Deux mois après les premiers remous en Guadeloupe, un mois après le début de la grève, voici une petite piqûre de rappel (historique) pour se mettre les idées en place. C'est chez www.melanine.org, sous le titre Grèv an péyi la.

[ On peut aussi faire un détour par le site de Lyannaj Kont Pwofitasyon .]

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C’en est tellement rare qu’on se prend à rêver ; les Antilles à la une, plusieurs jours de suite ? Mais que se passe-t-il donc ? C’est une révolte. Que dis-je : une révolution. Au-delà des conneries officielles habituelles, le mouvement antillais est un geste d’envergure contre la peste du système économique libéral. Eh ouais, le mot est lâché. Petits rappels historiques et mises en liens.

Mais que se passe-t-il donc ? Est-ce que notre président y est allé de sa petite visite, voir s’il y avait moyen de se faire photographier à côté d’un nègre connu ?

Non, non. C’est une révolte. Que dis-je : une révolution. C’est que ça fait un mois que ça dure, en Guadeloupe tout du moins, et le temps que la mayonnaise prenne en métropole, elle a déjà tourné au vinaigre outre-mer. Passons ça au compte du décalage horaire.

Est-il besoin de résumer de quoi il s’agit ? Probablement introduites médiatiquement par un nouveau round de grèves métropolitaines, on aura eu tendance un temps à voir dans les grèves antillaises une version tropicale du mouvement social dans l’hexagone.

Dans les grandes lignes, les revendications sont relativement similaires : le Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), comité rassemblant 49 organisations guadeloupéennes, s’était à l’origine constitué pour protester contre les prix à la pompe exorbitants pratiqués par Total, une compagnie décidément de tous les bons coups.

Très vite, le mouvement grandit pour englober des revendications ayant trait à l’emploi, à l’éducation, la vie chère, etc. Si l’on en croit Frédéric Gircour, l’auteur du blog guadeloupéen Chien Créole, les premières étapes du mouvement de grève auraient occasionné des scènes incroyables de dialogue citoyen entre les divers groupes concernés, employés, élus, patrons, jusqu’à ce que le Secrétaire d’État chargé de l’Outre-Mer Yves Jégo débarque et mette tout le monde au pas, tout en ruinant les négociations dans le même mouvement. Vous me direz, rien de bien particulier, au final. Ça sent bon la bonne grève à la française, et la bonne non-négociation politicarde. Mais limiter les grèves à cela reviendrait à dire que la Guadeloupe et la Martinique, c’est la France. Pas de bol : c’est bien loin d’être le cas.

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La Jaune pour les nègres

Pour mater les nègres, on envoie la Gendarmerie Mobile, « la Jaune » comme on l’appelle aussi, direct cash, c’est comme les CRS, mais en pire, et ils sont armés de petits bazookas à grenade lacrymogène affectueusement nommés Cougars. En plus de ça, nos amis les mamblots, tout comme les Compagnies Républicaines de Sûreté, sont principalement basés en métropole. Il y a peu, Alex Lollia, membre du LKP, témoignait s’être fait rouer de coups par des gendarmes apparemment bien au courant de sa position dans l’organisation, et ayant une idée bien particulière de leur mission : casser du nègre. On ne peut pas dire que ce soit une surprise de la part de gardiens de la paix français, c’est même plutôt bien traditionnel, finalement, de ponctuer les coups de savate avec de doux mots. Mais le massacre général sans conséquences reste une spécialité historique locale.

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Florilège :

* Le 14 février 1952, une manifestation d’ouvriers et de petits exploitants de canne se fait allumer sans sommation par les CRS : le Massacre de la St Valentin fait 4 morts et 14 blessés.

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