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23 février 2023

« Affaire Bennacer » : une tribune contre la « présomption de culpabilité »

À l’initiative de la philosophe Sabine Prokhoris, quelque deux cents artistes (et autres) s’insurgent dans une tribune contre la « mise au pilori » de l’acteur des Amandiers. [© Le Point, 23/2/2023]

valeriasofiane

« Présenté au Festival de Cannes le 22 mai dernier, Les Amandiers est sorti en salle le 16 novembre 2022. Le film de Valeria Bruni-Tedeschi revient, près de quarante ans plus tard, sur ce que fut, pour une génération de jeunes comédiens au mitan des années 1980, l’École de Patrice Chéreau. Porté par un groupe de magnifiques jeunes acteurs, il entrelace à la plongée dans l’intensité de l’expérience artistique traversée par les apprentis comédiens d’alors, l’évocation sensible d’une époque aujourd’hui presque effacée des mémoires. La libération sexuelle de la fin des années 1960 – la pilule et Mai 68 – avait fait exploser la chape de plomb pesant sur la sexualité; et soudain, à partir de 1983, les années sida et leur cortège de morts, souvent très jeunes, donneraient à toute vitesse une teinte tragique à l’insouciance. À travers l’histoire de ce groupe de jeunes gens, et revisitant la sienne parmi eux, c’est ce moment de bascule, intime et collective que dépeint avec la maestria qui lui est propre Valeria Bruni-Tedeschi. Le film reçut après Cannes un accueil critique à la mesure de sa force et de sa délicatesse, relancé juste avant sa sortie nationale.

« Quelques jours à peine après sa sortie cependant, la presse fit bruyamment état d’une plainte visant le jeune acteur qui en tient un des rôles-titres, Sofiane Bennacer, pour viol et autres comportements violents sur la personne d’une ex-compagne, à laquelle d’autres jeunes femmes avaient joint leurs voix: elles aussi disaient avoir été les "victimes" de la brutalité supposée du jeune homme.

« Du jour au lendemain, ce fut la curée, le journal Libération donnant à ce qu’il faut bien appeler un lynchage médiatique en règle un caractère particulièrement spectaculaire: en pleine page de sa une, s’étalait une photo du jeune homme, visage de psychopathe, et du sang sur les doigts. Accompagnant cette image coup de poing, cette manchette: « Les victimes parlent ». Suivaient plusieurs pages, qui outre Sofiane Bennacer par la bouche de ses accusatrices, mettaient en cause la réalisatrice, coupable de n’avoir pas renoncé à le faire jouer dans son film et d’avoir "imposé" sa présence (toxique sans doute) au reste de l’équipe.

« L’effet immédiat de ces accusations publiques ne se fit pas attendre: le public déserta les salles qui projetaient Les Amandiers, certaines le déprogrammèrent. Sofiane Bennacer fut séance tenante exclu de la liste des jeunes espoirs pour les César, dont le bureau publia par la suite un communiqué surréaliste érigeant en principe la présomption de culpabilité.

« Que nous démontre tout cela ?

« Que pour l’opinion, Sofiane Bennacer est coupable, et Valeria Bruni-Tedeschi complice, donc tout aussi coupable. L’un et l’autre, d’après les commentaires lus dans la presse, qui reprend sans guère de recul une incrimination brumeuse désormais banalisée, auraient commis leurs abus de pouvoir en tant que fauteurs d’"emprise".

« Pourquoi cet emballement ne nous paraît-il pas admissible ?

« Le viol est un crime. La loi reconnaît la qualification de viol conjugal.

« Or précisément parce qu’il s’agit d’un crime, c’est à la justice, dès lors qu’elle est saisie, de prononcer – ou non – la culpabilité. Cela dans le respect des règles de la procédure pénale: respect de la présomption d’innocence, qui stipule qu’un accusé est réputé innocent tant que sa culpabilité n’a pas été prononcée au terme d’un procès équitable; respect du secret de l’instruction, garantie de la sérénité future des débats; exigence d’un débat contradictoire dans le respect égal des droits de la défense et de ceux de l’accusation; principe selon lequel le doute doit bénéficier à l’accusé, afin de se prémunir autant que faire se peut de l’erreur judiciaire; individualisation des peines – si peine il y doit y avoir.

« Que l’institution judiciaire – non point dans ses principes, que nous venons d’énoncer, mais dans leur mise en œuvre – puisse se montrer imparfaite, et surtout trop lente, certes. Qu’elle ait sans doute, pendant trop longtemps, eu tendance à minimiser les infractions sexuelles, en discréditant a priori la parole des plaignantes, c’est certain. Il est cependant indéniable qu’il y a eu sur ce point de réelles évolutions, même si des progrès restent à faire. De surcroît, les infractions sexuelles reconnues sont très sévèrement sanctionnées.

« Il reste que la justice est faillible – au détriment parfois des accusés d’ailleurs, l’histoire poignante de Farid E., réhabilité au bout de vingt ans, l’a récemment démontré.

« Ces défaillances – qu’il faut à l’évidence critiquer et chercher à amender – justifient-elles que nous tolérions de voir ruiner les fondements démocratiques de l’état de droit ? Nous ne le pensons pas.

« Fussent-elles multiplement portées, des accusations publiques invalident-elles la présomption d’innocence et les droits de tout accusé ? Nous ne le pensons pas.

« Contester que l’on puisse s’affranchir de ces règles communes, est-ce vouloir bâillonner les plaignantes ? Nous ne le pensons pas.

« Est-il légitime que, au nom du "devoir d’informer" et de la défense d’une cause, si noble soit-elle, la presse traite des allégations comme des preuves, et ce faisant prononce sans autre forme de procès la culpabilité d’un mis en cause ? Nous ne le pensons pas.

« Est-ce que le pilori (ici médiatique), peine afflictive et infamante d’Ancien Régime – qui ne s’appliquait du reste qu’à des personnes condamnées par la justice, non à des accusés –, est un progrès dans la civilisation, et fait avancer la cause des femmes ? Nous ne le pensons pas.

« Devons-nous étourdiment valider l’usage galvaudé de la notion d’emprise, brandie n’importe comment en guise d’explication probante de l’évidente culpabilité des "prédateurs" et des "puissants" ? Nous ne le pensons pas.

« Est-il honorable que, sous la pression de ce tintamarre accusatoire confus, les jeunes acteurs – à l’exception notable de l’un d’entre eux, Vassili Schneider(1) – ne jugent pas (plus ?) opportun de défendre leur propre travail dans un film, reniant ainsi ce qu’ils ont donné d’eux-mêmes avec tant de justesse sensible, et ce qu’ils ont reçu ? Nous ne le pensons pas.

« Pouvons-nous consentir à ce qu’une œuvre de l’esprit – que nul n’est obligé d’apprécier, ce n’est pas la question – fasse, en conséquence d’une campagne de presse tapageuse et irresponsable, l’objet d’une censure de fait ? Nous ne le pensons pas.

« Pour toutes ces raisons, nous apportons notre plein soutien à Valeria Bruni-Tedeschi – et à son film, Les Amandiers; nous déplorons que Sofiane Bennacer se trouve d’office décrété coupable, hors jugement dans une enceinte judiciaire. Nous défendons ses droits, et nous nous élevons contre l’exécution publique dont il est aujourd’hui l’objet sans défense. Une mise à mort sociale de toute façon illégitime, car quand bien même serait-il un jour déclaré coupable, pareille cruauté n’appartient pas à l’arsenal d’une échelle civilisée des sanctions et des peines. Et si son innocence est reconnue, la lettre écarlate – la marque d’infamie qui l’aura un jour désigné comme "violeur" – ne s’effacera pas pour autant.

« Nous mettons aussi en garde: la défense des femmes est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains d’une doxa activiste – relayée par une sphère médiatique obnubilée par les effets de buzz. À terme, pareil dérèglement menace le féminisme, et la société tout entière dans ses idéaux d’égalité et de justice pour tous. Ces idéaux sont notre bien à tous. Ils sont difficiles à mettre en œuvre, et leurs acquis – à commencer par les principes de l’État de droit, conquis au cours d’une longue histoire – ne sont pas, à nos yeux, négociables. Ils demeurent fragiles – cette affaire, à la suite de nombre d’autres, nous en avertit. Ils n’en sont que plus précieux.

« Il fallut les échafauds de la Révolution pour faire reculer l’idée révolutionnaire », nota jadis Clemenceau. Méditons cette phrase. Et refusons les échafauds, et les crachats.

(1) « En ce qui me concerne, il n’y a eu que du positif. Valeria nous a aidés à nous dépasser, à sortir de nos zones de confort, mais toujours avec énormément de bienveillance. Oui, j’ai dit qu’“on essaie de creuser les choses qui nous détruisent le plus”, mais ça fait partie du travail d’acteur. Tout acteur essaie de se mettre émotionnellement le plus à nu. C’est notre travail et je trouve injuste d’accuser Valeria sur sa manière de nous avoir guidés dans ce processus. […] ». Sur Instagram, le 30 novembre.

Les signataires de la tribune :

Arca, musicien   /   Fanny Ardant, comédienne   /   Laure Armanet, agent artistique   /   Gilles Ascaride, écrivain   /    France Ashley, théâtre des Carmes Avignon   /   Yvan Attal, acteur, réalisateur   /   Martine Bacherich, psychanalyste   /      Laurent Baffie, artiste   /   Olivier Barbarant, écrivain   /   Françoise Barret-Ducrocq, ancienne Secrétaire Générale de l’Académie Universelle des Cultures, cofondatrice et ancienne Présidente de l’Institut Émilie du Châtelet   /   Jean-Pierre Bastid, cinéaste   /   Isabelle Befve, enseignante   /   Lucia Bensasson, comédienne   /   Hervé Bentata, psychanalyste   /   Luc Béraud, cinéaste   /   Boris Bergman, auteur de chansons   /   Charles Berling, acteur, metteur en scène   /   Christophe Berthonneau, metteur en scène   /   Jean-Luc Bichaud, universitaire   /   Jean-Yves Bochet, libraire   /   Caroline Boidé, écrivain   /   Daniel Borrillo, juriste, universitaire   /   Jean Claude Bourbault, acteur   /   Jean-Pierre Bouyxou, écrivain et cinéaste   /   Jean-François Braunstein, philosophe   /   Myriam Boyer, comédienne, réalisatrice, productrice   /   Pascal Bruckner, écrivain   /   Christine Brücher, comédienne   /   Didier Buthiau, médecin spécialiste, expert auprès de la Haute Autorité de Santé   /   Nicole Caligaris, écrivain & Belinda Cannone, écrivain   /   Xavier Carrère, chargé de programme à France Musique   /   David Caubère, designer   /   Cheyenne Carron, réalisatrice, peintre   /   Pascal Caubère, directeur de la photographie   /   Philippe Caubère, comédien, auteur et metteur en scène   /   Régis de Castelnau, avocat   /   Frédéric Chambert, directeur de théâtre   /   Noëlle Chatelet, sociologue, écrivain   /   Patrick Chesnais, acteur, réalisateur   /   Roland Chemama, psychanalyste   /   Élie Chouraqui, cinéaste   /   Michel Ciment, critique et historien du cinéma   /   Fanny Colin, avocate   /   Frédéric Comtet, ancien responsable marketing pour le cinéma, et pilote de rallye   /   Sophie Comtet Kouyaté, réalisatrice, photographe   /   Gérard Courant, cinéaste   /   Béatrice Dalle, actrice   /   Sylvie Dallet, universitaire   /   Bernard Dartigues, réalisateur de films, ancien vice-président de la Société des Réalisateurs de Films, membre « attristé » de l’Académie des César   /   Emmanuel Dechartre, comédien, directeur de théâtre   /   Jean-Michel Delacomptée, écrivain   /   Joséphine Derenne, comédienne   /   Luc Dethier, psychanalyste (Bruxelles)   /   Cyril Diederich, chef d’orchestre   /   Annie Duperey, actrice   /   Guillaume Durand, journaliste   /   Annick Duraffour, professeur   /   Michel Dussarrat, comédien, costumier et photographe   /   Caroline Eliacheff, psychanalyste   /   Hanane El Yousfi, actrice, réalisatrice   /   Emmanuel Émile-Zola-Place, avocat   /   Jean-Paul Fargier, cinéaste   /   Christine Fauré, féministe, sociologue   /   Fellag, comédien, écrivain   /   Isabelle Floch, artiste, psychanalyste   /   Gabrielle Forest, comédienne, professeur de théâtre   /   Marcel Franssen, juriste, universitaire   /   Renée Fregosi, philosophe   /   Charlotte Gainsbourg, actrice   /   Jean-Michel Galano, philosophe   /   Sylvie Gassot, journaliste, ancienne productrice de cinéma   /   Catherine Germain, comédienne   /   Jean Giot, linguiste (Bruxelles)   /   Christine Goémé, femme de radio s   /   Sylvaine Gouirand, psychanalyste   /    Émilie Grandperret, autrice, réalisatrice   /   Gérard Gromer, homme de radio, critique musical, auteur   /   Alain Guillon, ancien directeur général de l’ensemble orchestral de Paris   /    Gilbert Haas, médecin   /   Yannick Haenel, écrivain   /   Pascale Hassoun, psychanalyste   /   Yaël Hayat, avocate (Genève)   /   Simon Hecquet, danseur, auteur   /   Mona Heftre, actrice, chanteuse   /   Nathalie Heinich, sociologue   /   Jacques Henric, écrivain   /   Danielle Jaeggi, cinéaste   /   Vincent Jaury, écrivain, directeur du magazine Transfuge   /   Yves Jouan, poète   /   François Jouffa, journaliste, cinéaste   /   Serge Kaganski, critique de cinéma   /   Gaspard Koenig, philosophe, essayiste   /   Liliane Kandel, féministe, sociologue   /   Marin Karmitz, producteur   /   Catherine Kintzler, philosophe   /   Jean-François La Bouverie, comédien   /   Jeanne Labrune, cinéaste, auteure   /   Françoise Labrusse, directrice de compagnie   /   Hugues Labrusse, poète   /   Brigitte Lahaie, animatrice radio   /   Claudie Lambotin, libraire‌   /   Eva Landa, psychanalyste   /   Fabio Landa, psychanalyste   /   Patrick Landrin, enseignant de philosophie   /   Michèle Laurent, photographe   /   Rachel Laurent, artiste   /   Marc Lecarpentier, journaliste   /   Gérard Lenne, Président d’honneur du Syndicat français de la critique de cinéma   /   Roland Lethem, cinéaste   /   Anne-Catherine Lochard, ancienne chargée production à France Culture, féministe concernée   /   Laurent Loty, chercheur au CNRS, historien des idées   /   Catherine Louveau, sociologue, professeure émérite   /   Emmanuel Ludot, avocat   /    Claire Lusseyran, 1er assistant réalisateur   /   Fadila Maaroufi, directrice de l’Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles   /   Elizabeth Macocco, actrice   /   Annie Maillis, agrégée de lettres, essayiste, commissaire d’expositions   /   Erick Malabry, cinéaste   /   Marion Malenfant, comédienne   /   Nicole Malinconi, écrivain   /   Antoine Manologlou, ancien administrateur de Centre Chorégraphique National   /   Maguy Marin, chorégraphe   /   Marie-France Martin, artiste, performeuse   /   Patricia Martin, artiste, performeuse   /   Philippe Mathieu, scénographe   /   Clémence Massart, actrice   /   Olivier Massart, scénariste   /   Céline Masson, psychanalyste   /   Isabelle de Mecquenem, professeur de philosophie   /   Catherine Meurant-Jaworski, psychanalyste   /   Raphaël Mezrahi, artiste   /   Christian Michel, professeur d’histoire de l’art (Lausanne)   /   Claude Mignot, historien de l’art, professeur émérite de l’Université de Paris-Sorbonne   /   Catherine Millet, écrivain   /   Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture   /   Pierre Moor, Professeur honoraire (droit, Université de Lausanne)   /   Laura Morante, actrice, réalisatrice, écrivain   /   Françoise Moscowitz, psychanalyste   /   Jean-Jacques Moscovitz, psychanalyste   /   Christine Mosseray, professeur de lettres retraitée   /   Anne-Élisabeth Moutet, journaliste   /   Maya Nahum, écrivain, chroniqueuse   /   Éric Naulleau, écrivain et animateur de télévision   /   Mathilde Nobécourt, éditrice   /   David di Nota, écrivain   /   Sophie Obadia, avocate   /   Olga Odinetz, expert de justice   /   Laurent Olivier, conservateur, essayiste   /   Philippe Olivier, directeur technique dans le spectacle vivant   /   Nicolas Pagnol, producteur, éditeur   /   Guglielmo Palumbo, avocat (Genève)   /   Karine Papillaud, journaliste   /   Cécile Parent, agrégée d’histoire, responsable associative   /   Marie-Claire Pasquier, traductrice littéraire   /   Monique Perichon, agent artistique   /   Patrice A. Pincé, professeur d’histoire du cinéma   /   Maria Pitarresi, comédienne   /   Florent Poupart, psychologue, professeur de psychologie à l’Université de Toulouse   /   Sabine Prokhoris, philosophe, psychanalyste   /   Bruno Raffaelli, acteur, sociétaire honoraire de la Comédie-Française   /   François Raffinot, chorégraphe, écrivain   /   François Rastier, linguiste   /   Florence Rault, avocate   /   Noëlle Renaude, auteur   /   Jean-François Revah, psychosociologue   /   Stéphane Rontchevsky, comédien   /   Léa Roth, acheteur d’art, gestionnaire de patrimoine   /   Agnès Rotschi, secrétaire de rédaction   /   Frédéric Rousseau, psychanalyste   /   Jean-Pierre Sakoun, Président d’Unité Laïque   /   Xavier-Laurent SALVADOR, maître de conférences    /   Theodora S.-C., seize ans, lycéenne et apprentie comédienne   /   Guy Scarpetta, écrivain   /   Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain   /   Jean-Éric Schoettl, conseiller d’État et ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel   /   Estelle Sebek, comédienne, donneuse de voix et médiatrice en langue des signes   /   Emmanuelle Seigner, actrice, chanteuse   /   Marie-Amélie Seigner, auteure, compositrice, interprète   /   Mathilde Seigner, actrice   /   Juliette Simont, philosophe   /   Anthéa Sogno, directrice de théâtre, comédienne et metteur en scène   /   Evelyne Sommer, responsable associative   /   Beatrice Soulé, réalisatrice   /   Stéphanie Soulié de Morant, productrice   /   Antoine Spire, président du Pen Club France   /   Isabelle Sulpicy, avocate   /   Jean Szlamowicz, linguiste   /   Pierre-André Taguieff, philosophe, directeur de recherches au CNRS   /   François Taillandier, écrivain   /   Charles Tatum jr., traducteur   /   Gilbert Thiel, ancien magistrat   /   Danièle Thompson, scénariste, réalisatrice   /   Bernard Trémège, journaliste   /   Caroline Valentin, avocate   /   Agnès Verfaille, coach en intelligence émotionnelle et amoureuse   /   Christian Vogels, sociologue   /   Hannibal Volkoff, photographe et galeriste   /   Diane Watteau, universitaire (arts plastiques)   /   Aude Weill-Raynal, avocate   /   Nicole Wisniak, fondatrice et directrice du magazine Égoïste   /   Francis Wolff, philosophe, Professeur émérite au département de philosophieÉcole normale supérieure   /   François Zimeray, avocat   /   Catherine Zittoun, pédopsychiatre, psychanalyste

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