straubethuillet

Je vous signalais il y a quelques jours la présentation à l'Arenberg (Bruxelles) de trois films récents de Jean-Marie Straub (avec et sans la regrettée Danièle Huillet). C'était ICI MÊME - avec des liens indispensables et une brève présentation des films par Straub.

Si vous profitez des fériés de mai pour vous mettre au vert chez les sots-Bretons, sachez que vous êtes suivis. Les très doués animateurs du Cinématographe (Nantes) prennent le relais illico la semaine prochaine. Du 21 au 31 pour être précis, et ce pour cinq séances. Vous n'avez donc aucune raison de patauger dans l'idiotie en écoutant les comptes rendus de Cannes sur les radios inféodées au Palais. Gavez-vous de Straub, c'est une des libertés qui vous restent. Le Cinématographe aura-t-il l'idée de l'inviter à parler, rue des Carmélites ? Il suffit de le leur demander gentiment. [ Pour la visite des lieux, c'est ICI ]

LE GENOU D’ARTÉMIDE (IL GINOCCHIO DI ARTEMIDE)

De Jean-Marie Straub
France, 2007, 26 min

Avec Andrea Bacci,Dario  Marconcini, Teatro comunale di Buti

D’après La Belva [La Bbête sauvage] extrait des Dialogues avec Leucò (Dialoghi con Leucò, 1947) de Cesare Pavese.
« Chacun a le sommeil qui lui échoit, Endymion. Et ton sommeil est infini de voix et de cris, et de terre, de ciel, de jours. Dors-le avec courage ; vous n'avez pas d'autre bien. »


ITINÉRAIRE DE JEAN BRICARD

De Danièle Huillet et Jean-Marie Straub
France, 2008, 40 min

« On arrive à l’île Coton, là où j’ai passé mon jeune âge. »
« On va voir la cabane pour se mettre à I’abri quand il tombe vraiment de l’eau... C’est là-dedans que je me suis fait bouffer le doigt par les rats. Alors ils m’avaient bouffé le doigt pendant que j’étais à dormir. »
« Ça, ce sont les lapins. Ils se sont mis là, ils étaient cachés pendant la crue.Quand ils sont pris par l’eau, ils montent dans les têtes d’arbres ou les haies. On a enlevé ceux qui étaient en perdition. On en a récupéré une centaine. On les a remis dès que l’eau était partie. Ça c’était l’île de mon enfance. »


LE STREGHE (FEMMES ENTRE ELLES)

De Jean-Marie Straub
France, 2008, 21 min

Avec Andrea Bacci, Dario Marconcini, Teatro comunale di Buti

D’après Le streghe [Les Sorcières] le premier des Dialogues avec Leucò écrit par l’auteur (Dialoghi con Leucò, 1947) de Cesare Pavese.

« Je pense une chose, Leucò. Aucune de nous, déesses, n'a jamais voulu se faire mortelle, aucune ne l'a jamais désiré. Et pourtant là serait le nouveau, qui briserait la chaîne. »

~

Et ne partez sans avoir lu ces quelques lignes extraites (par les Nantais)
d'un beau texte d'Olivier Séguret,
paru dans Libération sous ce titre magnifique : "
Trois valses de Straub"
(clic dessus pour lire le texte entier)

« Le lien entre les deux derniers courts métrages de "fiction" que Jean-Marie Straub a réalisé seul et le bref documentaire qu’il a coréalisé avec Danièle Huillet n’est pas apparent et paraît même ne pas exister ailleurs que dans la réunion des trois films en un même programme. C’est pourtant ce lien absent dont une petite voix spectrale nous dit qu’elle donne son équilibre au triangle de cinéma ainsi proposé. Pourquoi ? Peut-être parce que c’est dans l’absence de ce lien que se lit le mieux la relation qui persiste avec l’absente Danièle Huillet, disparue en octobre 2006, et qui reste malgré sa mort indissociable du cinéma de celui qui était aussi son compagnon. Tout cela n’a pas l’air très gai mais c’est encore une illusion d’optique : une vie intense palpite d’un bout à l’autre de ce triptyque de circonstance. »

daniele_huillet