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le vieux monde qui n'en finit pas
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12 juin 2020

Brisseau inédit sur Henri, 1 : Dimanche après-midi

Trois courts métrages totalement inédits, les trois premiers réalisés par Jean-Claude Brisseau et confiés à la Cinémathèque par Lisa Hérédia, compagne et collaboratrice du cinéaste. Ces trois films en 8 ou Super8 mm, tournés entre 1966 et 1968 (Brisseau a 22 ans en 1966), témoignent d’un désir intense, celui d’un jeune fou de cinéma, en ce temps-là suffisamment motivé pour se faire embaucher quelques mois dans les laboratoires Kodak afin d’avoir accès, à prix réduit, à de la pellicule. Ébauche de l’œuvre à venir, cette trilogie témoigne des brûlantes obsessions qui engageront sa vie entière de cinéaste. Tout est déjà là.

Ces films ont été sauvegardés et restaurés par la Cinémathèque française en 2020, avec la collaboration de Lisa Hérédia. Les films ont été numérisés au laboratoire Family Movie. La bande son magnétique, particulièrement fragile et dégradée, a été restaurée au Studio L.E. Diapason.

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Disponible sur HENRI, vendredi 12 juin, à partir de 20h30

Dimanche après-midi (1966-1967/sonore/26’21)

Sur l’élégiaque musique du Mépris, un inconnu au chapeau semble guetter quelque chose devant ce qui ressemble à un pavillon de banlieue. Un homme se réveille.

Une voix, chaude et déchirante, celle de Brisseau lui-même, s’enroule sur des images en noir et blanc. Le ton est donné très vite: « Se réveiller,c’est naître à nouveau au monde du désespoir. » Dimanche après-midi est un film tout à la fois clinique et théorique sur la mélancolie au sens fort du terme, sur la fameuse « bile noire » des Grecs dont l’auteur semble vouloir faire un tour complet, de sa dimension tragique à sa dimension psychologique, terminant même son film par une longue citation de Deuil et mélancolie de Freud. Ces images fragiles et crues, documentaires et stylées à la fois, dont l’effet de réel est exalté par le grain de la pellicule Super8,montrent ce qui semble être l’errance d’un homme envahi par ses souvenirs et aspirant à la mort. Les souvenirs sont ceux d’une enfance, à la fois sublimée et rappelée en même temps à son caractère « atroce », celle de la découverte de la sexualité aussi. Quelques plans (des enfants qui jouent, les rues de Paris) viennent itérativement rappeler l’indifférence de tout face à la souffrance. Le sexe, grande idée, on le sait, du cinéma de l’auteur de Choses secrètes, y est indissociable de l’émotion la plus vive, des sentiments les plus purs. La mort, la fin de tout, devient le centre de la seconde partie du film. Au terme de celui-ci, l’inconnu au chapeau resurgit. Àla fois tueur de film d’horreur et allégorie du destin commun à tous. L’apprenti cinéaste était un jeune homme sombre.

Jean-François Rauger

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