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le vieux monde qui n'en finit pas
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21 mars 2014

Mémoires d'un fils à papa, de Marcel Ophuls

Deux extraits choisis au hasard dans le livre de souvenirs de Marcel Ophuls, Mémoires d’un fils à papa (Calmann-Lévy, 2014): une évocation du dadais Karl Valentin (déjà cité ici, précisément le jour de la Saint-Valentin) et une croustillante histoire juive new-yorkaise de l'après-guerre. Le dernier film d’Ophuls, Un voyageur (Cannes 2013), devrait quant à lui parvenir bientôt sur nos écrans.

1

La véritable vedette de La Fiancée vendue était ce grand clown bavarois de Karl Valentin. [Il a été un des maîtres d’un autre grand Bavarois, Bertolt Brecht.] Très excentrique et hypocondriaque, il refusa dans son contrat de prendre le train de Munich jusqu’à Berlin pour la postsynchro, sauf s’il avait le droit d’être dans la locomotive pour surveiller le conducteur. Il improvisait la plupart de ses dialogues avec Liesl Karlstadt qu’il appelait Das Fraülein. Un jour, en extérieur, sur une grande pelouse, entre les prises, le jeune Max [Ophuls], perdu dans ses pensées, mâchait un brin d’herbe. Soudain, le grand Valentin s’est approché de lui. « Ne faites pas ça, Maxl, on peut en mourir! Jetez cela tout de suite! » Quelques années plus tard, en 1938 ou 1939, une lettre en provenance de Munich est arrivée chez nous, en France, au 10 rue Ernest Deloison, à Neuilly. L’enveloppe contenait une coupure de presse: « Heute morgen ist der Knecht Alois Krutzenmacher im Krankenhaus von Wasserburg an einer Spaltpilz Vergiftung gestorben. » [« Ce matin, à l’hôpital de Wasserburg, un valet de ferme est mort d’un champignon qu’on trouve parfois dans les brins d’herbe. »] Cette annonce était suivie de « Beste Grüsse, Karl Valentin. »

karl et liesl

2

Cher lecteur, connaissez-vous cette histoire juive? Un vieux couple arrive à New York. Un membre de leur famille les a logés à Brooklyn. À l’heure du petit déjeuner, le premier jour, Sarah dit à Isaac: « Tu devrais descendre nous chercher quelques oranges. » Le vieux bonhomme fait ce qu’on lui demande, remonte et s’effondre dans l’escalier dix minutes après. « Qu’est-ce qui t’arrive? » lui demande Sarah. Et Isaac lui répond: « Ah ma vieille, il va encore falloir foutre le camp. Quand j’ai demandé des oranges, le vendeur m’a demandé : "For juice?" Et j’ai répondu : "Yes." Et il a dit : "Take the small ones." »

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