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le vieux monde qui n'en finit pas
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5 février 2018

Luis Bunuel, qui était sourd, n'aimait pas trop les aveugles

... ce dont témoignent ces fragments de Mon dernier soupir
(Luis Bunuel, Éditions Robert Laffont, 1982).

~

« Je n’aime pas beaucoup les aveugles, comme la plupart des sourds. Un jour, à Mexico, j’ai vu deux aveugles assis côte à côte. L’un était en train de masturber l’autre. Je fus quelque peu frappé par cette rencontre. [...]

« Parmi tous les aveugles du monde, il en est un que je n’aime pas beaucoup, c’est Jorge-Luis Borges. Qu’il soit un très bon écrivain, c’est évident, mais le monde est rempli de bons écrivains. Au surplus, je ne respecte personne parce qu’il est un bon écrivain. Il faut d’autres qualités. Or Jorge-Luis Borges, que j’ai rencontré deux ou trois fois il y a soixante ans, me semble assez présomptueux et adorateur de lui-même. Dans toutes ses déclarations je sens quelque chose de doctoral (sienta catedra, comme on dit en espagnol) et d’exhibitionniste. Je n’aime pas le ton réactionnaire de certains de ses propos, ni son mépris de l’Espagne. Beau parleur comme beaucoup d’aveugles, le prix Nobel revient comme une obsession dans ses réponses aux journalistes. Il est absolument clair qu’il en rêve. [...] Bien entendu, si je rencontrais à nouveau Borges, je changerais peut-être totalement d’avis à son sujet.

« Je ne peux pas penser aux aveugles sans me rappeler une phrase de Benjamin Péret (je cite de mémoire, comme pour tout le reste): "N’est-il pas vrai que la mortadelle est fabriquée par des aveugles ?" Pour moi cette affirmation, sous forme de question, est aussi vraie qu’une vérité d’évangile. Bien sûr certains peuvent trouver absurde le rapport entre les aveugles et la mortadelle. Pour moi c’est l’exemple magique d’une phrase totalement irrationnelle qui est brusquement et mystérieusement frappée par l’éclat de la vérité. »

 

mortadelle

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