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le vieux monde qui n'en finit pas
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18 juillet 2024

Lectures pour tous : Don Tracy

« La foule était uniquement composée d’hommes. Les femmes étaient restées en arrière. "Ramenez-le ici ! criaient-elles aux hommes qui défilaient en rangs irréguliers. Ramenez ce nègre ici !" Elles hurlaient. La rage leur coupait le souffle. Sous la lumière des réverbères, leurs visages exprimaient la cruauté la plus nue. Toute trace d’intelligence en avait disparu. Leurs traits ternes étaient déformés par leurs émotions. Ils transpiraient une soif de sang collective. Les hommes, eux aussi, s’étaient changés en bêtes. Ils avaient l’air de loups. Ils bavaient. Leurs mains devenaient des serres. Leurs épaules se courbaient en avant. Ils jouaient des coudes, se bousculaient pour se frayer un chemin vers les premiers rangs, se battaient pour devancer le voisin dans cette course au meurtre. D’aucuns trébuchaient et tombaient. Ils étaient piétinés par ceux qui les suivaient. Un fermier de haute taille brandit un gourdin et se mit à taper au hasard sur tout ce qui se trouvait devant lui. Le bâton s’abattit avec un bruit qui domina les cris de la meute. Un garçon tomba, le cuir chevelu ouvert au-dessus de l’oreille. [...] La foule meurtrière avançait, précédée d’une puanteur épaisse. Un mélange de sueur, de fumier, de poisson, de mauvais whiskey et de haine. Il faisait froid. » Don Tracy, La bête qui sommeille, 1938, Gallimard, "Série noire", traduction de l’anglais par Marcel Duhamel et Jacques-Laurent Bost revisée par Michael Belano (2024). [Images : Fury, Fritz Lang, 1936]

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Commentaires
G
c'est un grand roman!<br /> surprenant et terrible
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