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le vieux monde qui n'en finit pas
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26 août 2015

Pour la tête et les oreilles : Rückert, Mahler, Powers

rückert

Friedrich Rückert (1788-1866)

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« Cette histoire devait persister dans la mémoire de Peter mieux que les détails de sa propre enfance: comment, dans la première année du siècle nouveau, Mahler le vagabond, trois fois apatride – Bohémien en Autriche, Autrichien parmi les Allemands et Juif de par le monde –, fut terrassé par une hémorragie due au surmenage. Seule une opération diligente lui sauva la vie. Pendant sa convalescence forcée, il s’arrêta sur un recueil de Friedrich Rückert, plus de quatre cents poèmes adressés à ses deux jeunes enfants morts de la scarlatine à quinze jours d’intervalle. [...] Tout juste revenu de sa presque mort, Mahler lut ces vers comme un journal égaré. Sept de ses treize frères et sœurs avaient été emportés avant leur troisième année. Son cadet bien-aimé mourut au seuil de la puberté. Et Mahler avait découvert le guide pratique de ces disparitions. Ce célibataire de quarante et un ans consomma les centaines de poèmes lyriques comme un père miné par le chagrin. Vint ensuite son mariage éclair avec la très jeune Alma Schindler. Coup sur coup, ils eurent deux enfants en parfaite santé. Quand, l’été 1904, Mahler se remit à travailler sur les chants, sa femme fut horrifiée. Incompréhensible: mettre la mort d’enfants en musique quand on venait de dire bonne nuit à ses propres filles quelques instants plus tôt. Pour l’amour du ciel, ne tente pas le diable ! Mais tenter le diable était l’œuvre de la musique. »

Richard Powers, Orfeo, 2014,
Cherche Midi, « Lot 49 », traduit par Jean-Yves Pellegrin (2015)

~

Kindertotenlieder [Chants sur la mort des enfants] , 1901-1904
premier Lied

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