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17 septembre 2008

François Bon, le roman et le rock'n roll

Après Rolling Stones, une biographie (Fayard, 2002) et Bob Dylan, une biographie (Albin Michel, 2007), François Bon sort ce mois-ci Rock'n roll, un portrait de Led Zeppelin (Albin Michel). Je ne l'ai pas lu. Pas eu le temps. La faute à Pynchon, à Marcuse, à Volmann, aux films qui s'accumulent, au temps qui file. M'empêchera pas de signaler la publication dans La Quinzaine littéraire du 16 septembre d'un bel entretien de l'écrivain avec Norbert Czarny. Alors que tant de mauvais critiques littéraires gagnent leur croûte en paraphrasant laborieusement les textes de quatrième de couverture, peu d'écrivains importants sont capables de nous donner les clés de leurs bouquins sans radoter ni recycler, ni faire de la retape. François Bon est de ceux-là. Et comme ce Vendéen est le pic-de-la-mirandole des techniques de communication mises au service de la littérature, on trouvera tout ce qui le concerne et bien d'autres choses sur son site expérimental, le tiers livre. Ce soir, deux extraits de la Quinzaine :

francoisbonSur le roman et la biographie.

« Je n'ai jamais perçu la littérature autrement que comme mise en réflexion de ce qu'on ne comprend pas du monde. Les "vies" en sont une des longues traditions, depuis l'origine. Je ne sais pas si on travaille jamais autrement que sur ou au travers de soi. Je n'ai pas d'histoire personnelle particulière. S'il y en a une, elle est entièrement dans le court texte écrit à la mort de mon père, Mécanique. Or, pour ce même âge, et au même temps, pour Keith Richards ou Bob Dylan, ou Jimmy Page, on a ces mines de témoignages, photographies, documents filmés. ils constituent une histoire qu'au même moment nous ne savions pas être histoire, même si Michel Foucault, Michel de Certeau, Roland Barthes, Georges Perec, posaient cette surface très mince, au même moment, dans son enjeu propre. Il se trouve, par ailleurs, que cette très mince couche est devenue un élément déterminant dans le chemin du monde, la domination uniformisée de l'anglais, les maisons d'édition et les télévisions aux mains des marchands de missiles ou des rois du béton. En travaillant sur l'émergence du rock, on voit tout cela se fabriquer. Alors bien sûr, pas de tentation populiste ou simplificatrice de la langue: la violence, par exemple, est une question trop complexe pour des ouvre-boîtes trop simples, ou mimétiques. Mais j'écris avec ça dans les oreilles. La musique c'est quand même un tunnel spécifique: on se glisse dans l'écoute, elle vous dépose à l'autre bout du temps. »

Sur la naissance du rock.

« Ce qui me mettait en rage, dans la masse des livres qu'on peut déjà consulter, dans le monde anglo-saxon, sur cette naissance du rock, c'est trop de simplification. En littérature, ce qu'on a appris des travaux sur Flaubert, sur Proust, sur Céline, c'est l'importance de la genèse. Et l'importance du contexte. On ne saura pas comment et pourquoi les Beatles et les Rolling Stones ont pu trouer la domination du jazz, sans s'interroger parallèlement sur la pénétration de la télélvision ou l'apparition du transistor. Il n'y a qu'à partir d'un certain grossissement de microscope que tout cela devient intéressant: les voitures, les maisons, le fric. Alors oui, très concrètement, dans une constellation de points minuscules, on travaille à même la représentation du monde. Si on ne regarde pas de près la guitare, on n'entre pas dans ce qui seul nous importe, le mental. »

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