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le vieux monde qui n'en finit pas
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30 août 2008

Joan Blondell, 30 août 1906

Nightmare Alley, Edmund Goulding, 1947

j_blondell_nightmare_alley_

Joan Blondell. Vingt-sept ans à l'écran [en bas], cent deux ans aujourd'hui.

Busby Berkeley se tient coi pendant la première moitié de l'extrait qui suit, dissimulé derrière Mervyn LeRoy et Sol Polito, le metteur en scène et le directeur de la photo. Le film s'intitule Gold Diggers of 1933.

Joan Blondell. Un peu Damia pour l'accoutrement. Louise Brooks pour la démarche, flambeuse pré-Marilyn pour le reste (sa façon de tenir sa cigarette, disons). Autour, la crise, la guerre, les pauvres qu'on laisse se débrouiller, entre deux conflits, au fond de la dépression. L'Amérique est dans la mouise, une fois de plus. (Ça ne durera pas, la guerre mondiale va arranger ça.) Qui a dit que les musicals des années trente ne s'intéressaient pas au monde réel ? En sept minutes, on voit passer Duvivier, Gance, l'Italie de 1946 (avec treize ans d'avance), Sturges et ses Sullivan's Travels, Brecht et Weill, Metropolis. C'est fou comme les pauvres types se ressemblent, partout et tout le temps.

Joan Blondell ou Etta Moten ? Blondell ne chante pas très bien. Mais elle jacte (Arletty péroxydée), et pour bouger elle se pose là. On lui demande donc de faire l'actrice, et elle raconte la chanson.
Assise à la fenêtre, Etta Moten va da capo, mais avec la mélodie. Vous avez dit : déchirant ?
Troisième reprise, martiale. Les drapeaux, la guerre, puis les blessés, les invalides, la soupe populaire - ne manquent plus pour boucler la boucle que le flic, la médaille et le regard assassin de Blondell dans l'acte précédent.
On remet ça pour la quatrième fois, Busby et ses motifs géométriques futuristes donnent le la. Joan Blondell tombe du ciel et joue les Brigitte Helm, cette fois elle chante, il faut au moins cela pour redonner vigueur et combativité à tous ces hommes abîmés. Du coup, tout le monde revotera pour Roosevelt. Le film est fini, d'ailleurs c'est une production Warner, de tous les studios hollywoodiens le plus favorable au New Deal que promeut FDR.
Remember My Forgotten Man, de Al Dubin et Harry Warren (paroles et musique, respectivement), sera un des archétypes  - avec le légendaire Brother, Can You Spare A Dime - de la chanson à l'ère du New Deal.
Etta Moten est invitée par Roosevelt, elle est la première artiste à se produire en vedette devant le gratin rassemblé à la Maison Blanche.
Soixante-quinze ans plus tard, on reprend la chanson en chœur dans les meetings de Barack Obama, et on la trouve reproduite sur les sites Internet de ses comités de soutien. Prémonition ?

Je n'ai ni le temps ni l'envie de vous faire les sous-titres, mais je copie-colle les paroles. Si vous jactez un peu l'anglais, vous suivrez sans mal. Et puis, les filles, apprenez-les par cœur. Ça peut toujours servir.

Joan Blondell ? On la reverra ici, c'est promis. Elle est terrible. Ce n'est pas Jimmy Cagney qui nous contredira.

I don't know if I deserve a bit of sympathy,
Save your sympathy, that's all right with me.
I was satisfied to drift along from day to day,
'Til you came and took my man away !

Remember my forgotten man,
You put a rifle in his hand,
You sent him far away,
You shouted "hip-hooray,"
But look at him today !

Remember my forgotten man,
You had him cultivate the land,
He walked behind a plow,
The sweat fell from his brow,
But look at him right now !

And once he used to love me,
I was happy, then !
He used to take care of me,
Won't you bring him back again ?

'Cause ever since the world began,
A woman's got to have a man,
Forgetting him, you see,
Means you're forgetting me,
Like my forgotten man !

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