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29 août 2012

Sur Michelle Martin et les appels à la haine : « Justice n'est pas vengeance »

[Plusieurs amis de Bruxelles et Louvain m'ont fait parvenir cet appel, daté du 28/8/2012. Malgré quelques effets de manche un peu agaçants - dame, il est rédigé par des juristes et des psys -, je me suis dit qu'il fallait le faire circuler et le publier ici. Et le signer. ]

« La Cour de cassation s’est prononcée, Michelle Martin est libérable. Nous sommes quelques-uns qui de par notre profession (juriste, psy, journaliste, intervenant social, historien, sociologue) et notre travail quotidien craignons une nouvelle déferlante d’émotion. Nous pensons au contraire qu’il est temps de faire place au silence, à la pensée... Si vous partagez cette idée, nous vous invitons à cosigner le texte ci-dessous qui sera rendu public demain, mercredi à 18h. Vos collègues et amis sont les bienvenus.

Place au silence

« Ces dernières semaines, nous nous sommes tus. Nous nous sommes tus pour laisser la Cour de Cassation travailler. Nous nous sommes tus malgré le vacarme et malgré le fait que trop souvent les médias, prétendant relayer l'opinion,  la construisent et attisent l'émotion bien plus que la pensée. Regrettable.

« Aujourd’hui, la Cour vient de rappeler que la justice n’est pas la vengeance. Rappel salutaire.

« L’émotion ne devrait pas exclure la dignité, soit un équilibrage rendu possible par la pensée.

« Pouvoir penser, c'est sans doute ce qui a manqué le plus à Michelle Martin il y a plus de quinze ans maintenant.

« Pouvoir penser, c'est ce qui fait défaut aujourd'hui aux représentants des victimes qui tentent de faire de la justice une entreprise privée, loin de l'intérêt collectif et du respect des libertés individuelles.

« Pouvoir penser, c'est ce qui manque aux hommes et aux femmes politiques qui "comprennent" l'émotion en lui donnant raison jusque dans ses dévoiements.

« Pouvoir penser, c'est ce qui manque aujourd'hui aux commentateurs haineux, sadiques et insultants qui s'exhibent avec la complaisance de presque toute la presse... [...]

[On trouvera ICI la version intégrale de cet appel, le formulaire pour s'y associer et la liste des signataires, ainsi que des liens avec d'autres textes sur le tobu-bohu provoqué par l'élargissement annoncé (et légitime) de Michelle Martin. Pour une description de l'hystérie qui menace de s'emparer du royaume, on consultera ses mass médias préférés. Ceux-ci ne manqueront pas, photos croustillantes à l'appui, de tartiner sur "la Belgique face à ses démons", ce genre de stupidités. Les lecteurs adorent ça.]

fury2

Fury (Fritz Lang, 1936)

Sur le site susmentionné, on lira notamment le texte d'Antoine Leroy, La justice n'est pas la vengeance (4/8/2012), qui commence ainsi :

« Non, je suis désolé, mais je ne trouve pas monstrueuse la décision prise par le Tribunal d’application des peines de libérer Michelle Martin, conformément à la loi, étant entendu que, selon les informations disponibles dans la presse, elle était admissible à cette libération depuis plus de cinq années et qu’une décision analogue avait déjà été prise il y a plus d’un an, mais n’avait pu être mise en œuvre pour des raisons pratiques.

« Par contre, je suis effrayé par ces projets de marches de la haine, ces propos orduriers, voire ces appels au meurtre, diffusés sur Internet, suivis de ces dégradations commises au préjudice de cette communauté religieuse qui a le tort d’accepter en son sein celle dont personne ne veut, contraignant la police à protéger cette institution et ses membres.

« Ici encore, la passion l’emporte sur la raison, sans doute parce que l’opinion publique ne parvient pas à distinguer la justice de la vengeance. Déjà dans les sociétés primitives, le corps social s’est aperçu que la vengeance, qui implique la punition de l’auteur d’un fait délictueux par celui qui s’en estime préjudicié, devait être institutionnalisé afin d’éviter le chaos. Cette confiscation du "droit" individuel de vengeance de la victime au profit de la société s’appelle la justice. On ne peut pas violer celui qui a violé, on ne peut torturer celui qui a torturé et on ne peut occire celui qui a tué [...] SUITE

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