Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 421 244
Newsletter
Derniers commentaires
21 août 2013

Lectures pour tous : Tim Willocks

willocks doglands

« Nous ne leur avons jamais fait de mal, grogna Argal. Tout ce que nous avons fait, c’est être leurs plus fidèles compagnons pendant des milliers d’années. Nous avons protégé leurs enfants, leurs maisons, leurs fermes. Nous avons mené leurs troupeaux de bovins et de moutons. Nous leur avons montré comment chasser. Nous avons combattu dans leurs guerres. Quand ils étaient perdus, nous les ramenions chez eux. Nous leur avons porté de la nourriture quand ils étaient affamés et nous avons sauvé leurs vies quand ils étaient mourants. Nous avons même balayé nos frères – les loups – au bénéfice des hommes et à notre plus grande honte, parce que les hommes nous demandaient de le faire. Aujourd’hui, nous capturons leurs criminels et nous reniflons leurs terribles explosifs et leurs drogues empoisonnées. Les riches nous utilisent pour avoir l’air encore plus riches, et les mendiants nous utilisent pour les aider à se payer leur alcool. Dans les nuits les plus sombres, nous leurs apportons le réconfort. Et dans leurs moments les plus ensoleillés, nous leur apportons la joie. Nous avons donné à la race humaine plus d’amour qu’aucune créature sur cette terre. Ils ont même le culot de nous appeler "le meilleur ami de l’homme". »

Argal regarda vers la maison de la mort. Puis il regarda Furgul. « Et voilà notre récompense. » [...]

« Ce que tu dois comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de nous, les chiens. Les humains exploitent tous les animaux. Nous avons tous quelque chose qu’ils veulent. Ils croient que la Terre a été créée uniquement pour eux. Ils prennent et utilisent les choses qu’ils veulent, et quand ces choses sont usées – ou qu’ils s’en lassent –, ils s’en débarrassent. De tous les êtres vivants, les humains sont les plus voraces, les plus impitoyables, les plus égoïstes, les plus trompeurs. C’est pour cela qu’ils règnent sur le monde. Et la vérité la plus terrible, c’est qu’ils se traitent entre eux avec encore plus de cruauté, de malhonnêteté et de stupidité qu’ils en ont envers nous, les chiens. Ils nous entravent avec des muselières et des colliers et des chaînes, oui. Mais les chaînes avec lesquelles les hommes entravent les autres – et eux-mêmes – sont plus solides que les barreaux de cette prison. »

Tim Willocks, Doglands, 2011, Syros (trad. Benjamin Legrand, 2012)

willocks

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité