Nos films préférés en 2018 : Thomas Gombowhicks
Top Parade 2018, sous la houlette du tenancier que nous remercions de bien vouloir accueillir nos déviances. Une fois de plus, nous allons doser savamment un snobisme insupportable et des goûts douteux assumés avec une morgue incroyable mais qui a le mérite d’être sèche.
Sans hiérarchie, ni ordre particulier
Last Flag Flying [Un dernier pour la route], Richard Linklater (États-Unis 2017)
Richard Linklater, le grand et le plus constant (dans la qualité) cinéaste américain depuis vingt ans.
Stork, Tim Burstall (Australie 1971)
La folie libertaire australienne, où Bruce Spence emporte tout sur son furieux passage.
N’oublie pas que tu vas mourir, Xavier Beauvois (France 1995)
Refais un vrai film Xavier, ça me manque.
9 Doigts, F.J. Ossang (France 2017)
Un diamant brut.
Los Angeles Plays Itself, Thom Andersen (États-Unis 2003)
Long documentaire (2h50 bien tapé) datant de 2003 et signé Thom Andersen sur Los Angeles et sa représentation au cinéma, sous les angles architecturaux, géographiques (Andersen n'aime pas le révisionnisme géographique), sociaux et politiques. Andersen est historien, à tendance marxiste sur bien des points, et qui a pas mal bossé sur les "Rouges d'Hollywood" (avec notamment Noël Burch, un homme qui sait choisir ses amis donc), pour donner une idée de l'approche de la chose. C'est passionnant, absolument pas universitaire à la bourre-moi-le-mou, sobre dans la forme – des extraits, avec en voix off un texte d'Andersen, assez personnel. Les extraits ne se limitent pas comme bien souvent aux seuls films noirs mais traverse toute l'histoire du cinéma américain – de Mack Sennett aux films catastrophes, en passant par la SF, jusque Roger Rabbit, le polar urbain contemporain, Melvin Van Peebles ou Steven Seagal – et Ford Fairlane !). Résident de Los Angeles depuis plus de trente ans (au moment de la sortie du film), Andersen est très critique envers sa ville d'adoption, qui a un complexe d'infériorité au point de constamment réduire son nom en "L.A.", "pas cinégénique" et sur les différents réals qui ont investi la ville – en touriste la plupart du temps. Une ville sans personnalité, sans spécificité en dehors de ces bâtiments emblématiques, infilmable (de par son horizon à perte de vue, sa géographie qui n'accepte pas les buildings), qui n'existe que par le cinéma mais qui est incapable de lui donner une personnalité. Bref, il y a plein de choses stimulantes là-dedans alors voyez-le toutes affaires cessantes.
Mektoub my love. Canto Uno, Abdellatif Kechiche (France 2018)
Le film que j'attendais le moins de l'année (pour cause de dédain absolu pour son cinéma, lui je m'en fiche pas mal), résultat: la GROSSE claque. Immense film. Il est fou, FOU. Bénissez cet homme pour ce film.
City on Fire, Ringo Lam (Hong-Kong 1987)
Revisionnage. Ça mitraille sec, oh ça éclabousse comme dirait l'autre. Et j'écris ça, je viens d'apprendre la mort de Ringo Lam… Il faut revoir son fabuleux cinéma (et surtout Prison on Fire » et Full Contact !)
The Crimson Kimono [Le Kimono pourpre], Samuel Fuller (États-Unis 1959)
Il faut vraiment vous dire pourquoi c'est bien ?
La maldicion de Frankenstein [Les Expériences érotiques de Frankenstein],
Jess Franco (Espagne 1973)
Découverte dans une copie Blu-ray à tomber par terre. Oh Jess, que j'aime ton cinéma d'amour tantrique.
Off Frame. Revolution until victory [Hors champ, aka La Révolution jusqu'à la victoire],
Mohanad Yaqubi (Palestine-France 2016)
Métrage de montage, composé de films de propagande palestiniens, tous datant d'avant 1982 – because tout le reste a été détruit lors de bombardements. Ça va des œuvres les plus connues (Godard in America, le formidable FPLP, Déclaration de Guerre Mondiale de Masao Adachi et Koji Wakamatsu) à d'autres pellicules inconnues et extrêmement parlantes et fortes. Aucune voix off, peu de textes explicatifs, pas d'archives sonorisées. La propagande brute des images palestiniennes. Passionnant. On notera cette appétence, que je ne m'explique toujours pas, des Sémites (qu'ils soient musulmans ou juifs) pour le port de la moustache.
Cameraperson, Kirsten Johnson (États-Unis 2016)
Jonhson, directrice de la photo (pour Laura Poitras ou Michael Moore), a arpenté les différents théâtres des opérations de la destruction contemporaine (Yougoslavie, Darfour, etc.) et apprend que sa mère a Alzheimer. S'ensuit un retour non seulement sur sa vie, sans voyeurisme, mais sur les différents conflits et situations de révolte qu'elle a pu capturer. Uniquement constitué de rushs, de « faces B » de ces documentaires, Cameraperson est le témoignage cinématographique le plus politique, sensitif et révolté que j'ai vu cette année.
Transformers the Premake – A Desktop Documentary, Kevin B. Lee (États-Unis 2014)
La fabrique d'un blockbuster (en l’occurrence le quatrième opus des robots golmons de notre Michael Bay d'amour), vu, disséqué et analysé par le prisme des seules vidéos trouvables en ligne, et non officielles. Images laptop, beat that Gilles Deleuze. https://vimeo.com/94101046
Die Ehe der Maria Braum [Le Mariage de Maria Braun], Rainer Werner Fassbinder (Allemagne 1979)
C'est indécent tout ce génie de RWF. À chaque fois.
Voici la colère bretonne : La Grève du Joint français,
Jean-Louis Le Tacon [signé du collectif Torr E Benn], (France 1972)
https://www.kubweb.media/page/greve-joint-francais-voici-colere-bretonne-mai-72-tacon/
High Life, Claire Denis (France 2018)
Dí Rénjié. Zhī Sìdàtiānwáng [Détective Dee 3. La Légende des rois célestes], Tsui Hark (Chine 2018)
Tsui Hark Rules The World. Again.
Leto, Kirill Serebrennikov (Russie 2018)
https://www.youtube.com/watch?v=r9WyoDDeMbo
American Animals, Bart Layton (Royaume-Uni 2018)
Étrange teen-movie amer, film de braquage, jeux avec la fiction et ses représentations, côté coenien étonnant, darwinisme et mise en scène subtile et au poil. Ça sort de nulle part, gardons un œil sur ce Layton.
Sophia Antipolis, Virgil Vernier (France 2018)
Le Manuscrit trouvé à Sophia Antipolis. Mettez Vernier sur une adaptation de Dantec.