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le vieux monde qui n'en finit pas
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25 mars 2016

Guédiguian : Cessons l'opposition vaine entre les rêveurs et les réalistes

Robert Guédiguian publie le texte qui suit dans Le Monde daté de demain. Ça se discute, c’est sûr. On peut croiser le fer avec lui, il adore ça. Mais Guédiguian réfléchit, au moins. Ça nous change des molles dardenâneries relayées par le même journal.

***

« Face à toutes ces victimes innocentes, résister bien sûr, mais à quoi ? À cette abjecte négociation avec la Turquie, au tragique débat sur la déchéance de nationalité, au débat naissant sur la perpétuité réelle ? Ou encore à la condamnation des syndicalistes vaincus, à la cupidité des actionnaires, à la réforme du code du travail ? Ou encore aux régressions nationalistes, aux explications racistes, aux querelles stériles ?

« Bien sûr qu’il faut se recueillir, se réunir, se souvenir, mais il faut surtout cesser de penser que voter une fois de temps en temps suffit à exiger de tous les hommes politiques que des sommes considérables soient investies en matière d’encadrement scolaire, culturel, sportif. Seule la culture peut combattre les dogmes, quels qu’ils soient, en les précipitant dans des réalités mouvantes, en les historicisant. Bâtissons des écoles, des maisons de la culture, des salles de concert, des théâtres… En prenant l’argent des jeunes entrepreneurs "pigeons", des joueurs de football, des gens qui gagnent plus d’un million d’euros, et celui des revenus du capital, pour citer de récents débats obscènes… Les moyens existent. C’est un choix politique que de les collecter et de les affecter ici ou là.

« Pérennisons cette politique afin qu’elle ne puisse être remise en cause à chaque changement de majorité, car le temps de la renaissance de la république sera aussi long que le temps de sa faillite. Pour aujourd’hui, cessons l’opposition vaine entre les rêveurs et les réalistes, les mous et les durs, les laxistes et les autoritaires…

« Il faut augmenter considérablement les moyens du renseignement et de la répression face aux menaces réelles, et non pas contre les voleurs de poules. Nous savons les risques d’une surveillance accrue, mais nous sommes suffisamment vieux en démocratie pour surveiller ceux qui nous protègent. Nous avons des associations, des syndicats, des journaux, des observatoires pour veiller aux débordements inévitables.

« Un dernier point : cessons de penser que la compréhension de cette sauvagerie s’apparente à sa justification. On ne doit pas s’attaquer aux seuls effets mais aussi aux causes en Syrie, à l’intérieur du monde musulman, et, pour cela, dire que c’est notre politique occidentale de vainqueurs de la première guerre mondiale, puis notre politique coloniale, puis néocoloniale qui a depuis un siècle créé le chaos. Nous avons taillé les territoires, vendu des armes et des centrales nucléaires, acheté du pétrole et du gaz, fait et défait des gouvernements jusqu’à cette dernière guerre en Irak et l’occupation du pays, d’où est né ce prétendu État islamique. Et nous sommes des amis de l’Arabie saoudite et du Qatar, qui financent les intégristes de tout acabit. N’aurait-il pas fallu manifester contre la récente vente d’armes à l’Arabie ou boycotter le PSG, propriété du Qatar ?

« Rassemblons-nous donc, pas seulement pour nous consoler mais pour résister à tout ce qui nous empêche de vivre mieux et plus longtemps, pour faire de la politique par tous les moyens possibles et sur tous les fronts, et tous les jours sans délégation. »

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Commentaires
J
Excellent texte. Ferré résume aussi en disant que la révolution commence dans la tête avant d'aller dans la rue.
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