Les Turcs à Amiens, suite
Visible au festival d'Amiens, dans la rétro « Studios de Yesilçam »
Vurun Kahpeye (Frappez la putain)
d'Ömer Lufti Akad, 1949
Ce premier film mythique de Lufti Akad vient d'être restauré par la Fondation Groupama Gan. Cet organisme, qui se penche actuellement sur le sort des films de Pierre Étaix, a également nettoyé en 2009 les négatifs des Vacances de Monsieur Hulot (Tati, 1953) et de deux documentaires de Manuel de Oliveira, As Pinturas do Meu Irmäo Julio (1965) et Lisboa Cultural (1983) [ à l'intention des programmateurs en quête de bonnes idées: la liste complète est ICI ].
Vurun Kahpeye est tiré d'un roman de Halide Edip Adivar, militante aux côtés d'Atatürk pendant la guerre d'indépendance, et considérée comme la première Turque à s'être battue pour les droits de son sexe. Son livre et le film qu'en a tiré Akad en 1949, typique d'un néoréalisme à la turque - panaché de mélodrame, de comédie et de film patriotique - sont des monuments de la culture populaire kémaliste (laïque). Le titre, nous dit-on, est entré dans la langue de tous les jours. Ça raconte l'histoire d'une institutrice de province qui cherche des noises à l'imam intégriste du lieu et ses copains, tous des machos barbus. Comme diraient les autres, une sorte de Don Camillo ottoman. Sauf que Sezer Sezin (dans la version de 1949) et Hale Soygazi (dans le remake de Halit Refig, 1973) sont plus jolies que Gino Cervi. Quel dommage d'être coincé si loin d'Amiens.