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le vieux monde qui n'en finit pas
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22 mars 2009

Canicule 12

« S'il arrive à Franck de me tirer les oreilles, c'est plus pour jouer que pour autre chose. Il devait être un petit garcon qui torturait les animaux pour se calmer les nerfs quand il avait des crises. Pendant ce temps-là, devait dire le pédopsychiatre de la maison de redressement, il ne fait de mal à personne. C'était comme qui dirait un traitement de substitution, et s'il l'avait suivi correctement, il ne serait jamais allé en prison. Il disait la zonzon, visage fermé, obturé, moi la prison, en tripotant la serrure, et tout était dit, le dehors, le dedans, les barreaux, les verrous, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, les affranchis et les blaireaux.

« Je lui disais: "Franck, la prison, ce doit être un sacré voyage intérieur, une expérience limite."

« Franck disait: "La zonzon, tu pourrais pas survivre, tu serais la poupée des caïds, tu sucerais la bite aux matons. La zonzon, elle fait de toi un loup, un caniche devient pas un loup. Un loup ça grandit dans la rue, il garde la rue dans sa tête quand il est en taule, et la taule dans sa tête quand il est dans la rue, mais toi on t'a appris le caniveau, tu dormais dans ta niche, et tu marchais en laisse, t'as du canigou das la tête, la voix de son maître. Moi je hurle ma haine, toi tu jappes ta reconnaissance."

« Il m'en retourne une et je jappe. »

Hervé Prudon, La Langue chienne, Gallimard, 2008.


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