvez découvrir grâce au remarquable documentaire de Rosine Mbakam « Chez Jolie Coiffure » (2018).
Je vous appelle à lire la lettre émouvante de Rosine Mbakam, à la diffuser le plus largement possible. Avec ses amies et amis, avec tous les collectifs qui voudront la soutenir, nous vous appelons à réagir en toute urgence en interpelant les autorités responsables de cette déportation inhumaine.
Nous vous appelons à prendre part à toutes les mobilisations qui seront réalisées pour la libération de Sabine. Une première mobilisation est organisée mercredi prochain 23 octobre au cinéma Galeries à 19h à Bruxelles. D’autres initiatives sont en cours de préparation notamment à Liège.
Diffusez largement autour de vous la lettre de Rosine, les informations concernant Sabine.
Ensemble, il faut arriver à bloquer cette fois-ci la machine inhumaine des expulsions.
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LETTRE DE ROSINE MBAKAM
Chers (es) tous (es)
Je me permets de vous écrire ces quelques mots suite à l’arrestation de Sabine Amiyeme, amie et personnage principal de mon film "Chez Jolie coiffure".
Cela fait maintenant 17 ans que je suis arrivée en Belgique pour faire des études de cinéma. A la fin de mon cursus, j'ai décidé de rester ici pour y vivre et me construire un avenir professionnel. En tant que Camerounaise et Noire, j’ai eu comme toute personne de la communauté africaine en Belgique la peur d’être dans une situation où je n'aurai plus eu le droit de rester sur le territoire belge même si je n'ai jamais connu cette situation.
L’expérience de mon film "Chez Jolie coiffure" m’a confronté au privilège que d’autres n’avait pas. Malgré mon expérience et ma situation, rien n'a pu dissiper en moi cette peur que tout Africain ou toute personne originaire d’un pays n’appartenant pas à l’Union européenne peuvent ressentir : la peur d’être clandestin et de perdre tout droit.
L’arrestation de Sabine me rappelle aujourd'hui qu'en tant que Noir tout peut basculer à tout moment.
J’ai connu Sabine en 2015 à l’occasion du tournage du film "Chez Jolie coiffure". Ce film est le fruit de cette rencontre. Grâce à la générosité de Sabine qui a ouvert son salon à ma caméra, j’ai pu saisir tout un pan de l’histoire de la communauté camerounaise et africaine en Belgique. Ce film a touché des spectateurs de par le monde en raison de l’humanité et de la bonté de Sabine qui infusent dans film.
Ce documentaire nous permet de comprendre la vie et le parcours de Sabine avant son arrivée en Belgique.
Le fait de participer à un tel projet témoigne d'une grande force et d'un grand courage de la part de Sabine. Il en faut beaucoup pour parler à visage découvert, avec toute son humanité quand on est dans une telle situation.
Sabine , coiffeuse de profession, est arrivée en Belgique en 2011. Dès son arrivée, elle a commencé à travailler dans un salon de coiffure dans la galerie du quartier Matonge à Bruxelles. Elle a fini au prix d’un dur labeur à avoir son propre salon en sous-louant un espace.
Depuis 2017, Sabine a pu ouvrir un grand salon de coiffure et un restaurant à Liège. Sabine est chef d’entreprise, elle a des employés et paie comme toute petite entreprise ses impôts et ses taxes.
Aujourd’hui, sa vie est en Belgique au milieu de ses amis, de ses clients et de son travail.
Après plusieurs refus de régularisation, Sabine a décidé d’essayer une dernière fois en juin de déposer une nouvelle demande après des années de découragements. La décision est tombée, un autre refus, cette fois avec une arrestation à la clé sur son lieu de travail.
Depuis le mercredi 2 octobre 2024, Sabine Amiyeme est enfermée au centre fermé de Holsbeek, laissant ses employés sans salaire, la gestion de son salon de coiffure et son restaurant en suspens.
La situation de Sabine démontre l’absurdité de notre système et l’inhumanité des lois d’immigration.
Un recours d’urgence a été introduit le lundi 7 octobre 2024 sans succès. Sabine est sous la menace imminente d’un rapatriement au Cameroun. Elle laisserait derrière elle treize ans d’une nouvelle vie construite patiemment en Belgique tant sur le plan affectif et que matériel. Il n'y a rien qui attend Sabine au Cameroun.
Cette mobilisation médiatique est un dernier recours que nous lançons pour empêcher le rapatriement de Sabine.
Rosine Mbakam et toute l’équipe de Tândor productions
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