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le vieux monde qui n'en finit pas
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25 novembre 2012

Poto and Cabengo

Grace et Virginia, l'idioglossie, Jean-Pierre Gorin

Qui se rappelle que Poto and Cabengo est un des plus beaux films du monde ?

 

Cher Jean-Pierre,

« [...] dans Poto and Cabengo, tu t’insères dans le paysage mental de tes sujets par une combinaison étonnante de roublardise et de séduction – en "petit Français" qui se prend pour un héros de Chandler et s’immisce, avec son équipe et sa caméra, dans une famille de white trash [petits Blancs] pour y démeler les écheveaux d’une intrigue linguistique popularisée par les médias. Nées de père américain, vétéran de l’armée de l’air et comptable au chômage, et de mère allemande, deux petites jumelles ont développé un langage incompréhensible au reste du monde. Sont-elles débiles mentales ? Ont-elles inventé une nouvelle langue ? Ou est-ce la version "créolisée" de conversations entendues à la maison ? Là aussi tu te mets en scène, tu prends des risques. « On ne peut être étranger que dans un langage qui n’est pas le sien. » De ce point de vue, ton rapport à l’anglais n’est pas moins énigmatique que celui des jumelles, et tu ne te prives pas de déconstruire ton propre usage de la langue, de te couper la parole, de "geler" un mot en suspens au milieu d’une phrase. Mais, pour les petites, tu es dans la même position d’autorité que les parents plutôt coincés, la grand-mère qui ne parle que l’allemand, ou les éducateurs sottement imbus de leur "mission": tu leur donnes des phonèmes à répéter, à déformer, à se renvoyer, comme ces bouts de glaise ou de pâte à modeler qu’elles se passent l’une à l’autre dans une de ces scènes les plus fascinantes du film, à laquelle tu ne cesses de revenir, où le rapport entre le "charabia" des gamines et leur rapport ludique à l’espace s’étale sur l’écran. [...] [P]our les jumelles ton arrivée change tout. Leur espace s’élargit. Tu les emmènes au zoo, à la bibliothèque. Et là, c’est elles qui te perdent. D’abord il y en a une qui te fait le coup du charme, et ne te laisse pas indifférent. Puis leurs réactions te laissent perplexe: elles courent, ouvrent et manipulent les livres comme de grands jouets incongrus, te laissent haletant derrière elles, tout juste capable de crier, avec un certain ridicule, les derniers balbutiements d’une subjectivité "européenne": "Restez-là un peu ! Une seconde... Vous ne voulez pas écouter Mozart ?" »

Bérénice Reynaud, Valencia (Ca), septembre 1993
Extrait de Letter to J.-P., in plaquette « Jean-Pierre Gorin »,
Rencontres cinématographiques de Dunkerque, (dir. Jacques Déniel), 1993

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Commentaires
F
Bonjour,<br /> <br /> Impossible de trouver ce film....<br /> <br /> :(<br /> <br /> Florian
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