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le vieux monde qui n'en finit pas
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7 juin 2015

Lectures pour tous : Virginie Despentes

« [...] Non. Mon chien me manque. Ça, oui. Attilinou. Il dormait avec moi, c’était mon poteau, il sentait bon, les chiens c’est pas comme nous, ça se lave pas et à la fin de la journée ça sent l’usine à gâteaux. Bref un matin il fait son tour et moi je me réveille pas – c’est pour ça que j’aime pas la jaja, j’aurais pas bu la veille, je l’aurais senti se lever. Bon, il se promène et ces fils de putes de gendarmes, avec la fourrière, ils le chassent. Les gardiens le connaissaient, ils me disaient de l’attacher, c’est tout... Le chien, logique, il panique, il montre les dents – vas-y, chien méchant, tuez-le tout de suite. Il avait sa puce et tout, mais moi j’ai pas de papier pour le récupérer, le temps que je m’occupe de tout ça et Attilinou ils me l’avaient tué. C’est tout ce que j’avais, ce clébard. Méchant, mon chien... tu parles. Des inconnus te sautent dessus pour t’arracher à ta maîtresse, tu te défends, c’est normal. Ils appellent ça un chien méchant. Non. Pour les chiens et pour les hommes, c’est le même régime : ils sélectionnent, tout ce qui cherche à se défendre quand on le traque, il faut l’éliminer. Faut jamais se défendre, il faut se laisser niquer. Neuf ans, neuf ans que je suis restée avec Attilinou. T’imagines, le vide que ça me laisse ? Mon chien me manque. Et la musique. [...] »

Virginie Despentes, Vernon Subutex (tome 1), Grasset 2015

mastiff

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