À Nantes, Nantes et Demy
Dominique Sanda, Richard Berry : Une chambre en ville
Ciné-Tamaris et Arte Vidéo, comme on les aime !, viennent de confirmer la publication prochaine en DVD de l'œuvre intégrale de Jacques Demy. (À l'exception semble-t-il de la Table tournante. Ce documentaire est signé officiellement par son ami le réalisateur Paul Grimault, au travail duquel il est consacré.) Dans un beau coffret contenant une douzaine de rondelles argentées, seront réunies des copies restaurées-comme-neuves des dix-sept films du magicien des bords de Loire et les trois tonnes de bonus de très grand intérêt que nous promet Dame Varda, maîtresse d'œuvre. (« Boni, dit-elle. ») Pour quelques dizaines d'euros, ce sera le cadeau à se faire mutuellement à la fin de l'année, tout juste dix-neuf ans après la mort du cinéaste nantais emporté fin octobre 1990 par une bronchite. C'était au lendemain du tournage de Jacquot de Nantes - avec Agnès Varda, bien sûr, qui savait la catastrophe imminente. Il sera recommandé d'acquérir l'objet Chez Agnès en personne, c'est-à-dire ICI - pour les ceusses qui n'ont pas le temps de passer rue Daguerre, dans le quatorzième arrondissement.
Pour mémoire et dans l'ordre d'apparition, Jacques Demy c'est ceci, en musique et souvent en chanté :
le Sabotier du Val de Loire (1955)
le Bel Indifférent (1957)
Ars (1959)
Lola (1960)
la Luxure (1962)
la Baie des anges (1962)
les Parapluies de Cherbourg (1963)
les Demoiselles de Rochefort (1966)
Model Shop (1968)
Peau d'âne (1970)
le Joueur de flûte (1971)
l'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune (1973)
Lady Oscar (1978)
la Naissance du jour (1980)
Une chambre en ville (1982)
Parking (1985)
Trois places pour le 26 (1988).
Et puisqu'on ne peut parler de Demy sans penser à Nantes, voici une comptine de par là-bas, qu'on entend encore dans certains quartiers de la ville, non loin du quai, à condition de tendre l'oreille. Je l'ai récupérée sur un blogami. Je ne vous dis pas la musique, car je ne l'ai jamais sue. Mais c'est parfait pour jouer à la marelle, vous pouvez me croire. Et n'oubliez pas: quand vous irez à Nantes, cherchez le fantôme de Jacques Demy derrière les colonnes du Passage.
© Christian Leray
~
« Nantes est peut-être la seule ville de France où j'ai l'impression
qu'il peut m'arriver quelque chose qui en vaut la peine. » [André Breton]
Nantes, c'est la ville où Jacques Vaché est venu mourir
où Julien Gracq écrivit la Forme d'une ville
où Jacques Demy filma Lola et Une chambre en ville
où l'on se tape les meilleurs gâteaux au chocolat du monde
c'est donc La Cigale et le passage Pommeraye
c'est le café Michelet et son boulodrome
c'est la fac de lettres et la cité U
c'est le pont transbordeur cassé en 1955
c'est Royal De Luxe, ses bêtes sauvages et sa tartapulte
c'est le quai de la Fosse, les bouibouis et les travelos qui fument
une Gitane sur le trottoir avant le show du soir
c'est Trentemoult
c'est Anna Mouglalis
c'est les chantiers et les petits beurres
(Saint-Michel-Chef-Chef n'est pas loin, message personnel)
c'est le vicomte Pierre Cambronne
c'est le cours qui porte son nom
c'est Jules Verne et le musée qui porte son nom
c'est la porte des trois océans
c'est Trois Continents et deux Jalladeau
c'est ousque sont nées Golem et MaryPoppins.
Eh oui, les Nantais, ils en ont de la chance !
Et vous, vous n'êtes pas en vacances ?