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le vieux monde qui n'en finit pas
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3 novembre 2009

L'origine des sexes, par Jean-Pierre Brisset

Encore un titre accrocheur qui va faire exploser mon compteur chez Google. Mais Brisset le mérite amplement. Le «prince des penseurs» (qui est né trente-sept ans avant Jarry, nous signale-t-on, et lui a survécu douze ans) est d'ailleurs un habitué de ce blog, comme on peut le vérifier en le traquant ICI.

Actualité. J'ai trouvé tout à l'heure un nouveau livre de Jean-Pierre Brisset. Un faux livre, puisque L'Origine des sexes, annonce d'emblée son excellent préfacier, Claude Gudin, est constitué d'extraits de La Grammaire logique résolvant toutes les difficultés et faisant connaître par l'analyse de la parole la formation des langues et celle du genre humain (1883), Le Mystère de Dieu est accompli (1890) et La Science de Dieu ou la Création de l'homme (1900).

Nonobstant, les collectionneurs et autres fétichistes de ce fou littéraire, linguiste, confrère de Darwin et ami des grenouilles (un de nos préférés) devront se dépêcher: ce petit livre est un hors-commerce, publié par L'esprit du temps, collection «Les textes essentiels», entre Bordeaux de François Mauriac, J'ai marché sur la lune de Neil Armstrong, Je me souviens de Boris Cyrulnik (qui n'est pas très doué pour trouver des titres originaux), J'étais à Tian'anmen de Cai Chongguo, et autres fa dièses.

En voici deux extraits. Le premier (p. 27-28) traite de la différentiation sexuelle, le second (p. 79-80) de la station debout. Vive Brisset !

alfred_jarry
( Brouillons les pistes )

L'histoire de la femme est écrite dans son nom. Ce sont des impératifs: famé, fais-moi, femme; damé, dame, donne-moi; mulier, moglie, mo, li, ici, tout de suite. Éva. Eh ! va. Va, marche. Et l'homme comment s'appelle-t-il? Adam, au repos. Dans le dialecte bas-normand, on dit mettre adan ce qui ne doit pas bouger. Homo, uomo, homme. Au mot. C'est la demande de l'obéissance instantanée. Être humain, c'est obéir immédiatement à l'appel du nécessiteux. C'est bien plus beau que nous ne le pensions! Que dit la femme à l'homme? Mâlé, mange-le, le mâle. C'est l'impératif du premier verbe d'où est sorti: manger, mâcher, mastiquer. Si or, oui, tout de suite, c'est l'italien. Nous avons passé par l'Italie, si or est devenu si eur. Puis vers l'époque où sior devient signor; sieur devint seigneur et sire. Pourquoi? C'est que la femme a des révoltes: elle prononce sieur comme scieur. L'enfant est aussi un serviteur: i fa, va, travaille. Et les serviteurs: I famé, va, fais-moi. Ce sont les infâmes; on leur dit aussi à chaque instant: damé, donne-moi. Ils deviennent des damnés et des condamnés.

~

Tous les mots expriment dans leur idée première un ordre de se dresser, de s'élever, de se tenir droit. La parole élève l'âme. L'ancêtre se résolut difficilement, autrefois comme aujourd'hui, à marcher droit. Il eut besoin de nombreuses corrections pour prendre la corps-rection. Corps érige-toi, disait-on au rampant pour le corriger; corrige-toi. Je vais te corps ériger, te corriger. Il est bien corps érigé, corrigé. Dans maint dialecte on entendra encore le son é dans le mot corriger. Dailleurs riger = ériger et dresser. Ai rigé = j'ai dressé. Ri vaut aussi droit, car rigé est formé de ri j'ai = j'ai ri, droit ou raide. Par conséquent le rire était provoqué par ceux qui voulaient se dresser et retombaient piteusement par terre. Je ris, je me ris valait: je me tiens droit et, ce disant, l'ancêtre retombait. Je ris, je ris, criait l'autre en riant. C'est l'origine du rire involontaire qui nous prend, alors que nous voyons quelqu'un tomber ridiculement. La bête rampante qui est en nous jalouse ceux qui s'élèvent et se gausse de leur chute: Pattes à terre as, patatras !

jean_pierre_brisset

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Commentaires
B
C'est un mec dans le genre de Brisset qu'il faudrait en France comme ministre de l'Education nationale. Il était sans doute moins fortiche que Frédéric Mitterrand pour enculer les petits Thaïlandais pauvres, mais quel fin pédagogue !
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