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le vieux monde qui n'en finit pas
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14 septembre 2009

Bernard Joubert et les goujats(*)

Etonné de ne pas lire dans Siné Hebdo, dont il est jusqu'alors un chroniqueur régulier (pléonasme), les deux derniers papiers qu'il a envoyés au canard, Bernard Joubert écrit à Siné afin de savoir ce qui se goupille. Rien que du très banal, si Siné n'était pas Siné (le flingueur d'hypocrisies qu'on a, ici et ailleurs, si vaillamment défendu), et si Joubert n'était pas l'historien de la censure que l'on sait. Voici sa lettre, qui devient donc une lettre ouverte. Les deux textes incriminés sont visibles un peu plus bas (billet suivant).

~

Le 13 juillet 2009

Cher Siné,

Désolé de te déranger pendant tes vacances. Je sais aussi que ce n'est pas toi qui gères le rédactionnel, c'est Catherine. Mais je me permets de te passer ce mot parce que le problème auquel je suis confronté n'est pas une broutille.

Tu trouveras ci-joint mes deux dernières chroniques "Chez les censeurs" que j'ai livrées début juin et début juillet.  (Je ne livre plus qu'une fois par mois puisqu'il n'y avait jamais place quand je livrais tous les quinze jours.) Tu ne les liras pas dans le journal. Inutile de me demander pour quelles raisons, je l'ignore. Pour la première, Théo m'a transmis l'avis de Catherine comme quoi cette interdiction de revue ne méritait pas un article. Ca m'a semblé une explication n'expliquant rien. L'interdiction d'une revue est au contraire le sujet parfait pour une rubrique sur la censure.

Pour la seconde, je n'ai même pas eu droit à un semblant d'explication. Comme je venais aux nouvelles, ne voyant rien paraître, Olivier m'a conseillé, pour en savoir plus, de téléphoner à Catherine le mois prochain...

Normalement, la réaction normale serait que, de guerre lasse, je fasse mon deuil de Siné Hebdo. Que dans quelque temps tu demandes peut-être: et Joubert, pourquoi on ne le lit plus? Et qu'on te réponde: il n'envoie plus rien. Effectivement, c'est ce que je suis tenté de faire, ne prenant pas plaisir à ce que mon travail, qui nécessite des enquêtes en amont, finisse d'une chiquenaude à la poubelle. Mais si je pars ainsi, je vais garder cette impression désagréable: celle d'avoir été éliminé de façon louche, en loucedé, peut-être suite à mon article sur le "féminisme flicard" qui a tant déplu à Catherine. C'est le genre de pratique que dénonce Gérard Filoche, le contremaître qui pourrit la vie d'un employé pour le pousser à partir. Alors l'imaginer dans le journal qui porte ton nom, ça me salit les rêves.

Aussi fais-je le choix de te poser cette question: je continue ou pas? Et si je continue, je suis chroniqueur ou pas? Pour moi, on attend d'un chroniqueur qu'il exprime ses idées. On le prend pour ce qu'il est ou on ne le prend pas, mais on ne lui demande pas d'espérer d'hypothétiques parutions selon l'humeur de la direction.

Je vais même ajouter que, pour le cas où tu me répondes "continue", je n'aurais envie de le faire que si la chronique que j'ai livrée en juillet (sur l'association d'extrême droite) paraît, et que je puisse réutiliser des éléments de ma chronique de juin dans un article à venir (sur le soixantenaire de la loi de 49).

Bonnes vacances à toi, marrantes et pas trop épuisantes.

Bernard Joubert

Lettre sans réponse au 14 septembre.

~~~

(*) Goujat: Homme grossier dont les propos ou les manières sont volontairement ou involontairement offensantes. [Trésors de la langue française] Syn.: mal élevé. 

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Commentaires
T
Exact. BJ m'a signalé l'autre jour que cette mention avait disparu. La petite guéguerre normale. Disons une fois pour toutes que même si l'on trouve à SH quelques personnes de qualité, ce canard est dirigé par des microbes. Des microbes "mal élevés", ce qui est censé nous les rendre sympathiques (en tout cas,le slogan fait vendre), mais de minuscules microbes tout de même.
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D
Samuel a écrit plus haut : "J'ai mis un lien vers ce billet à partir de la page Wikipédia de "Siné Hebdo". Pas sûr que ça fasse grand-chose, mais bon..."<br /> <br /> Eh bien je viens de me rendre sur la page Wikipédia de "Siné Hebdo". Et qu'ai-je vu, stupéfait ? Non seulement le lien ne s'y trouve plus, mais le nom même de Joubert a été "effacé" de la liste des plumes ayant participé au journal !<br /> <br /> Cela ne vous rappelle-t-il pas les photos "retouchées" sous Staline, où les opposants étaient éliminés, physiquement et sur le papier ?
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S
Merci, Bernard, pour ces précisions. Je n'avais pas commenté la réponse qui m'avait été faite à SH, mais son argumentaire m'a tout de suite paru douteux ! Et il ne m'a été apporté aucune réponse quant à la non-communication avec vous, sur laquelle portait mon premier e-mail.<br /> <br /> J'ai aussi précisé, dans un message suivant, que l'expression "féminisme flicard" n'était pas de moi, puisque mon interlocuteur/trice (le mail n'était pas signé...) ne semblait plus se souvenir qu'elle venait de votre article.<br /> <br /> Et tout à fait d'accord, Gashade (joli pseudo !)
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G
La réponse que Mr Samuel obtint de SH eût dû être la même à peu près que celle que Joubert eût dû obtenir en retour à sa lettre initiale, comme le commande la politesse, pas?<br /> Peu importe que Madame Sinet réponde à la place de son mari (d'ailleurs, c'est elle la rédac'chef, selon l'ours).<br /> (ça m'a permis de placer le mot "ours" et deux conditionnels passé)<br /> Mr Joubert, Backchich N°1 est paru, et, en gros, c'est très bien. Bon courage.
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B
La réponse reçue par Samuel (le commentaire précédent) me pousse à apporter ici une précision, une seule, sans répondre point par point à Catherine Sinet. Je voudrais juste ne pas laisser passer les mots "une chronique sur la possible censure d'un journal" qui semble jeter un doute sur ma fiabilité de journaliste. La triple interdiction (c'est le niveau maximal que prévoit la loi) de la revue "Top vision" est attestée par un arrêté du ministère de l'Intérieur signé le 19 mai 2009 et paru au "Journal officiel" le 5 juin :<br /> http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020692232<br /> Cette interdiction a été réclamée à deux reprises par la Commission de surveillance, les 2 avril et 11 décembre 2008. Parallèlement, le 23 mai 2008, la Commission a adressé une note à la Direction des affaires criminelles et des grâces pour lui suggérer des poursuites pénales sur la base de l'article 227-24, et le 15 juin 2008 le Parquet de Paris a ouvert une enquête sur les conditions de diffusion de la revue. Enfin, avant de prendre son arrêté, le ministère de l'Intérieur a effectué la procédure contradictoire qui consiste à prévenir l'éditeur, par lettre recommandée, qu'on a l'intention de l'interdire.<br /> Ces détails complexes, je n'avais évidemment pas la place de les préciser dans un journal rigolo qu'on lit en faisant caca ou en buvant un café. Mais lorsque j'écris qu'une revue vient d'être interdite, je sais de quoi je parle, j'ai les documents administratifs sous les yeux, ce n'est pas du on-dit.
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