Hotties Reading 849
Une fois n’est pas coutume. Ce hotties reading publicitaire annonce le livre que le néo-Nantais Renaud, avec son copain Ernest Pignon-Ernest et le soutien de l’Unicef, publie cette semaine aux éditions Alternatives/Gallimard. Acte militant doublé d’une expo parisienne et d’une prochaine vente aux enchères (fundraising) destiné, dit-on, à « mettre en lumière les droits des enfants les plus vulnérables, tout en célébrant la richesse artistique contemporaine ». Bien. On dira que Renaud a mis de l’eau douce dans son vitriol. Certes, il a un peu changé, mais nous aussi. On ne va pas rester fâchés toute la vie.
Vous vous souvenez ? « J’veux qu’mes chansons soient des caresses, ou bien des poings dans la gueule, À qui qu’ce soit que je m’agresse j’veux vous remuer dans vos fauteuils. / Alors, écoutez-moi un peu, Les pousse-mégots et les nez-d’bœufs, les ringards, les folkeux, les journaleux, / D’puis qu’y’a mon nom dans vos journaux, qu’on voit ma tronche à la télé, où j’vends ma soupe empoisonnée, vous m’avez un peu trop gonflé. / J’suis pas chanteur pour mes copains, et j’peux être teigneux comme un chien. / J’déclare pas, avec Aragon, qu’le poète a toujours raison. La femme est l’avenir des cons, et l’homme n’est l’avenir de rien. » [Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?, 1979]
~
« [...] C’est la haine, écrit Noël Godin – la très chocknozoff haine justicière qu’il "a dans ses s’ringues" – qui fait de Renaud Séchan l’unique mauvais sujet chantant bon le sabre chaud du demi-siècle à détenir le réel pouvoir de faire chatouiller les côtes à n’importe quel "solennel ponte qui nous gouverne" ou de faire "manger le plâtre des maisons" à n’importe quel "abattoir patriotique" par un simple claquement de voix. » Anthologie de la subversion carabinée, L’Âge d’homme, 1988, rééditions multiples.