Rue de l'Abbé-de-l'Épée, 10 mai 1968

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23 mars 2009

« Alors, grand-père, tu es venu assister à la fin du Vieux Monde ? »

Outremer écarquille les yeux, comme l'idiot qu'on force à se regarder dans un miroir déformant.

Est-ce cela, qu'ils ont en tête ?

La liquidation générale, la lutte finale ?

Où sont alors les fusils, les canons ?

Où sont les voltigeurs de pointe, les dynamiteurs, les égorgeurs, les lanceurs de bombes ?

« Mon enfant, si c'est après le Vieux Monde que tu en as, apprends à dresser une barricade. Celle-là sera vite emportée.

- Apprends-nous. Oui, aide-nous. Ne laisse pas passer ta chance. Tu n'en reverras pas, des nuits pareilles. Veux-tu finir comme une momie ? »

Gérard Guégan, Les cannibales n'ont pas de cimetières, Grasset, 2005.

La mort de Sardanapale, Delacroix, 1827

Posté par : charles tatum à 22:00 - Commentaires [13] - Permalien [#]
Tags : belgique, delacroix, guégan, littérature, mariën, vieil'art

Commentaires sur Rue de l'Abbé-de-l'Épée, 10 mai 1968

"Les cannibales n'ont pas de cimetières", c'est un aphorisme de Mariën. Guégan, ce con, n'est même pas foutu de trouver un titre tout seul. Mais il a ses lecteurs, c'est déjà ça.

Posté par blezel, 23 mars 2009 à 23:40 | | Répondre
Salut l'ami (je dis ça au hasard, parce que les pseudos...) (je le dis un peu comme Reggiani s'exclame dans Le Doulos "Salut les hommes et tant pis si je me trompe"),

Si vous avez des comptes à régler avec Guégan, je vous communiquerai avec plaisir son mail direct. Tout ce que je lui souhaite, c'est d'avoir autant de copains de bistrot que d'aboyeurs anonymes (les pseudos, voir ligne précédente).
Quant à Mariën... Contrairement à ce que vous susurrez, Guégan ne fait pas mystère de l'origine de son titre puisque
(1) son livre est dédié "à la mémoire" du surréaliste belge, "sans qui ce roman se serait trouvé intitrable", on ne peut pas être plus clair
(2) il met en scène, ça occupe une page et demie du livre (en corps 13), l'homme en gris allant "écrire, à la craie, sur le rideau de fer d'une boucherie, les quelques mots qui feront le tour du monde dans les semaines suivantes: Les cannibales n'ont pas de cimetières."
Mais ça, vous le savez, puisqu'évidemment vous avez lu le bouquin.
Tatum

Posté par tatum, 24 mars 2009 à 08:30 | | Répondre
"Guégan, ce con" est un pléonasme; la vie est trop courte pour s'enfiler les livres de ce médiocre. Gérard Lebovici, quant à lui, était encore bien trop bon pour l'avoir supporté, lui et sa petite bande, pendant cinq ans à Champ libre.

Posté par Ben, 27 novembre 2009 à 23:05 | | Répondre
Mouais... ça c'est du sophisme, coco.
Très bon pour impressionner les badauds, les ignares et les amnésiques. Vous devriez faire de la télévision.
La logique revue par la méthode Assimil.
La mauvaise foi, aussi.
1. Vous confondez "pléonasme" et "tautologie".
2. Lebo n'a pas seulement supporté "G et sa petite bande". Il les a fait bosser.
Et "les bons livres que G et sa petite bande ont publiés", c'est un oxymoron, ou ils vous ont échappé ? (Ou on a fait croire que Guy-Ernest s'en était occupé ?)

Posté par anita, 27 novembre 2009 à 23:15 | | Répondre
La gloire rétrospective de Champ libre ne doit rien à Guégan et à sa petite bande, que ça vous plaise ou non, mais, pas nécessairement, et ça vous semblez un peu l'oublier dans l'histoire, dans l'autre sens, tout à monsieur Debord.

Ce serait en effet passer un peu vite sous silence les contributions essentielles de Floriana et Gérard Lebovici (comme si ce dernier, selon votre réécriture de l'histoire très "guéganesque", trop ignare sans doute pour s'occuper de l'édition proprement dîtes, n'avait été bon, de 69 à 74, que pour apporter les capitaux et encore ; on a dit la même chose après le départ de la première équipe alors que Debord ne "faisait passer" que certains titres), andreï boris nakov, Michel Giroud, René Vienet ("la bibliothèque asiatique"), Jean-claude Zylberstein, Marc Dachy (qui critique lui-même d'ailleurs sévèrement le témoignage de Guégan sur cette période), feu Michel Pétris, feu Jean-patrick Manchette, Alain Pons, excusez du peu. Qu'est ce que votre pauvre Guégan pèse à côté de ces gens-là, bien qu'il essaye de compenser, depuis de nombreuses années à longueur de billets dans la presse et de livres truffés de mensonges (que Jean-Luc Douin a d'ailleurs eu la faiblesse d'accréditer, faute de témoignages directs, dans sa biographie consacrée à Lebovici) en essayant de se donner le beau rôle dans toute cette aventure éditoriale ? et ce serait moi dans cette histoire qui encouragerait l'amnésie ? ne prenez pas pour argent comptant tout ce qui dit Guégan, c'est mon conseil. Ce qui est certain, c'est que, si ce Guégan, qui vous plaît tant, était resté, Champ libre serait devenu une maison d'édition comme les autres, ni plus ni moins, elle en prenait dangereusement le chemin; Lebovici a donc bien fait de le virer, lui et son équipe, et ce n'est pas de sa faute s'il a eu la faiblesse de l'engager, en 69, peut-être n'avait-il pas pu trouver mieux sur le moment, mais ça n'a guère duré.

Posté par Ben, 12 décembre 2009 à 04:30 | | Répondre
C'est un peu plus compliqué que cela : si Lebovici a viré Guégan, Sorin et Le Saux, ce n'est pas en raison de leur "ligne éditoriale" (la collection "Classiques de la subversion" n'était d'ailleurs pas mauvaise, pour ne prendre que cet exemple…) mais parce qu'ils ont tenté une sorte de putsch en lui déniant tout droit de regard sur la production de sa propre maison d'édition.
Cependant, à ce détail près, Ben a raison. Il n'est que de regarder, pour s'en convaincre, le travail qu'ils ont par la suite accompli au Sagittaire. De la "contre-culture", tout au plus, bien loin des ambitions que Champ Libre continuait d'honorer.

Posté par GWF Weaver, 12 décembre 2009 à 18:10 | | Répondre
Eh bien voilà qui prouve, GWF Weaver, que tous les goûts sont dans la nature... Car de mon point de vue on ne peut pas rendre de pire service à un auteur, que de le publier dans une collection intitulée "Classiques de la subversion". C'est là, dans la meilleure hypothèse, mithridatiser le lecteur -même le mieux disposé- par rapport à ce qu'il va lire. Qui plus est et en certains cas cela peut contribuer à fausser gravement les idées en transformant en esthètes, en flamboyants, etc., bref, en les faisant résider sur une sorte de planète-à-part et qui aurait pour nom "la subversion", des auteurs (je pense ici notamment à Déjacque) dont leur manière à eux d'être subversifs -sans guillemets- aura été au contraire d'intervenir dans le débat politique, et en temps réel.

Posté par luc nemeth, 14 décembre 2009 à 10:34 | | Répondre
Cher Luc Nemeth, vous posez là une « sale » question, mais c'est la bonne.

Posté par D.C., 14 décembre 2009 à 13:52 | | Répondre
Je n'en suis pas si sûr. "Mithridatiser", vous y allez un peu fort. Je crois que les lecteurs de l'époque se fichaient tout autant du nom de la collection que de "Le manteau d'Arlequin" ou "Du monde entier", chez Gallimard. Enfin bon, c'est difficile à savoir. Mais il me semble que l'important est quand même d'avoir remis en circulation ces textes de Déjacque, Darien, Zo d'Axa, etc., qui n'étaient plus accessibles depuis des décennies, non ?
Votre réaction me rappelle un peu celle de Breton au moment de la publication de l"Histoire du surréalisme" par Maurice Nadaud (avec à l'époque une copieuse annexe de documents reproduits : tracts, papillons, etc.). Breton considérait que puisque le surréalisme était un mouvement encore vivace, il n'y avait pas lieu de s'atteler à en retracer l'histoire…

Posté par GWF Weaver, 14 décembre 2009 à 18:46 | | Répondre
alors c'est, c'est le pompon : me voilà rangé parmi les tenants de l'obscurantisme, au motif que j'ai émis une remarque concernant le titre de cette collection !

Posté par luc, 15 décembre 2009 à 10:10 | | Répondre
Décidément, vous aimez les extrêmes ! Je faisais juste le rapprochement à cause d'une semblable hostilité à la réédition de textes importants, pour des motifs somme toute accessoires.
Et puis je n'irais pas qualifier Breton d'obscurantiste, même malgré l'affaire des haricots sauteurs, et bien qu'on lui connaisse quelques dérapages…

Posté par GWF Weaver, 15 décembre 2009 à 14:27 | | Répondre
... oui c'est vrai, il ne faudra pas m'en vouloir : j'ai toujours aimé les extrêmes (au moins du côté gauche). Mais pour le reste les bras m'en tombent devant tant de malentendu : à aucun endroit je n'ai exprimé la moindre hostilité à la réédition de textes importants ; j'ai tout juste fait une remarque à propos de ce qu'il est convenu d'appeler les conditions éditoriales.

Posté par luc, 15 décembre 2009 à 17:52 | | Répondre
Bon, eh bien restons en là, et désolé pour le malentendu. Je me doutais bien que vous alliez saisir la perche (enfin, son extrémité)…

Posté par GWF Weaver, 15 décembre 2009 à 19:11 | | Répondre

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