Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 409 169
Newsletter
Derniers commentaires
18 novembre 2015

Déconstruire. La peine de mort, volume 2

« Même si la peine de mort a été abolie en France en 1981, il s’agit pour Derrida de nous avertir qu’elle existe encore à l’état invisible et cachée dans toutes nos institutions juridico-politiques, l’État, la droit, la science. Dit autrement, cette peine de mort, même abolie, a laissé des traces dans notre monde dans la mesure où elle est à l’origine de ce que nous sommes, de notre relation à la mort et de nos manières de nous penser comme sujets politiques. À ce sujet, Derrida parle d’échafaudage, comme si une fois celui-ci enlevé, la peine de mort continuait à produire des effets en permanence et partout dans nos corps et à l’extérieur de nos corps. Je cite Derrida sur ce problème pour montrer que c’est bien cet échafaudage que nous devons déconstruire pour penser notre vie autrement et la vivre différemment:

"Par échafaudage, j’entends aussi bien la construction, l’architecture à déconstruire que la spéculation, le calcul, le marché, mais aussi l’idéalisme spéculatif qui en assure les étais. La déconstruction est peut-être toujours, ultimement, à travers, la déconstruction du carno-phallogocentrisme, la déconstruction de cet échafaudage historique de la peine de mort." (Séminaire, vol.1, p.55)

Derrida utilise un concept, celui de carno-phallogocentrisme, qu’on retrouve aussi dans le volume II du même séminaire sur la peine de mort, dont la présence pourrait nous étonner, mais en fait on pourrait interpréter toute cette réflexion sur la peine de mort à travers et par ce concept qui nous dit quelque chose de décisif en réalité: il existe une relation étroite entre la peine de mort et le sacrifice. Tuer l’autre doit être interprété selon une "logique sacrificielle" pour Derrida, bien avant toute justification rationnelle du pouvoir de donner la mort. Cette idée très simple que tuer l’autre relève du sacrifice a des conséquences radicales sur ce que veut dire peine de mort mais aussi, au-delà, sur notre relation à nous-mêmes comme sujets de la politique ainsi que sur notre relation à la vie et tout particulièrement à ce que nous pensons comme étant la vie animale. C’est comme si au principe de l’idée de peine de mort, il y avait une force pulsionnelle de type sacrificiel au cœur de toutes les institutions politiques qui nous nous inventés comme sujets. »

Patrick Llored, propos recueillis par Jean-Philippe Cazier [Diacritik]
à propos de la sortie du volume 2 de Séminaire. La peine de mort, Jacques Derrida, Galilée 2015.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité