harfang-gaschwald

« Certaines chouettes se distinguent à peine de la branche sur laquelle elles se posent, technique naturelle de camouflage, et le harfang des neiges, dans les étendues glacées où il vit et que son duvet immaculé suffit à rappeler, ne se distingue pas plus, s’il ferme les yeux, car s’il les ouvre, l’or s’étend, teintant la neige de reflets éclatants. [...] À l’instant où la tête du harfang tourne, qui sait ce qui pourrait se produire, la fonte des glaces, le creux des abîmes, les grandes fosses marines s’ouvrant, absorbant l’eau des mers, n’importe quelle catastrophe – jusqu’à ce qu’enfin, la tête revienne à son point initial, que tout reprenne son cours. »

CécileWajsbrot, Mémorial (2005), réédité en 2019 par Le bruit du temps