Magma à l'Opéra de Rennes
Les concerts de Magma, c'est un feuilleton en cinquante saisons. Chaque fois c'est comme un repas de famille rituel, avec l'oncle et la tante, les maîtres de maison, qu'on voit vieillir un peu mais ça ne s'entend pas. Les choristes sont souvent nouvelles venues, jeunes et belles, les guitaristes sont parfois des gars du coin, les piliers du gang sont en grande forme, Hervé Aknin casse la baraque (avec son look de nougaro/torero tout en noir, il en jette). Christian et Stella s'interpellent par leurs prénoms pour décider, en plein set, du bon ordre des morceaux. Ils ne ressemblent à personne d'autre. C'est du jazz mais rien n'est improvisé. Allez comprendre. On y revient toujours, on se réjouit d'être encore en vie pour les écouter, et on les aime toujours autant, sans trop savoir si l'on préfère les poèmes kobaïens des années soixante-dix [cinquante ans, donc] ou les balades d'époque ressorties des tiroirs parce qu'on est un peu fatigué après cet interminable confinement... Hier soir, dans l'Opéra de Rennes bondé - gardez vos masques jusqu'à la fin -, Magma a fait un triomphe, encore un, devant trois générations et demie d'aficionados. Onze artistes, un ingénieur du son génial [Francis Linon, ex-Gong] et une pelletée de roadies. Deux heures de musique totale, trois rappels, et ils remettent le couvert ce soir, au même endroit. Ainsi s'avance la tournée Eskähl 2021. Les Magma seraient les derniers survivants du rock progressif français mâtiné free jazz, rythm 'n blues et délire linguistique, obsédés de polyrythmie, ça s'appelle comme ça. En essayant de n'oublier personne, on tire notre chapeau à Christian Vander et Stella Vander; Hervé Aknin; Isabelle Feuillebois, Caroline Indjein, Sylvie Fisichella et Laura Guarrato; Rudy Blas et Jimmy Top; Simon Goubert et Thierry Eliez; et Francis Linon déjà cité.
[Je triche. La photo de RayFlex posée ci-dessus, beaucoup plus réussie que les miennes, a été prise à Brest avant-hier. Mais y a pas de mal. La formation et l'organisation scénique sont identiques à celles de l'Opéra de Rennes.]