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le vieux monde qui n'en finit pas
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27 mai 2022

Lectures pour tous : Ervé

« D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours arraché les bouts d’ongles à coups de dents. Je n’ai jamais eu de belles mains donc. Par définition, l’onychophagie relève d’un état d’anxiété, d’impatience ou de stress permanent qui pousse le sujet à les rogner. L’ongle est un phanère terminal, c’est-à-dire qu’il est le bout du bout du corps humain, pieds et mains. Comme je ne suis pas très souple, jamais je n’ai rogné mes ongles de pieds, juste arrachés. [...] Quand je pose mon regard aujourd’hui sur mes mains, mes ongles plutôt apaisés à présent, je me remémore ce temps où mes doigts n’étaient que sang, abîmés, meurtris. J’avais les pouces en jachère de kératine. Je souffrais de me les ronger jusqu’au sang, jusqu’a même en ronger la peau autour. J’avais les mains, les bouts de doigts d’un pestiféré. Je n’en étais pas fier mais c’était plus fort que moi. Je me saignais comme peuvent le faire les personnes qui se scarifient. C’est violent. C’est une sorte de mésestime de soi. Un manque de respect de son corps. Les mains sont le reflet de cette putain d’âme qui me disait, en coulisse, que je n’étais rien. » Ervé, Écritures carnassières, Maurice Nadeau, « À vif », 2022.

Entretien 28'

ervé

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