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14 juin 2020

Brisseau inédit sur Henri, 3 : Mort dans l'après-midi

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Trois courts métrages totalement inédits, les trois premiers réalisés par Jean-Claude Brisseau et confiés à la Cinémathèque par Lisa Hérédia, compagne et collaboratrice du cinéaste. Ces trois films en 8 ou Super8 mm, tournés entre 1966 et 1968 (Brisseau a 22 ans en 1966), témoignent d’un désir intense, celui d’un jeune fou de cinéma, en ce temps-là suffisamment motivé pour se faire embaucher quelques mois dans les laboratoires Kodak afin d’avoir accès, à prix réduit, à de la pellicule. Ébauche de l’œuvre à venir, cette trilogie témoigne des brûlantes obsessions qui engageront sa vie entière de cinéaste. Tout est déjà là.

Ces films ont été sauvegardés et restaurés par la Cinémathèque française en 2020, avec la collaboration de Lisa Hérédia. Les films ont été numérisés au laboratoire Family Movie. La bande son magnétique, particulièrement fragile et dégradée, a été restaurée au Studio L.E. Diapason.

Disponible sur HENRI, dimanche 14 juin, à partir de 20h30

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Mort dans l’après-midi (1968/sonore/42’59)

On pourrait définir Mort dans l’après-midi comme l’expression des souvenirs et des fantasmes se bousculant dans l’esprit d’un homme qui agonise. L’homme est incarné par le cinéaste lui-même. Mais c’est sa voix que l’on entend sur la bande-son décrire et interpréter, « à la troisième personne », les circonstances du coup de couteau qui l’a mortellement blessé. Ce découplage de la voix et du corps caractérise ce qui s’affirme, paradoxalement, comme le plus narratif, le plus romanesque, des trois titres de cette trilogie des origines. Sous le nappage sonore des musiques de Bernard Herrmann (Marnie, Vertigo), autre manière d’injecter de la réminiscence dans la tête même d’un spectateur tout autant que d’accentuer le lyrisme des situations, le film est structuré autour d’un retour en arrière. Les souvenirs se confondent avec les cauchemars et les rêveries sexuelles d’un mourant. Une sombre histoire de famille avec beau-père violeur, jeune sœur suicidaire vivant une histoire d’amour avec la petite amie du malheureux héros, constituent la trame des événements. Le lent phagocytage du récit par de languides et longues séquences d’érotisme lesbien perturbe par ailleurs le déroulement d’une histoire à la riche généalogie cinématographique. Mort dans l’après-midi est peut-être le premier de ces films que le cinéaste signera plus tard et que l’on pourrait qualifier de « films de genre philosophique ». Cette réflexion en Super 8 sur le désir et le Mal puise dans les mécanismes du film noir, du thriller, du mélodrame et, bien sûr, du film érotique, à l’instar de certains titres futurs (L’Ange noir, Choses secrètes, Les Anges exterminateurs). Brisseau, le dernier cinéaste hollywoodien.

Jean-François Rauger

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