Imamura : « Il n'est pas de guerre sainte. »
Le 11 septembre de Shohei Imamura : "Il n'est pas de guerre sainte."
Quelques mois après le 11 septembre 2001, des producteurs français qui se croyaient malins, commandèrent à onze réalisateurs venus d'un peu partout, autant de courts métrages d'une dizaine de minutes censés s'inspirer des attentats. L'ensemble fut baptisé 11'09''01 - September 11 et sortit en France et ailleurs le 11 septembre 2002. En gros, pas de quoi fouetter un chat sunnite. On y trouve le lot habituel d'exercices sympathiques mais sans vraie flamme (Youssef Chahine, Ken Loach, Idrissa Ouedraogo), de contributions inutiles (Sean Penn, Samira Makhmalbaf, Danis Tanovic), l'idiot de service (le sketch concocté par Claude Lelouch pour l'actrice sourde Emmanuelle Laborit (qui n'entend pas le World Trade Center s'écrouler à cent mètres de là) est un sommet d'imbécillité inégalé par le cinéaste lui-meme), un imposteur absolu (Alejandro Inarritù) et une brillante réussite (le fragment israélien d'Amos Gitai). Pour rattraper le tout, on gardera en mémoire la fable paysanne de Shohei Imamura, cruelle et mystérieuse, pessimiste, totalement irrécupérable et violemment antiguerre ("Il n'est pas de guerre sainte", assène-t-il au barbu saoudien en meme temps qu'aux crétins galonnés en poste à Washington). Ces onze minutes sont le dernier film de cet immense cinéaste, qui est mort trois ans et demi plus tard.