Elinor Glyn (1864-1943)
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Would you like to sin
With Elinor Glyn
On a tiger skin
Or would you prefer
To err with her
On some other fur ?
[Je ne vous infligerai pas une traduction mirlitonesque incapable de restituer la beauté allusive et très marrante de ce sixtain.
Si vous ne jactez pas la langue de Martin Amis, débrouillez-vous, faites-le vous lire à haute voix.]
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J'apprends qu'Elinor Glyn est morte un 23 septembre. Excellente raison d'avoir une pensée pour cet écrivain formidable qui s'était baptisée « grande prêtresse du Dieu de l'amour ». Elle n'eut de cesse, dans une trentaine de romans totalement sous-estimés dans nos contrées barbares(*), de « repousser les limites de la représentation sexuelle ». J'ai vaguement le souvenir qu'elle fut amie du grand D.H. Lawrence, mais qu'elle provoqua moult grincements de dents chez quelques consœurs sympathiques mais nettement plus coincées. (Dorothy Parker, critiquant ses livres, lui réserva par exemple quelques insultes bien senties.) Elinor Glyn fut évidemment scénariste, elle réalisa et produisit une poignée de films et fit même quelques apparitions devant les caméras. C'est en 1927 qu'elle publia It, son roman le plus connu. Le mot («Ça»), qui n'entretenait qu'un rapport très lointain avec la théorie freudienne, désignait ce qu'on appelle dans Le Figaro Madame le sex-appeal. Il qualifia bientôt l'indispensable Clara Bow : the It Girl.
(*) Les habitués des brocantes dominicales peuvent se mettre en quête des trois seules traductions françaises d'Elinor existant à ma connaissance. Elles ont été publiées au début des années 1980 par J'ai Lu, à l'époque dans le giron de Flammarion: Ardente Amaryllis (The Price of Things, 1919), Mystérieuse Alathéa (Man and Maid , 1922) et Sauvage Kamala (The Great Moment, 1923).
Clara Bow, It-self
Quel que soit l'accent qui nous accable, lire ce sixtain à haute voix est un délice… et la traduction vient en langue hissant. Et bravo pour le commentaire.
J