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12 septembre 2018

30 ans de subversion carabinée (14) Félix Fénéon

Nous célébrons le trentième anniversaire de l’Anthologie de la subversion carabinée de notre cher Noël Godin. Pendant cent jours, des auteurs choisis au hasard dans le sommaire du livre sont ici proposés, avec un ou deux extraits pris au hasard dans le chapitre à chacun consacré. L’exercice est gratuit, paresseux et purement incitatif. Pour le reste, démerdez-vous. Réimprimée plusieurs fois, l’Anthologie est encore en vente libre (éditions de l’Âge d’homme), grâce à elle c’est Noël tous les matins. Achetez-la, volez-la, donnez-la ou partagez-la, mais lisez-la.

Aujourd’hui : Félix Fénéon (1861-1944)

félix fénéon

Pour l’échange de bons procédés (1893)

« Décidément, le respect de l’autorité et le prestige de l’uniforme ne se manifestent plus guère qu’en de pauvres cervelles. À Argenteuil, un gendarme a été rossé d’importance par un particulier sans doute tracassé et malmené naguère par le soudard pour un simple délit de chasse. Qu’importe le motif de représaille: l’essentiel est que Pandore a été corrigé et qu’il eût été impitoyablement occis sans un de sa bande arrivé juste à temps pour le dégager. Le plus regrettable c’est que Grimban – le courageux agresseur à qui nous adressons notre franche sympathie – n’a pu, malgré son énergie, résister aux deux sbires qui purent le ficeler et traîner à la gendarmerie, où certainement, dans un coin, il dut être assommé par toute la brigade sonnée à cet effet. Ce qui stupéfie les feuilles soumises racontant l’histoire, c’est que durant la lutte, nulle intervention ne se produisit de la part des deux cents personnes qui faisaient cercle autour des deux adversaires. Cette indifférence est déjà de bon augure pour nous, mais c’eût été plus réjouissant encore si la foule avait délivré le prisonnier. Ça viendra ! »

« Le compagnon Liard, de Bordeaux, vient d’être condamné à quatre mois de prison pour avoir tenté d’empêcher un ouvrier de trahir ses camarades grévistes en se vendant à vil prix au patron; Gustave Mathieu à un an, pour avoir rendu service à une mégère suspecte en lui déménageant des tonneaux de vernis qu’elle voulait sauver des griffes de créanciers menaçants. Comme les capitalistes et leurs magistrats à gages sont maladroits dans leur défense lorsqu’ils croient annihiler les propagandistes en les captivant ! Liard et Mathieu ne font que changer de milieu et prêcheront la Révolte à leurs codétenus avec d’autant plus de succès que les réprouvés qu’on enferme n’ont plus rien à espérer de la Société. Dehors, nos amis ne réussissaient peut-être qu’à faire de lamentables grévistes ou de discutables insoumis. En prison, il prépareront des destructeurs. »

« Les feuilles publiques racontent qu’un journalier ne trouvant plus à se vendre s’est jeté dans la Seine, abandonnant trois enfants malades, dans le plus complet dénuement. Le respect de la propriété est idiot. On ne peut voler que ce qui appartient à autrui. Or, rien n’étant à personne, c’est faire le Mal que de se détruire en laissant les siens dans l’impossibilité de se subvenir, alors qu’il y a partout surabondance de produits. Et il est vertueux de déposséder quelqu’un pour satisfaire plusieurs. [...] »

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