Lectures pour tous : Thomas Pynchon
« Un après-midi d’été, Mrs. Œdipa Maas rentra d’une réunion Tupperware où l’hôtesse avait peut-être mis trop de kirsch dans sa fondue pour découvrir qu’elle, Œdipa, venait d’être nommée exécuteur testamentaire, ou plutôt exécutrice, se dit-elle, d’un certain Pierce Inverarity, magnat californien de l’immobilier qui avait jadis perdu entre autres et d’un coup deux millions de dollars, mais qui laissait une succession suffisamment vaste et embrouillée pour que la mission de trier tout cela n’eût rien d’honoraire. Œdipa resta plantée au milieu du living-room, sous l’œil verdâtre et froid de la télévision, elle invoqua en vain le nom du Seigneur, et essaya de se sentir aussi soûle que possible. Cela ne marcha pas. »
Ainsi démarre un des deux ou trois romans qui vont marquer la naissance de la littérature "postmoderne" américaine. Vente à la criée du lot 49, de Thomas Pynchon, 1965, dont la traduction par Michel Doury fut publiée en 1987 par le Seuil, est à nouveau disponible en poche (Points, P773). Qu’on se le dise, qu'on se le lise.