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le vieux monde qui n'en finit pas
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6 mai 2008

Récupération

"Mieux vaut se quereller avec Guy-Ernest autour d'un carton d'armagnac que boire du café tout l'après-midi avec Simenon, ce vilain coprophage de la décomposition bourgeoise", aimait répéter Jean-Patrick Manchette.
Là-dessus il dégoupillait une fiole de vodka. Sans transition, il nous narrait Charley Varrick (presque plan par plan, c'était un de ses dadas), grand film aujourd'hui oublié de Don Siegel, avec Walter Matthau.

manchette

"La récupération (...) seule rend l'Art rentable.
Ce qui n'est pas récupéré sur-le-champ le sera un peu plus tard." (Manchette, à propos de Sade)

Un siècle plus tard, les techniciens de la communication prennent prétexte de la publication de morceaux choisis de son Journal (1966-1974) pour rivaliser de perfidie et de maladresse. C'est qu'ils le détestent, les bougres. Même s'ils n'hésitent pas à se servir de lui.

Là. On le recrute post mortem comme caution radicale et on l'embarque dans la campagne électorale "Josiane Joviale à l'Elysée 2012". Laurent Joffrin parlant d'intellos précaires, de rebelles et de projet moral dans un éditorial (promis aux ricanements de bien des étudiants en journalisme), ça ne manque pas de sel. "Je chie sur la France et ses problèmes ne m'intéressent pas", répondait Manchette en janvier 1970 à un questionnaire de L'Express. Il faut être rudement culotté pour avancer qu'il aurait pu changer d'avis.

Ailleurs. Par un raccourci à faire blêmir Glucksman de jalousie, un certain Passouline se croit autorisé par l'auteur de Nada à "ramener les événements [de mai 1968] à leur juste proportion" et à "balayer l'infantile nostalgie soixantehuitarde qui encombre les librairies". Voilà deux bonnes choses de faites.
Notre auteur peut alors dénoncer le véritable scandale : Jean-Patrick Manchette, 24-32 ans à l'époque où il rédige ce journal, est soumis à "une nécessité qui tourne à l'obsession : l'argent. En trouver, en gagner." Comme Bloy et Bernanos, croit-il bon de préciser. Assez rance, hein ? Fallait-il se taper ce livre de 650 pages pour n'en retenir que cela ou presque ? On me souffle que ce chroniqueur est plus élégant, d'habitude. Alors quoi ? Trop de café ?

Et encore. Une note burlesque, parce qu'on ne peut pas toujours s'indigner de tout. Le Nouvel Observateur, qui a beaucoup planché sur la question du mépris depuis l'affaire des cabinets de Simone de Beauvoir, promet en couverture, le 17 avril, des bonnes feuilles du "journal intime de Jean-Pierre Manchette". L'ancien disquaire Denis Olivennes, nouveau patron de l'Obs, a du pain sur la planche s'il veut qu'on cesse de rigoler en entendant prononcer son nom.

jdanov

Andréï Jdanov (1896-1948). Préposé au désencombrement des librairies.

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