Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 418 394
Newsletter
Derniers commentaires
30 juillet 2022

Lectures pour tous : Erskine Caldwell

« Pour nous, le paysage se réduit à ce que nous laisse voir la fenêtre de cet établissement miteux: un bassin à l’abandon, empli d’une eau sale et stagnante, dans lequel flotte dos à l’air une poupée décapitée, de la taille d’un petit enfant, entièrement vêtue. [...] La tristesse de cette chambre lamentable, jointe à l’image obsédante de la poupée sans tête, voilà qui pourrait devenir aussi déprimant que le thème d’un film dont nous avions parlé à l’occasion d’un festival de Cannes, il y a quelques années. Je ne me rappelle plus son titre, ni son pays d’origine. Mais je me souviens de l’impression de simplicité et de mélancolie qu’il avait faite sur moi, et que l’on associe souvent au cinéma suédois.

Il était présenté hors festival, et passait dans une petite salle retirée.

Il peignait avec force les efforts héroïques mais vains d’un homme qui cherche à se débarrasser d’une grosse poupée, qui a fait son apparition à la surface de la piscine dans laquelle sa fille vient de se noyer. T’en souviens-tu ? Il était clair que la petite fille ne serait pas morte si, au lieu de lire son journal, son père l’avait mieux surveillée tandis qu’elle jouait au bord de l’eau.

À la fin, ce père est si culpabilisé, si torturé par le souvenir de son enfant qu’il se suicide en serrant la poupée dans ses bras comme pour la protéger lorsqu’il s’aperçoit qu’il ne parvient pas à s’en défaire. »

Erskine Caldwell, extrait d’une lettre [sd] à Marcel Duhamel.

[À la fin des années quarante, au cours d’un périple à travers les États-Unis, Erskine Caldwell envoya dix-sept lettres à Duhamel avec lequel il s’était lié d’amitié, en compagnie de Queneau, lors d’un séjour à Paris. Une traduction de ces lettres par Jean-Pierre Turbergue a été publiée en annexe de The Bastard (Le bâtard), aux éditions des Autres, 1979.]

~

thebastard

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité