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le vieux monde qui n'en finit pas
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16 août 2020

L'éthologue et le temps de parole des oiseaux

Moult témoins (surtout citadins, I presume) ont affirmé que pendant la récente période de confinement imposé par le coronavirus, ils avaient, pour ainsi dire, découvert le chant des oiseaux. Mais pourquoi donc ?

« La question s’est évidemment posée, au regard de tous ces témoignages, répond Vinciane Despret. Pourquoi ceux qui s’émerveillaient d’entendre les oiseaux ne les avaient-ils pas entendus jusqu’alors ? Peut-être les entendait-on, mais ne les écoutait-on pas ? Poser la question de cette manière est, bien sûr, intéressant, puisqu’elle nous conduit à interroger ce qui, dans nos modes de vie, nous avait rendus tellement insensibles ou peu disponibles, au point que nous n’entendions pas le chant des oiseaux. Et c’est également intéressant de parler en termes de "mode de vie", puisque cela inclut alors l’absence de silence – ce n’est donc pas seulement le fait que nous ne les écoutions pas, c’est qu’ils n’étaient pas audibles dans cette anthropo-cacophonie. [Mais il est rapidement paru évident] que les oiseaux avaient eux-mêmes non seulement un point de vue sur cette situation, mais aussi qu’ils avaient bel et bien pris acte des changements de leur milieu de vie. À un moment d’ailleurs crucial pour eux, puisque ces chants accompagnent ce grand festival sonore et visuel printanier que constitue la territorialisation de nombreux oiseaux. Dans certaines zones urbaines, si vous comparez les sonagrammes d’avant le confinement à ceux que l’on a pu enregistrer pendant la crise, vous voyez que les oiseaux ont modifié leurs habitudes: ils chantent plus, et le font pendant des périodes plus longues. Ils doivent dépenser moins d’énergie à lutter contre le bruit et l’on peut avancer qu’ils "s’entendent" probablement mieux, dans les deux sens du terme. Si je me réfère aux travaux de Bernie Krause, je pourrais par exemple penser qu’ils s’accordent mieux, que le "respect du temps de parole", qui est l'indice d’un milieu relativement vivable, est nettement favorisé. » Extrait d’un entretien avec Nicolas Truong, Ne déclarons pas la guerre au vivant, publié dans Le Monde.

Le dernier livre en date de Vinciane Despret s'intitule Habiter en oiseau (Actes Sud, 2019). Au printemps, elle a donné une préface au livre remarquable de Frédéric Keck, Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d’oieaux aux frontières de la Chine. [Zones sensibles, Bruxelles, 2020]

Habiter-en-oiseau

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