Avec qui parler désormais de Daves, d'Ulmer, de Freda ?
Commentaires sur Bertrand Tavernier 1941-2021
- je pensais récemment à lui et à son film "Le juge et l'assassin" en visitant une exposition et en regardant un film sur la Commune de Paris, à cause de la chanson de Jean Roger Caussimont qui évoquait celle-ci. Triste d'apprendre son décès et de savoir que ses amis ne pourront vraisemblablement pas lui rendre l'hommage qu'ils souhaiteraient et qu'il mérite grandement.
- [Eric Poindron, FaceBook]
Je dois tant à Bertrand Tavernier.
Avec son neveu, Jean-Philippe, il nous fit confiance pour l'écriture d'un premier long-métrage, Animal's Gang.
Puis ce fut l'aventure de La Fille de d'Artagnan, écrite avec Riccardo Freda.
Il fut ensuite mon premier éditeur en 1995 chez Actes Sud.
Je me souviens de son enthousiasme, de sa curiosité à tout vent et de son érudition « ogresque ».
Je me souviens d'un séjour à l'Institut Lumière, pour le centenaire de l'invention du Cinématographe, des projections privés et des fantômes de cinéastes dans le grenier de la grande demeure.
Je me souviens qu'il m'offrit tous les livres d'Albert Cossery – réédités par cette chère Joëlle Losfeld – un jour de Noël et des livres de cinéma et encore de cinéma.
Je me souviens des après-midi à disséquer les westerns de second rayon, le dimanche après-midi, avec sa fille Tiffany. Arrêt sur image, analyse, anecdotes à l'infini. Et Bertrand de s'enthousiasmer : « c'est formidable, c'est formidable ! »
Je me souviens avoir réécrit pour lui les mémoires du cinéaste Jean Devaivre et des questions insolites pour L'Appât.
Je me souviens des nuits épiques sur le tournage de L627.
Je me souviens que lorsque je devins éditeur, il tint à acheter tous les livres que je voulais lui offrir. « C'est formidable, c'est formidable ! », répétait-il à l'envi.
Je me souviens d'une semaine à Bergame, Italie, à manger des glaces et à revoir, avec Charles Tatum Jr, tous les films spectaculaires de Riccardo Freda.
Je me souviens l'avoir encouragé à découvrir l'Ouest marnais – « l'Ouest marnais, c'est formidable, formidable ! » – où il vint présenter le méconnu Mississippi Blue's réalisé avec Robert Parrish.
Je me souviens de son rire, de son amour pour Le Vicomte de Bragelonne et de son obsession à offrir des cadeaux autour de lui et à inviter au restaurant pour parler de... cinéma.
Je me souviens et, cet après-midi, je pense fort à Tiffany, sa fille.
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