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le vieux monde qui n'en finit pas
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5 janvier 2020

Nos films préférés en 2019 : Thomas Gombowhicks

Top Parade 2019, sous la bénédiction de Sir Tatum que nous remercions de bien vouloir accueillir nos déviances. Belle année 2019 dans les sorties, mais un top parade purement consacré à cette année se fera dans d’autres lieux.

Une fois de plus, nous allons savamment doser un snobisme insupportable et des goûts douteux assumés avec une morgue incroyable mais qui a le mérite d’être sèche.

Sans hiérarchie, ni ordre particulier.

chainreaction

Chain Reaction (Réaction en chaine), de Ian Barry (Australie, 1980)

Paris s’en va, de Jacques Rivette (France, 1981)

Hatari !, de Howard Hawks (États-Unis, 1962)

Toujours un bonheur à chaque plan.

Les Tripes au soleil, de Claude Bernard-Aubert (France, 1959)

Dans un petit village paumé et pauvre, qui ressemble à s’y méprendre au Nouveau-Mexique, la ségrégation règne. Un Blanc va tomber amoureux d’une Noire, et ça va dégénérer. Du "classique" presque et pourtant... Censuré à sa sortie, interdit à l’export (y compris pour les Dom-Tom), puis interdit au moins de seize ans, considéré comme anticatholique et surtout mensonger et propageant de fausses idées car "il n’y a pas de racisme en France". Rien que ça. Et c’est du costaud. Bernard-Aubert, avant de faire carrière dans le porno (comme nombre de ses collègues, et sous le nom de Burt Tranbaree) a œuvré dans le cinéma engagé, (notamment La Patrouille et Charlie Bravo – sur la guerre d’Indochine) puis dans l’artisanat de qualité (L’Ardoise, L’Affaire Dominici, Le facteur s’en va-t'en guerre). Le film est superbement dialogué ("On est trop pauvre pour avoir une vraie ségrégation, du coup il faut toujours leur rappeler la race supérieure. Dans les trains il y a toujours deux classes, voyez-vous"), réalisation carrée et poisseuse, avec de beaux personnages et crachant tout ce qu’il est possible d’éructer contre la société française - à peine camouflée malgré le décorum. Tout n’est pas parfait (le rythme patine un peu, et ça compense parfois mal son faible budget), mais c’est pour le moins surprenant.

Todo Modo, de Elio Petri (Italie, 1976)

La démocratie chrétienne et ses crapuleries. C’est même pas que ça égratigne, ça écorche plutôt.

Where are you going ?, de Yang Zhengfan (Hong Kong, 2017)

HK vingt ans après la rétrocession. Projet osé, "dispositif" impeccable, errance urbaine, portrait émouvant et enragé.

Salaud

Villain(Salaud), de Michael Tuchner (Royaume-Uni, 1970)

Pur polar noir, sadique, violent, dans une Angleterre crasse.

Threads, de Mick Jackson et Barry Hines (Royaume-Uni, 1984)

La bonne humeur britannique après la Chute. Glaçant.

cuaeduc vampyr

Cuadeduc Vampyr, de Pere Portabella (Espagne, 1970)

En 1970, Jess Franco tourne Les Nuits de Dracula avec Christopher Lee, Soledad Miranda, Herbert Lom, Klaus Kinski et Maria Rohm. Le film est produit avec une pingrerie incroyable par Allan B. Towers (les prods Eurociné de Marius Lesoeur sont fastueuses à côté) et se propose une version enfin fidèle au roman de Bram Stoker. Sauf que Towers emmerde Franco dans tous les sens et lui refuse de tourner en noir et blanc. En résulte un film, il faut bien le dire, assez pénible.

Franco accepte sur son tournage une "équipe B", très réduite, et dirigée par le cinéaste espagnol Pere Portabella (qui travailla avec Bunuel et Saura). Ce dernier réalisera son propre film, suivant la structure du métrage de Franco. Toutes les scènes majeures des Nuits de Dracula sont filmées sous un angle alternatif, dans un noir et blanc désaturé pour le moins singulier et superbe. Mais Portabella ne fait pas seulement sa propre version du Dracula de Franco, il en fait également un étrange making of, laissant les caméras dans le champ, montrant Franco diriger son tournage, Christopher Lee plaisantant avec l’équipe, Soledad Miranda briller de son incroyable beauté.

Semi-documentaire expérimental, muet, avec un accompagnement sonore bruitiste et des extraits de musique concrète, c’est un film rare. Un genre de témoignage poétique et brut ainsi qu’un hommage merveilleux et étrange au cinéma de Jess Franco. Ce dernier déclarera: "Vampyr Cuadeduc constitue, dans le cinéma fantastique espagnol, mon film préféré."

Captain Horatio Hornblower (Capitaine sans peur), de Raoul Walsh (États-Unis, 1951)

Mad_Dog_Morgan

Mad Dog Morgan, de Philippe Mora (Australie, 1976)

Based on the true story du bushranger irlandais Daniel Morgan, qui en avait un peu ras le cul qu’on lui marche sur la gueule – on bute ses potes chinois, on le fout au bagne pour vol, on le viole, on le marque au fer rouge, on lui tire dessus car il passait par là – décide avec son pote aborigène de détrousser les enculés et d’envoyer se faire paître les forces de l’ordre de Sa Majesté la reine Victoria dans l’Australie de 1850.

Dennis Hopper était en pleine montée d’acide et de coke (il ne débandera pas pendant encore dix ans) et est complètement halluciné et pour le coup hyper investi dans son rôle du Carmine Crocco d’Océanie. Mise en scène impeccable, photographie superbe, rythme de dingue, idées visuelles fortes et musique au taquet.

Là-haut, un roi au-dessus des nuages, de Pierre Schoendoerffer (France, 2003)

Pas revu depuis quinze ans (un passage télé sans doute) et c’est ‘achement mieux et moins "vieux cul" que ce premier visionnage m’avait laissé comme souvenir. Dernier film du soldat/cinéaste/romancier, avec ses valeurs surannées (certains diraient "vieille France"), volontairement pensé et fabriqué comme un testament (il publie la même année son dernier roman, le tout à fait beau L’Aile du papillon), dans lequel il revisite sa propre vie fictionnelle et ses obsessions (l’Indo, le cinéma, la Mémoire) que ses acteurs fétiches portent avec grâce et une légèreté certaine.

Une jeune journaliste du Figaro, que nous appellerons "Mon p’tit" comme Claude Rich l’interpelle perpétuellement entre deux ouiskies à n’importe quelle heure de la journée, enquête en 1977 sur la disparition en plein tournage à la frontière du Laos et de la Thaïlande d’Henri Lanvern (Perrin), ancien de l’Indo devenu cinéaste reconnu. Un sacré pataquès auquel se mêlent un colonel du Sdece (Crémer), un mystérieux général (Gérard Oury), un curé breton (Jacques Dufilho) et un directeur de publication malicieux (Rich).

Schoendoerffer mène tranquillement son intrigue (sans être jamais pénible et redondant), avec des flashbacks, soient tournés pour l’occasion, soient issus de sa propre filmo (Pêcheur d’Islande, Objectif 500 millions, La 317e Section, Le Crabe Tambour, L’Honneur d’un capitaine, La Section Anderson et Dien Bien Phu) ou avec des images d’archives, qu’il sonorise et distord à sa guise.

Le côté "vieux cul" vient de son aspect très bavard, très nostalgique (que le perso de Crémer évoque quand il dit que désormais on rigole d’eux quand ils parlent d’honneur, de fidélité, de fraternité, etc.) et de cette mythologie du soldat qui plait tant à John Milius – qui adapta L’Adieu au Roi et l’utilisa avant ça pour façonner Apocalypse Now.

Film tout à fait agréable, faussement léger mais réellement tragique sur un monde disparu. Et comme le dit Crémer dans Objectif 500 millions: "Il n’y a que trois métiers pour un homme : Roi, Poète ou Capitaine. Malheureusement, je suis pas poète." Ça doit être mon côté réac, faut croire.

Le Scorpion cosmique de Saint-Nazaire, de René Vautier (France, 1980) : CLIC

 

swallotail and butterfly

Suwarōteiru (Swallowtail and Butterfly), de Shunji Iwai (Japon, 1996)

Film de gangster, quête identitaire, histoire d’amour entre un loser et une pute, comédie musicale, étude d’un pays surindustrialisé et raciste et d’une jeunesse qui ne comprend pas ses rêves. Emballé avec un rythme de dingue, d’une naïveté touchante et tout ça sans donner l’impression de faire d’effort.

La Fiancée du pirate, de Nelly Kaplan (France, 1969)

Libertaire, faussement frivole, hargneux. Une très belle découverte.

pierre perrault

C’était un Québécois en Bretagne, madame !, de Pierre Perrault (Canada/France, 1977)

Regard de Perrault et d’un couple d’auto-entrepreneurs (self made man disait-on) québécois dans la Bretagne du milieu des années 70. Vision socio-ethnologique de la fin de la paysannerie bretonne, emplie de personnages truculents et avec un Glenmor d’une hargne politique salutaire.

Illumination, de Pascale Breton (France, 2004)

Premier long métrage de la réalisatrice, film inégal, mal équilibré mais traversé d’une énergie folle, d’envolée lyriques et d’une hargne assez soufflante pour filmer la rage de son personnage principal. Au milieu du film, le tout s’embarque pour une virée dans la Bretagne profonde merveilleuse. L’humidité et la fatigue à quatre heures du matin au cul d’une 205 après avoir bu trop de bières à la cendre n’ont jamais été aussi bien retranscrits.

Il Traditore (Le traître), de Marco Bellocchio (Italie, 2019)

Bellocchio mets les poings où il veut, et pas souvent dans les poches.

Sympathie pour le diable, de Guillaume de Fontenay (France, 2019)

Pur film d’action et de guerre, mécanique impeccable, mise en scène sans esthétisation malvenue.

6 Underground, de Michael Bay (États-Unis, 2019)

Le Roi de l’explosion qui retrouve son niveau d’indécence formelle des terrifiants Bad Boys II et Transformers II. De mauvais goût, indéniablement, mais avec génie. Bay touche quelque chose de la décennie écoulé, en mode Tony Scott. Hail to the King.

The Drug Wars : The Camarena Story, de Brian Gibson (États-Unis, 1989)

Michael Mann, scénariste, post-Miami Vice, la série et pré-Miami Vice, le film. Fascinant de voir en germe ce qu’il traitera de manière gigantesque par la suite (le caractère international du trafic, ses ramifications politiques, ses personnages borderline…). Et en plus Tomas Milian ramène sa calvitie nouvelle et sa somptueuse moustache.

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