Art Tatum, 13 octobre 1909
Arthur Tatum Jr, 13/10/1909 - 5/11/1956
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« Yesterdays »,
de Jerome Kern & Otto Harbach, 1954, Spike Jones Show
Son aisance affolante annonce l'ironie
Anxieuse et bientôt s'affolant de Parker,
Comme si ses doigts d'or avaient frôlé ce cœur
Impatient d'oiseau. L'agile rhétorique
Alors s'embrase et monte en un catégorique
Appel à l'impossible azur (où Bud Powell
Vit Tatum incarner sa Pâque et son Noël).
Ces arpèges maudits dont Tatum fut prodigue,
Ces accords ambigus ont creusé sous la digue
Ancienne une brèche où la vague du bop
S'est engouffrée. Et sans doute Tatum est trop
Pédagogue s'il ornemente une ballade,
Mais la même arabesque en tempo vif, ah là de
Grâce écoutez comme elle vole au mouvement
Pur son audace péremptoire (et notamment
Le break de Battery Bounce en petit orchestre,
Auprès de quoi même Jamal parait pédestre).
Qu'ajouter ? On dira toujours : il en omet.
Car plus qu'un précurseur, Tatum est un sommet.
Parfois il nous contraint lui-même à redescendre
Parmi tant de joyaux célestes vers la cendre,
Mais - toucher de zéphyr et tempo de granit,
Swing et vélocité portés jusqu'au zénith -
Il conduit, solitaire et palingénésique,
L'hymne que la musique élève à la musique.
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Extrait de :
choisi par Raminagrobis, comme il se doit
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