1925-2007
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j'ai un penchant fanatique pour les mathématiques, auxquelles je ne connais à peu près rien. jusqu'en 1960, j'étais fermement convaincu que la poésie concrète était la vague porteuse du futur. je suppose qu'en 1960 j'étais encore tellement sous l'emprise de ce que dick higgins appelle mes romans surréalistes (vers 1950-1954) que j'ai arrêté de composer des progressions géométriques, des permutations mathématiques et des déplacements de lettres, de syllabes, de phrases et de signes. j'en ai toutefois de nombreux en réserve, qui paraissent aujourd'hui encore dans des magazines et des anthologies. la technique concrète ne m'a jamais abandonné, et beaucoup de mes compositions et events récents portent l'empreinte de ces anciennes et familières progressions et permutations. de la loi et de l'ordre dans le chaos, par exemple, un poème que j'ai écrit en 1959
der mond ist grün
und voll dor mind
üst grun ond vell
dir münd ust gron
end voll dür mond
ost gren ond vill
dur mond est gron
ind vüll dor mend
ost grin ünd vull
der mond ist grün*
a servi de modèle à la collection élaborée des litanies and responses que j'ai écrites pour, et interprétées avec, alison knowles. dick higgins a écrit une litany piano piece for emmett williams pour les accompagner.
Emmett Williams, Notes et attitudes, 1965
in Fluxus dixit, une anthologie vol.1, textes réunis et présentés par Nicolas Feuillie,
Presses du réel, Dijon, 2002, "L'écart absolu"
* Note de l'éditeur. Sur la phrase "la lune est verte et ronde" est opéré un décalage progressif de voyelles, que l'on peut traduire par "la lune est verte / et ronde lu lene / est verte ot rande / le lene est vorte / et runde le lene / ast vurte et rende / le lone ast vurte / et rende lo lane / ust verte et rende / la lune est ronde".
merci à gnouf-et-boudou, décembre 2011