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le vieux monde qui n'en finit pas
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5 mars 2013

Lectures pour tous : Jean Rolin

lindsay lohan

Lindsay Lohan

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« Une dizaine de kilomètres au-delà du col de Khargush, la piste qui relie Alichur à Langar rejoint le cours de la rivière Pamir. Puis la piste et la rivière, qui à ce niveau marque la frontière avec l’Afghanistan, cheminent un moment de concert, jusqu’à ce que la seconde, en aval de Langar, conflue avec la rivière Wakhan pour former le Pianj, lequel donnera naissance à l’Amou Daria après s’être grossi des eaux du Gunt, du Bartang, du Yazgulem, du Vanj, du Khumboh, du Minob, du Bag et du Vakhsh, pour ne citer que quelques-uns de ses affluents. Sur la dernière partie de son cours, la rivière Pamir coule entre les massifs du Shakhdara, à l’ouest, en territoire tadjik, dominé par les sommets jumeaux des pics Karl Marx (6723 m) et Engels (6507 m), et le massif de Wakhan, à l’est, en territoire afghan, culminant au Koh-e Pamir (6320 m). Et peu avant le début de cette descente en lacets, vertigineuse, sujette aux glissements de terrain, par laquelle la piste rejoint le bourg de Langar, on voit se dresser vers le sud la muraille assez régulière, couverte en toute saison de neige et de glace, formé par les sommets enchainés de l’Hindu Kuch, dont aucun n’est nférieur à 6000 mètres, et dont la ligne de crête marque la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan: si bien qu’aussi longtemps que la piste menant à Langar, le long de la rivière Pamir, ménage cette vue sur l’Hindu Kuch, celui qui l’emprunte a le privilège d’embrasser d’un seul regard (pour peu qu’il fasse l’effort de tourner légèrement sur lui-même) le territoire de trois pays, en même temps qu’un bouquet, ou une gerbe, de sommets parmi les plus hauts de la planète. Et c’est là, dans l’angle rentrant formé par un lacet de la piste, au pied des pics Karl Marx et Engels (le second de ces géants de la pensée privé de son prénom par la toponymie soviétique, peut-être en raison de la difficulté de transcrire Friedrich en russe, surtout dans une zone montagneuse où la place manque pour reporter les noms sur les cartes), c’est là que Shotemur vient de ranger sur le bas-côté son gros 4x4 Lada, tout couvert de poussière, puant l’essence et le caoutchouc brûlé, après qu’un coup de téléphone l’a alerté, tôt dans la matinée, sur la présence en ce lieu de trois corps non identifiés. Par bonheur, les trois cadavres sont encore frais, et aucune odeur de décomposition ne se mêle à l’air merveilleusement pur de la vallée. »

Jean Rolin, Le ravissement de Britney Spears, POL, 2011

[clin d'oeil du jour, à Thierry]

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