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le vieux monde qui n'en finit pas
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12 août 2016

Lectures pour tous : Maurice Mourier

« Voici l’essentiel que tout homme cultivé doit savoir: le pet est le résultat souhaitable (et malheureusement pas toujours obtenu) de l’expulsion, par l’intestin, en particulier chez les mammifères en bonne santé, d’un excès de gaz accumulé dans le côlon. Cette expulsion s’opère, via le rectum, grâce aux bons offices d’une soupape, ou sphincter. Elle peut être abondante ou mesquine, continue ou perlée, monocorde ou riche en harmoniques et, récemment étudiée par Prokosh et Fart sur ordinateur, révéla huit tons fort distincts, comme en cantonais, dont plusieurs dans des fréquences si basses ou si hautes que l’oreille humaine les perçoit très mal, ce qui fait le bonheur du péteur honteux, en qui nous ne nous reconnaissons nullement. Au point de vue chimique, le pet peut être grossièrement assimilé à un aérosol merdeux. C’est dire que l’odeur du pet, largement sui generis et variant dans des proportions notables suivant la nourriture ingérée, le tempérament de l’individu, et même les rythmes circadiens (certains pensent, et écrivent, que l’influence des courants de Coriolis sur la forme du vortex péteux est non négligeable, mais cela semble exagéré), n’a rien d’abstrait et que, vu au microscope électronique à balayage, le pet se compose presque exclusivement de milliards de particules, animées d’un mouvement brownien incessant, qui en réalité ne sont rien d’autre que de l’authentique merde. Ainsi, quand je pète, je te chie au nez, 'littéralement et dans tous les sens', ce qui explique peut-être l’intense satisfaction altruiste du vrai péteur, du péteur conscient, qui sait que le mode de communication qu’il recèle dans les profondeurs de lui-même est un des plus subtils, un des plus intimes, des plus personnalisés qui soient. Oui, mon pet est aussi spécifique que ma signature: dis-moi comment tu pètes, je te dirai qui tu es. » Et là-dessus, Rubbe se replonge dans sa lecture.

Maurice Mourier, Dans la maison qui recule, Éditions de l’Ogre, 2015

maurice mourier

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