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le vieux monde qui n'en finit pas
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13 novembre 2013

Lectures pour tous : Gustave Flaubert

yanne homais

Jean Yanne, le Homais de Claude Chabrol (1991)

~

« Je pense comme vous, madame, que la mollesse du lit lorsqu'on y joint l'habitude de la lecture peut devenir extrêmement funeste. L'inertie musculaire qui est trop complète ne contrebalance pas l'action céphalique qui est trop violente. [...] Et de là, palpitations, dégoûts, perte de l'appétit, les digestions se font mal, l'innervation se trouble, c'est la veille qui se change en rêve, le rêve en veille, le sommeil s'il se présente est perpétuellement agité par des épistomachies autrement dit cauchemars, et bientôt arrivent les différents phénomènes de magnétisme et de somnambulisme, avec les plus tristes résultats, les plus déplorables conséquences... [...]

« Des cavernes, continuait M. Homais, des spectres, des ruines, des cimetières, des faux-monnayeurs, des clairs de lune ; que sais-je ? toutes sortes de tableaux lugubres et qui prédisposent singulièrement à la mélancolie. Puis ajoutez que ces produits fiévreux d’imaginations en délire sont entachés de néologismes, d’expressions barbares, de mots baroques, si bien qu’on est obligé de se casser la tête pour les comprendre. Car moi, je vous avoue que souvent... je ne comprends pas vos auteurs à la mode ! – et je ne dis point les petits –, non, mais les plus célèbres, ceux qui ont de la réputation, ceux qui sont au pinacle ! – et je le répète encore une fois, c’est peut-être un défaut d’esprit, je le déclare en toute humilité, enfin je-ne-les-comprends-pas ; et je ne serais pas surpris, le moins du monde, que ces inventions où le bon goût, comme la langue et les mœurs, sont si audacieusement outragés, ne finissent par révolutionner jusqu’à l’organisme lui-même. Tout cela, bien entendu, ne s’adresse nullement à Mme Bovary qui certainement est une des dames que je considère le plus, sauf peut-être un peu d’effervescence, un peu d’exaltation. »

M. Homais et la lecture, passage supprimé de Madame Bovary
[reproduit dans le tome III (1851-1862) des Œuvres complètes de Gustave Flaubert qui sort ces jours-ci chez Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », sous la direction de Claudine Gothot-Mersch]

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Commentaires
L
Salut, <br /> <br /> on reconnaît bien là la profonde bêtise et l'esprit petit bourgeois de province étriqué de l'apothicaire! Voilà, en effet, ce qu'il aurait pu penser et dire de la lecture en général, et des romans populaires dont Emma a pu faire son régal en particulier...<br /> <br /> On comprend cependant pourquoi ce passage a été supprimé par son auteur de ce petit chef d'œuvre qu'est Madame Bovary: quelle lourdeur, quelle redondance dans les propos d'Homais (qui pourtant n'est pas avare d'emphase imbécile). <br /> <br /> On sent dans ce passage l'exercice de style scolaire et dépourvu de finesse de la part de Flaubert qui, à juste titre n'a pas dû juger bon de le faire figurer dans la version définitive du roman. C'était comme "l'épisode obligé" dans lequel Homais dénigre la littérature (ou plutôt un certaine littérature, que Flaubert lui-même devait mépriser, à savoir le roman populaire à la Eugène Sue, peut-on supposer...).<br /> <br /> Du reste, a quoi bon une nouvelle édition des œuvres complètes de Flaubert dans la Pléiade, avec des passages supprimés, inédits, etc? Je vois d'ici les sorbonites thésards de merde se précipiter chez Gibert pour acheter à prix d'or le précieux volume, gloser sans fin sur telle ou telle variante. Toute la connerie universitaire gerbatoire traînant dans la boue de son érudition la belle littérature... Beuark! Quelle misère!<br /> <br /> @+ ;-)
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