« C’est surtout ne pas vouloir tenir compte de ce que le problème des libertés est déjà pour l’essentiel réglé, et qu’il s’est réglé d’un commun accord entre, d’un côté, une volonté de surveillance certes pour partie policière mais pour l’essentiel marchande et, de l’autre, un désir narcissique irassasiable d’attester de soi en se montrant en tout et partout (via la pandémie des réseaux). Une chose est en effet que les États produisent (ou le semblent) les procédures les plus sophistiquées pour que tout et partout leur soit "visible"; une autre est que tout le monde, en toute occasion, conspire dans ce sens et veuille se rendre visible à la domination; que chacun même mesure à sa visibilité la part qu’il prend à la jouissance d’appartenir à la vision qu’elle offre et promeut. Les écrans ont fait de cette vision-visibilité infinie leur propre infinité, la seule qui échoie à cette époque et la mesure infiniment. C’est là que l’identité narcissique se constitue et (dé)montre, ne jouissant pas moins de la domination qui le lui permet que d’elle-même qui y existe. » [Michel Surya, 2016]