Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 419 835
Newsletter
Derniers commentaires
26 novembre 2014

Lectures pour tous : Andrés Caicedo, et les films de Luis Ospina

« Mes amis, ma chevelure a perdu de son éclat. D’or elle est devenue cendres. Non que quiconque puisse le voir aujourd’hui, à l’heure où je fais ce récit, car ces cheveux ont toute une histoire. Sur ma peau, toujours bronzée auparavant, sont apparues des plaques bleuâtres comme des écailles. J’ai passé au moins trois jours dans un état vraiment épouvantable; je courais comme un animal qui cherche à retrouver de l’énergie et j’acceptais les propositions les plus incohérentes pour m’ouvrir de nouvelles possibilités. C’est comme ça que j’ai consenti à me rendre avec mes parents à un banquet de fin d’année scolaire, dont le plat principal était des côtes de porc que, par simple politesse – ma culture m’en empêchait; j’avais toujours été intriguée par les frères Maccabée et leur rejet fanatique de la viande de porc, par l’interdiction formelle de Moïse, et depuis toute petite j’avais été terrorisée par l’histoire (connue de tous mais tenue secrète) d’une tante morte à cause de grappes de vers dans le cerveau parce qu’elle avait mangé du porc mal cuit, je n’ai jamais su ce qu’elle avait dû ressentir durant ses derniers jours, mais je sais que je lui faisais toujours la bise et ce souvenir m’infecte encore maintenant –, j’avais acceptées. Quel goût délicieux elle m’avait laissé, cette chair maudite. J’ai passé au moins un mois absolument convaincue que des larves s’incrustaient dans ma pauvre cervelle. J’ai imaginé: "J’aurai une mort abjecte. C’est le sort le plus symbolique pour une fille de la deuxième moitié du siècle." »

Andrés Caicedo, Que viva la musica (1977),
traduit de l’espagnol (Colombie) par Bernard Cohen, 2012

caicedo

Andrés Caicedo

Invité de marque des Trois Continents ["Situations du cinéma en Colombie"], Luis Ospina présentera ce soir le film qu'il a consacré en 1986 à son ami Caicedo et au groupe de Cali : Andrés Caicedo, unos pocos buenos amigos. Sa présence à Nantes rehaussera la mini-rétro que lui offre le festival, tels Agarrando Pubelo et Oiga Vea (1978 et 1972, tous deux coréalisés avec Carlos Mayolo) et, surtout, son documentaire sur Fernando Vallejo. [ lieux et horaires des festivités, commme d'hab : ICI ] C'est sûr, on ne regrette pas d'être venu.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Merci, je vais le lire. Cette histoire de cheveux blancs et de vers m'en a donné le goût! Sans blague.
Répondre
Publicité