Riccardo Freda, 24 février 1909
Notre vieil ami d'Alexandrie, Rome, Paris et Bergame aurait eu cent ans aujourd'hui. Il nous a lâchés un peu avant Noël, il y a neuf ans. Sans un petit groupe d'aficionados, au premier rang desquels se dressaient Tavernier, Lourcelles, Mizrahi et Rissient, et quelques autres plus jeunes, Thierry Frémaux, Stefano Della Casa, Guy Jungblut, Éric Poindron, Thierry Horguelin (qui le fit venir à Bruxelles où nous nous goinfrâmes de glace au chocolat - Freda n'aimait, au restaurant, que les desserts - après qu'il eut présenté une copie restaurée de Beatrice Cenci/Le Château des amants maudits à quelques chalands égarés au fin fond du Kinépolis)... sans cette bande-là, il serait mort dans la pauvreté et dans l'oubli. Au moins avons-nous un peu contribué à ce qu'il ne soit pas oublié. Je ne suis pas peu fier de relire ces lignes, au dernier chapitre du livre d'entretiens avec Poindron (Actes Sud):
Éric: « [...] des extraits passionnants [de La Dernière Momie d'Égypte, scénario de Lourcelles et Freda, jamais tourné] sont réunis dans la monographie que vous ont consacrée Stefano Della Casa et Charles Tatum chez Yellow Now... »
Riccardo: « Ils sont comme toi, ils cherchent à me faire sortir de ma cachette, mais c'est un beau travail. Tatum est un drôle de poisson... »
Pas peu fier, mais perplexe et profondément frustré, le Tatum. Riccardo est mort quelques années plus tard, sans avoir consenti à m'expliquer cette histoire de poisson.
L'océan et la tempête
L'oiseau ne sait pas nager
Il s'envole
[Éric Poindron]