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le vieux monde qui n'en finit pas
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4 juillet 2011

Le galapiat de l'Age d'Homme

repiqué sur le site de Noël Godin, cet éloge de « Dimitri », que je cosigne des deux mains

 dimitri

« L'âme damnée des éditions suisses de l'Age d'Homme, Vladimir Dimitrijevic, s'est tué en voiture le mardi 28 juin 2011 sur le parcours Lausanne-Paris, peut-être en s'endormant au volant car il connaissait bien la route et ce n'était pas un homme à fausses manoeuvres.

« Certes, comme on l'a trompeté dans les médias, Dimitri était certainement le tout dernier grand seigneur de l'édition sans concessions. Certes, il a fait beaucoup beaucoup pour la vraie littérature, celle des pays de l'Est en particulier, en prenant tous les risques et sans jamais se ménager (quand on s'étonnait qu'il dorme dans sa camionnette pendant la Foire du livre de Francfort, il répondait qu'avec ce genre de petites économies, il sortait chaque année quelques bons livres de plus). Certes, il avait plein de charme et de panache, savait bougrement bien écouter les autres, ne cherchait aucunement à imposer ses points de vue souvent radicaux sur tout, manifestait un constant recul ironique par rapport aux choses de la vie et de la mort et s'avérait être, quand il était réellement touché par quelqu'un, le plus jusqu'auboutiste des amis.
« Mais ce qu'on sait, nous, ses camerluches anarchistes bruxellois, c'est que c'était aussi un fieffé pendard qui n'avait jamais les foies verts.
« C'est sans sourciller et sans me chipoter sur un mot qu'il a édité en 1988 ma monstrueuse Anthologie de la subversion carabinée de 800 pages, un florilège d'appels aux crimes justiciers qui auraient pu lui valoir bien des chardons. Je ne suis pas prêt d'oublier le soir où me conduisant sur le plateau d'Apostrophes de Pivot, il m'avait sussuré dans l'oreille à l'ultime moment plutôt que d'essayer de me tempérer: "Surtout, Noël, n'en faites qu'à votre tête."
« Autres souvenirs canon, maintenant, ça peut s'ébruiter, Vladimir Dimitrijevic a trempé éhontément à deux reprises dans des attentats pâtissiers ayant pour cible Bernard-Henri Lévy lors de la Foire du livre de Bruxelles, en l'an 2000, c'est lui qui a transporté l'artillerie chantilly fatidique à l'intérieur de la forteresse. Lors de la semaine du livre de Paris de 2006, c'est sur son stand des éditeurs suisses réunis où l'on avait improvisé un cocktail que les conspirateurs pâtissiers ont pu préparer l'assaut sans éveiller la méfiance.
« Rappelons également que l'Age d'Homme compte parmi ses auteurs maison quelques hautes figures de la révolte épicée parmi lesquelles Marcel Moreau, Georges Darien, Octave Mirbeau, Paul Nougé, Max Stirner, G.K. Chesterton, la Bande de Mélusine ou mon frère d'armes Robert Dehoux (Le Zizi sous clôture inaugure la culture) dont les bouchages nocturnes de serrures de banques ou de sanctuaires amusaient beaucoup Dimitri.
« Pour toutes ces raisons-là, mais bien d'autres encore, (la toute vraie fondue, notamment, qu'il nous avait fait découvrir à Genève), Sylvie et moi nous estimions et aimions foutrement fort le loustic. »

Noël Godin

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Commentaires
G
Hello Charles,<br /> <br /> Je n'aurais pas mis ce commentaire si j'avais su que les canards étaient déjà inondés, comme tu dis, de rappels du même genre. Il va de soi qu'un éditeur peut tout publier, et je n'aurais jamais reproché à Dimitri sa tendance (que je viens de découvrir) à publier de préférence l'extrême droite (Volkoff, Gripari...). J'évoquais plutôt ses activités extraéditoriales, non pour les condamner mais pour ne pas les oublier.<br /> <br /> En fait, nous touchons à quelque chose de plus profond, ce côté "Jekyll & Hyde" que nous avons tous, peut-être. Quand Faurisson publiait chez Pauvert un texte sur Rimbaud qui m'enthousiasmait, qui aurait prévu qu'il allait devenir le pape du révisionnisme et l'ami des néonazis ? Et l'ami Paucard, écrivain délicieux, qu'il allait finir à Radio-Courtoisie ?<br /> <br /> Dimitri (je l'ai rappelé) a publié bien des livres formidables, comme celui de Noël. Ensuite, il s'est rendu complice très actif d'une bande d'assassins (Milosevic, Karadzic...): j'estime qu'on ne peut pas le passer sous silence. Qu'il fût de droite, conservateur, mystique, c'est son droit. Malheureusement, il est allé plus loin.
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T
Cher Gérard,<br /> Il n'est pas question d'oublier quoi que ce soit, d'autant que la plupart des nécrophages qui inondent les canards, depuis dix jours, de leurs larmes sauriennes, n'ont retenu que cela: les prises de position pro-serbes de Dimitrijevic. On peut compter sur eux pour nous le rappeler. <br /> Secundo, ce blog n'est pas un journal d'information objective. J'ai choisi entre mille de relayer le billet de Noël parce qu'il s'agit précisément du témoignage d'un ami touché par la mort d'un proche et qu'il rappelle (ça, on risquait fort de l'oublier) que l'Age d'Homme a publié le livre le plus boutefeu de ces quarante dernières années (son Anthologie), sans parler des Moreau, Darien, Stirner, Breton, Dehoux et bien d'autres.<br /> Tertio, si l'on commence à flinguer les éditeurs pour crime de publications crypto-fascistes, comme tu dis, on n'est pas sortis de l'auberge. Ce ne sont pas les actionnaires du Seuil (qui se sont fait des couilles en or grâce à l'immonde Soljénitsyne) ou de Gallimard (qui continuent avec cette crapule de Céline) qui me contrediront.
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G
Moi, je veux bien... Et les nombreux livres de cinéma intéressants publiés par "L'Age d'Homme" vont dans le même sens.<br /> <br /> Cependant.. Cependant...<br /> <br /> Il ne faudrait quand même pas oublié, mon cher Noël, mon cher Charles, la "dark side" de cet aimable Dimitri qui fut AUSSI, au plus fort du conflit en ex-Yougoslavie, un chantre sans états d'âme de l'ultrationalisme serbe le plus chauvin.<br /> <br /> Avec quelques autres intellectuels "raffinés" (dont cet excellent Jean Dutourd, ici même justement vilipendé), il a signé des deux mains en faveur de Milosevic et de ses tueurs, et publié des textes crypto-fascisants. Bref, Dimitri fut lui aussi une ordure, j'ai le regret de devoir le rappeler. Peut-être pris d'une sorte de folie ou de vertige, dans des circonstances extrêmes, peut-être... Mais c'est ainsi.
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L
Hasta la vista , bonhomme...Sacrées bagnoles quand même , merde alors...
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