Lectures pour tous : Tout Charles Fourier

Avant de s'égailler vers les plages normandes ou les pentes pyrénéennes avec les 17 kg des œuvres complètes du grand Charles (1772-1837), on peut  se taper l'indispensable introduction filmée que nous devons aux éditions De Terre Neuve (Nicole Chosson, 24 rue du Château-Landon, 75010 Paris). C'est un DVD, sous la forme d'un exposé d'une centaine de minutes, palpitant d'intelligence et d'érudition, de la formidable Simone Debout. Pas une seconde d'ennui. Il n'est jamais trop tard pour combler les lacunes.

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Pourquoi Fourier aujourd'hui ?

« Parce que, après l’échec de la Révolution, la "catastrophe de 1793", les Lumières et les théories rationnelles en défaut, "il faut, déclare-t-il, ouvrir de nouvelles voies au génie politique".

« Utopiste, visionnaire d’un ailleurs irréel, dit-on, mais fort de sa vision, Fourier dénonce les fléaux du système civilisé et de l’ordre répressif : "indigence, fourberie, oppression, carnages, intempéries outrées, maladies provoquées, égoïsme général..." À ces maux et à la pensée univoque qui menace de transformer la volonté de se faire "maître et possesseur de la nature" en défaite humaine totale, Fourier oppose la réalité primordiale, sensorielle et affective, les diverses modalités du mouvement passionnel vers autrui, vers les choses, vers le monde naturel et humain, une puissance de liens originelle sans laquelle il n’y aurait pas d’existence humaine, pas de passage de l’espace du dedans à l’espace du dehors, pas de savoir, donc, du monde ni de soi-même. Un projet en rupture radicale puisqu’il entend libérer ce qu’on a toujours voulu juguler, les potentialités de la "nature intentionnelle des hommes" jusqu’alors enfouies, inexplorées mais auxquelles la science moderne, le développement de l’agriculture et de l’industrie pourraient offrir les chances d’un plein essor, à la condition toutefois que la production des richesses matérielles, nécessaires à l’harmonie sociale, soit rapportée aux "convenances de l’homme", de tous les hommes, de tous les peuples.

« Contre l’emportement effréné des forces productives qui, pour le seul profit des maîtres du pouvoir, dévaste la Terre et par conséquent les sociétés, Fourier veut éveiller les forces de résistance passionnelle, mobiliser, éduquer, relier et conjuguer les désirs, de sorte que l’économie, le commerce ne soient qu’un préalable aux échanges passionnels et, partant, à l’imagination, à la pensée, à la vraie vie. »

Simone Debout

Le mot de l'éditeur

Charles Fourier, le "rêveur sublime" auquel André Breton décerna le roseau d’Orphée, a trouvé langue en la personne de Simone Debout. Elle a dirigé l’édition des œvres complètes de Charles Fourier (1772-1837), parmi lesquelles figurent de nombreux inédits et surtout le très important Nouveau Monde amoureux. L’entretien filmé donne à partager une rencontre avec Simone Debout; il montre comment, dans la fréquentation de cet utopiste absolument original, elle s’est faite partie prenante de sa pensée. Outre l’amour, c’est aussi l’éducation, la nature et le travail que Fourier a critiqués et recréés. Simone Debout transmet cette pensée des possibles à ceux qui cherchent des ouvertures pour vivre aujourd’hui.

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Comments

[les amis du nega]

Ce n'est pas parce que nous serions furieusement "fouriéristes" que nous relayons avec considération l'ouvrage en question, mais bien plutôt parce que le débat qui va au delà d'une perception "utilitariste" du monde et de l'organisation des sociétés "entre elles" aura été insuffisamment posé dans presque l'ensemble des mouvements concourant à critiquer l'ordre existant.

Si ce n'est toutefois par ces quelques brillants fragments, en joyeux électrons libres, qui excitaient tumultueusement au dépassement de tout ce qui existe regroupés éphémèrement dans des associations affinitaires informelles de toutes natures incitant au dépassement.

L'aventure ne fut pas des plus aisée et elle continue de ne l'être pas! (le "canyonning" des thons, le raffting et le con à l'élastique auxquels se livrent "les p'tits cadres" à l'occasion de leurs vacances, sous la tutelle éclairée et vigilante de leurs DRH, à côté c'est de la vraie gnognote comparée à la résistance en vue de seulement tenir au moins debout contre ce qui nous attend! (que d'aucuns semblent attendre sinon appeler de leurs vœux à la con, histoire d'avoir un peu raison et prendre pied dans l'histoire de la gestion maitrisée de l'aliénation!).

Va bien falloir qu'on s'marre!!!

Le riche débat encore par trop isolé à notre gout en dépit le l'immense progression de l'insatisfaction , attend son heure, aussi n'est-il pas vain de le reprendre depuis le début!

Nous entendons bien y participer festivement!
Steph/les amis du négatif/nosotros...