Marcel Moreau 1933-2020
Marcel Moreau, l'an dernier. (c) Stefan Thibeau
« Quelle que soit la situation considérée: science, religion ou occultisme, nous sommes en présence d’une intolérable dilapidation des énergies humaines. Ainsi ceux qui s’allongent sur le divan lacanien font don à l’imbécillité moderne de ce qu’ils possèdent de plus précieux. À supposer que l’être lacanisé se révoltât et projetât soudain sur l’être lacanisant, terrassé et cloué au sol, la merde et l’urine qu’il porte en lui à l’état d’ébullition, non seulement le lacanisant comprendrait que la traduction des ténèbres en charabia est dérisoire au regard des ténèbres en action, mais sa victime percerait à travers ses déjections et les vomissements de dégout du lacanisant l’un des secrets les plus somptueux de sa vie d’inhibé. Je veux dire par là que chaque fois que l’on confie sa folie à l’ordre, cet ordre ne peut lui offrir en retour que la désolation de l’enfermement, de la logomachie, de sa respectabilité mondaine et pontifiante. Tous les hommes qui nous parlent de la folie sur un ton doctoral et en vue de leur gloire personnelle devraient subir les assauts éclaboussants de la perversion. » [Les arts viscéraux, 1975, cité par Noël Godin, Anthologie de la subversion carabinée]